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Le Musée des Confluences ouvre ses portes sur fond de polémiques (PHOTOS)

Le Musée des Confluences peut-il devenir le nouveau Guggenheim?
Musée des Confluences

Le musée des Confluences ouvre ses portes au public samedi 20 décembre. L'inauguration de ce mastodonte de verre et de métal prenant la forme d'un vaisseau spatial, d'un lézard ou d'un scarabée selon les goûts, marque l'épilogue d'un chantier qui aura tenu Lyon en haleine. Établi à l'embranchement du Rhône et de la Saône, le "nuage de cristal" s'est donné pour mission de "raconter l'homme".

L'architecture même du musée, dessiné par le cabinet autrichien Coop Himmelb(l)au et Wolf Prix, en fait déjà un objet de curiosité. Mais sa genèse mouvementée - retard sur le calendrier, budget initial multiplié par cinq - est un feuilleton qui jette un voile sur sa collection, pourtant riche de plus de 2 millions d'objets se situant entre la paléontologie, la minéralogie, la zoologie, l'ethnologie, l'égyptologie et la préhistoire.

Les visiteurs tenteront eux d'oublier la polémique à travers deux expositions inaugurales; "Les Trésors de Guimet" qui rend hommage au célèbre collectionneur lyonnais Émile Guimet du XIXe siècle et "Dans la chambre des merveilles", qui s'intéresse aux cabinets de curiosité de l'époque.

Polyvalence

Avec la fondation Vuitton au Bois de Boulogne, le musée des Confluences est le deuxième édifice culturel d'envergure qui voit le jour en France en cette fin d'année 2014. Peut-il pour autant devenir un nouveau Guggenheim et faire rayonner Lyon de la même manière que Bilbao sur la carte des destinations touristiques?

L'édifice fait partie de la mue entreprise par les docks lyonnais. Stratégiquement placé dans la ligne de mire des vacanciers qui empruntent l'autoroute A7, le musée ne compte pourtant pas encore de pièces reines à part le squelette du mammouth de Choulans et celui de plusieurs espèces disparues (loup de Tasmanie et dodo).

Dodo, XVIIe siècle, Île Maurice - musée des Confluences, Lyon © Pierre-Olivier Deschamps

L'originalité du musée, héritier de plusieurs institutions locales dont l'ancien Muséum de Lyon et le musée colonial, réside en partie dans sa collection qui mélange les genres et les disciplines - science et histoire naturelle. Hélène Lafont-Couturier, directrice du musée, la défend dans The Art Newspaper:

"Elle est faite de trouvailles infinies issues d'érudits ou d'amateurs passionnés. Mon souhait le plus cher serait que le public ait une relation viscérale avec le musée et qu'il en tombe amoureux."

Chantier

Le musée des Confluences part avec quelques handicaps, notamment une ardoise qui atteint plus de cinq fois le montant du budget initial. L'opération devait coûter à l'origine 400 millions de francs mais le montant des travaux excédait en 2014 les 328 millions d'euros, loin de ce qu'avait prévu le Conseil Général du Rhône en 1999.

Quand on le compare à d'autres établissements, le coût du musée des Confluences, qui a récemment fait réagir les membres de l'association Canol-Contribuables actifs du Lyonnais, dépasse par exemple celui du Quai-Branly à Paris (232 millions d'euros), du Mucem de Marseille (191 millions d'euros) et du Louvre-Lens (150 millions d'euros). Le Centre Pompidou-Metz, le musée le plus visité chaque année en France hors de Paris, n'aura coûté "que" 70 millions d'euros.

De nombreux chantiers ont aussi pris du retard et entraîné un dépassement budgétaire - certains citent la Philarmonie de Paris - mais pas dans les proportions spectaculaires du musée des Confluences. Plusieurs facteurs peuvent expliquer le chantier chaotique:

  • Le choix de l'emplacement: C'est une idée du maire de Lyon de l'époque, Raymond Barre. Au confluent du Rhône et de la Saône, le terrain ne présente pourtant pas les caractéristiques requises. "C’était le plus mauvais endroit possible, car il n’y avait pas de sol, et on savait très bien que ça n’irait pas. Il a fallu prendre des mesures adéquates. On a dû littéralement construire le terrain" confiait Michel Mercier, ex-président du conseil général à l'origine du projet, à Libération. Autre conséquence, la destruction du boulodrome et la création d'un socle en béton de 21 000 m3 pour soutenir la charpente.
  • Le projet architectural: Il est pour de nombreux observateurs beaucoup trop ambitieux. La première réalisation en France du cabinet d'architectes autrichiens Coop Himmelb(l)au (auteurs notamment de la Banque Centrale Européenne) accouche d'un bâtiment étrange dont le chantier a souffert de difficultés techniques. Mélangeant verre, acier et béton, le gigantesque édifice - un espace de 11.000 mètres carrés qui abrite les collections permanentes et temporaires - devrait engager des frais d'entretien et de chauffage particulièrement dispendieux.
  • Les travaux: Entre 2003, date où le premier permis de construire est délivré, et aujourd'hui, le chantier du musée des Confluences aura parfois pris des allures de vaudeville. Menés par une filiale du groupe Fayat, les travaux sont interrompus pendant plusieurs mois en 2007. Le constructeur jette l'éponge et il faut attendre deux appels d'offres pour que le groupe Vinci récupère la main. Vinci conteste encore les pénalités imposées (41,3 millions d'euros) et met en avant des difficultés au démarrage du fait d'études du terrain insuffisamment précises. Débuté en octobre 2006, le chantier se termine en décembre 2014.

Quels que soient les déboires passés, le musée des Confluences compte sur l'engouement du public et table sur 500.000 visiteurs lors de sa première année d'exploitation.

Masque nô de Deigan

La collection du musée des Confluences

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