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Une ancienne employée du NPD porte plainte pour harcèlement sexuel

Une ancienne employée du NPD porte plainte pour harcèlement sexuel
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Genevieve Ratelle n’avait que 19 ans au printemps dernier quand elle a été agressée sexuellement par un candidat néodémocrate provincial en Ontario pour qui elle travaillait. Elle a rapporté cette situation à la police mercredi.

Ratelle souhaite partager son histoire afin d’encourager d’autres femmes dans sa situation à dénoncer les actes dont elles ont été victimes. Elle a également porté plainte au NPD-Ontario et s’inquiète de voir son présumé agresseur se porter candidat aux élections fédérales en 2015.

Stagiaire à Ottawa et membre de l’exécutif de sa circonscription au fédéral, elle a décidé de s’impliquer dans la campagne électorale provinciale en Ontario. Le candidat lui a demandé d’être son attachée politique, un travail bénévole qui la placerait à ses côtés pendant plusieurs semaines. C’était la première fois qu’ils se rencontraient.

La première fois qu’il s’est conduit de façon inappropriée avec elle, c’était en mai, après avoir regardé un match de hockey avec des collègues dans un pub près de la colline du Parlement.

« Nous avions bu des verres, tout le monde était pas mal saoul, et ma voiture était stationnée chez lui », explique Genevieve Ratelle.

Un collègue à elle lui a offert de payer le taxi – un trajet d’environ 25 minutes d’Ottawa. Mais elle a décidé de rester en ville et de dormir chez ce dernier, puisque ce serait moins compliqué.

Le lendemain matin, son patron est venu la chercher en voiture. Il lui a alors demandé si elle avait couché avec son collègue – un homme dans la cinquantaine.

« Je ne savais pas quoi répondre. Je me suis demandée : "Comment a-t-il pu penser ça?" …Puis, il m’a demandé de garder mon énergie pour lui – c’était horrible. »

Ratelle dit que le candidat lui a ensuite caressé l’entrejambe et a tenté de l’embrasser. Elle ne veut pas le nommer pour éviter les poursuites et pour ne pas que son épouse apprenne tout cela par les médias.

HuffPost Canada a contacté le candidat en question, qui n’a pas répondu aux allégations. Il a référé notre correspondante Althia Raj à son avocat, qui n’a pas retourné ses appels.

Genevieve Ratelle a gardé des messages textes du candidat, où il lui dit qu’elle aura une belle récompense si elle accomplit une tâche. Il lui a également demandé ses préférences sexuelles et l’a attaquée.

Le même matin en mai, après qu’il soit venu la chercher chez son ami, il l’a conduit chez lui.

« Aussitôt arrivés, il m’a dit qu’il avait besoin d’aide avec des trucs et j’ai dit "OK". Puis, nous sommes rentrés et il a précisé que son épouse n’était pas à la maison… pour ensuite me plaquer sur le mur, me toucher et me retenir de force. »

« Même si je le poussais, il me retenait contre le mur et il mettait ses mains dans mes pantalons. »

Elle lui a rétorqué qu’ils n’avaient qu’une relation professionnelle. « J’ai dû lui dire que je devais aller travailler, parce qu’il ne me lâchait pas. Même si je lui demandais d’arrêter, il ne m’écoutait pas. »

Éventuellement, il s’est calmé et l’a laissée partir. Elle est rentrée dans sa voiture, a conduit jusque chez elle, a pris une douche et est allée travailler.

Le lendemain, Genevieve Ratelle devait accompagner le candidat pour du porte-à-porte. De retour au bureau, il lui a demandé si elle aimait le sexe anal. « Je lui ai répété que notre relation n’était que pour le travail et que ce qu’il me demandait dépassait le cadre professionnel. »

Elle a ensuite coupé les ponts avec lui pour éviter de se retrouver en sa présence, mais a tout de même continué de travailler pour sa campagne.

Après qu’elle ait arrêté de travailler avec lui, le candidat lui a reproché de le « laisser tomber ».

« Il ne comprenait pas pourquoi je n’étais plus là. »

Peu de temps après, elle croyait le dossier clos. Puis, un soir, après avoir bu quelques verres avec une amie, elle lui a demandé s’il pouvait la reconduire chez elle. Il était 1 :30 du matin.

Sa famille était partie au chalet et elle ne connaissait personne qui pouvait la conduire chez elle en toute sécurité.

« C’était vraiment stupide, je sais, mais je me disais que ça faisait deux semaines depuis le dernier incident, que tout était beau et qu’il avait compris que je ne voulais rien entreprendre avec lui. »

Dans la voiture, il se vantait de ses prouesses sexuelles et de ses infidélités. Elle se souvient qu’il disait que dans la vie, il faut marier une personne qui rehaussera son image, mais qu’après, tout le monde est libre de coucher avec quiconque.

Mais au lieu de la reconduire chez elle, il l’a amenée chez lui. Il disait qu’ils devaient se présenter au même événement le lendemain et que ce serait plus simple d’y aller ensemble.

Arrivés à sa demeure, il lui a dit qu’il avait besoin d’aide avec son ordinateur au sous-sol. Mais elle a constaté que l’ordinateur en question était déjà allumé. Une vidéo porno jouait.

« Il m’a dit : "Voici ce que j’aime". »

Elle lui a répliqué qu’elle en avait eu assez et qu’elle devait aller se coucher. Son épouse et ses enfants étaient à la maison.

« Cette nuit-là, il est venu me voir trois fois. Il s’est couché à côté de moi. Chaque fois, je lui demandais ce qu’il faisait et il me répondait qu’il aimait me regarder. »

Elle ne l’a revu que quelques fois après cet épisode nocturne à son bureau de campagne. L’un de ses amis lui disait qu’elle est folle de continuer à travailler pour lui.

« Je lui ai dit que c’était ma première campagne politique et que j’avais vraiment besoin de cette expérience », explique-t-elle.

Genevieve Ratelle aurait par la suite écrit une longue lettre en août au NPD Ontario, deux mois après que le candidat ait perdu ses élections. La jeune femme de maintenant 20 ans demande à ce que le parti empêche le candidat de se présenter aux élections fédérales.

Mercredi, elle devait commencer une séance de médiation avec l’ex-candidat, mais il a cancellé à la dernière minute, référant le parti à son avocat pour toute requête. C’est par la suite qu’elle est allée voir la police.

L’étudiante universitaire croit que plus de femmes devraient dénoncer les agressions sexuelles sont elles sont victimes. Des gens de son entourage l’ont critiquée d’être allée chez lui ou lui ont déconseillé d’aller raconter son histoire au grand public, mais elle croit qu’il s’agit de la meilleure solution pour elle. « Je suis prête. »

Cet article initialement publié sur le Huffington Post Canada a été traduit de l’anglais.

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