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La CIA reconnaît avoir utilisé des méthodes d'interrogatoire «répugnantes»

La CIA reconnaît avoir utilisé des méthodes «répugnantes»
Director of Central Intelligence Agency John Brennan speaks to reporters during a press conference at CIA headquarters in Langley, Virginia, December 11, 2014. The head of the Central Intelligence Agency acknowledged Thursday some agency interrogators used 'abhorrent' unauthorized techniques in questioning terrorism suspects after the 9/11 attacks. CIA director John Brennan said there was no way to determine whether the methods used produced useful intelligence, but he strongly denied the CIA misled the public. AFP PHOTO/JIM WATSON (Photo credit should read JIM WATSON/AFP/Getty Images)
JIM WATSON via Getty Images
Director of Central Intelligence Agency John Brennan speaks to reporters during a press conference at CIA headquarters in Langley, Virginia, December 11, 2014. The head of the Central Intelligence Agency acknowledged Thursday some agency interrogators used 'abhorrent' unauthorized techniques in questioning terrorism suspects after the 9/11 attacks. CIA director John Brennan said there was no way to determine whether the methods used produced useful intelligence, but he strongly denied the CIA misled the public. AFP PHOTO/JIM WATSON (Photo credit should read JIM WATSON/AFP/Getty Images)

Le patron de la CIA John Brennan a reconnu jeudi que certains de ses agents avaient utilisé des méthodes d'interrogatoire «répugnantes» après le 11-Septembre tout en jugeant qu'il n'était pas possible de dire si elles avaient été utiles dans l'obtention d'informations cruciales.

"Il est impossible de savoir (...) si certaines informations obtenues (grâce à ces méthodes), pourraient avoir été obtenues par d'autres moyens", a déclaré le patron de la puissante agence du renseignement américaine qu'il a défendue avec force lors d'une conférence de presse exceptionnelle au siège de la CIA à Langley, dans la banlieue de Washington.

Refusant d'utiliser le mot de torture - "je laisse à d'autres le soin de qualifier ces activités" -, M. Brennan a souligné que, dans un nombre de cas limités, des agents avaient utilisé des techniques d'interrogatoire "qui n'avaient pas été autorisées et étaient répugnantes".

Le rapport publié mardi par le Sénat américain, qui a provoqué une onde de choc à travers le monde, décrit avec force détails comment des détenus ont été attachés pendant des jours dans le noir, projetés contre les murs, plongés dans des bains glacés, ou encore privés de sommeil pendant une semaine. Khaled Cheikh Mohammed, cerveau présumé du 11-Septembre, ingérait tellement d'eau pendant ses séances de waterboarding (simulation de noyade) qu'il a fini «quasiment noyé», souligne le document.

Le waterboarding, fréquemment dénoncé par les défenseurs des droits de l'homme, n'en avait pas moins été approuvé au plus haut niveau comme méthode d'interrogatoire à l'époque du président George W. Bush.

Visage fermé, M. Brennan a aussi reconnu que la CIA avait "navigué en terrain inconnu" après les attentats du 11 septembre 2001.

"Nous n'étions pas préparés", a-t-il admis lors de cette conférence de presse retransmise en direct à la télévision, un événement inédit. "Nous avions peu d'expérience dans la détention de prisonniers et peu d'agents avaient été formés aux interrogatoires", a reconnu cet ancien espion, en première ligne depuis des années dans la lutte contre Al-Qaïda.

Il a par ailleurs admis que l'utilisation de méthodes coercitives avait "de fortes chances" d'aboutir à des informations erronées. "Si quelqu'un est soumis à ces techniques, il peut dire quelque chose simplement pour cela cesse", a-t-il déclaré.

Le patron de l'agence de renseignement a assuré que de nombreuses réformes avaient été menées pour éviter que ce type de dérives ne se reproduise. Il a cependant contesté l'idée, avancée par la minutieuse enquête sénatoriale, selon laquelle l'agence aurait trompé l'opinion publique et les responsables politiques.

#NeverAgain

Fait rare, la patron de la CIA a répondu à de nombreuses questions de journalistes, pesant ses mots avec soin pour ne pas se placer en porte-à-faux vis-à-vis de Barack Obama.

Le président américain, qui a mis fin à ce programme dès son arrivée à la Maison Blanche en 2009, a jugé que les méthodes utilisées contre les détenus, "que toute personne honnête devrait considérer comme de la torture", étaient contraires aux valeurs des Etats-Unis.

Dianne Feinstein, présidente démocrate de la Commission du renseignement du Sénat, qui a rendu public ce rapport explosif, a choisi Twitter pour répondre du tac au tac, pendant la conférence de presse, au patron de la CIA.

"Les informations cruciales qui ont mené à Ben Laden n'était pas liées aux EIT (Techniques d'interrogatoire poussées)", a-t-elle notamment souligné dans un tweet accompagné des hashtags #NeverAgain (Plus jamais ça) et #ReadTheReport (Lisez le rapport).

«La CIA rend notre pays plus sûr, plus fort. Pas la torture. Nous devons apprendre de nos erreurs», indiquait un autre tweet.

Plusieurs ténors républicains estiment que sans ces interrogatoires, la CIA n'aurait pas compris le rôle central du messager d'Oussama ben Laden, qui a conduit la CIA au chef du réseau extrémiste. Pour les auteurs du rapport, l'assertion est exagérée: de nombreuses autres sources pointaient vers cet homme.

Depuis la publication du rapport, la Maison Blanche refuse obstinément de se prononcer sur le question de l'efficacité de la torture en vue d'obtenir des informations sensibles.

«La question la plus importante est "aurions-nous dû le faire?" et la réponse à cette question est non», a répondu Josh Earnest, porte-parole de l'exécutif américain, interrogé à de nombreuses reprises sur le sujet, tout en réaffirmant que M. Obama conservait toute sa confiance à M. Brennan, arrivé en mars 2013 à la tête de la CIA.

Ce dernier était l'une des personnes présentes autour du président dans le sous-sol de la Maison Blanche le jour où Oussama ben Laden a été tué, le 2 mai 2011, par un commando américain, un instant immortalisé par une célèbre photo officielle.

L'ancien vice-président Dick Cheney, en poste sous George W. Bush entre 2001 et 2009, a lui jugé mercredi soir que le rapport du Sénat, qui va être prochainement publié par une maison d'édition de New York, était "plein de conneries".

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