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«The Book of Mormon»: la comédie musicale irrévérencieuse (CRITIQUE/PHOTOS)

«The Book of Mormon»: la comédie musicale irrévérencieuse (CRITIQUE/PHOTOS)
Joan Marcus

Bardée de prix depuis ses débuts à Broadway en 2011 (1 Grammy Award et 9 Tony Awards, dont celui de la meilleure comédie musicale), The Book of Mormon ne se distingue pas tant par la qualité de sa musique ou de ses interprètes, mais bien par son côté corrosif, ses blagues en dessous de la ceinture et ses multiples clins d’œil à la culture populaire. On est loin, très loin du caractère bon enfant du Roi Lion, de Mamma Mia, Shrek, Hairspray et Sister Act!

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«The Book of Mormon»

Imaginée par les créateurs du dessin animé South Park (Matt Stone, Trey Parker) et Robert Lopez, la comédie musicale débute avec une cérémonie jumelant de jeunes mormons, qui partiront à travers le monde pour répandre la « bonne nouvelle ».

Elder Price, un premier de classe preppy admiré par ses confrères, sera jumelé à Elder Cunningham, un petit gros reconnu pour ses habiletés à mentir. Pendant que leurs amis s’envolent vers le Japon, la France ou la Norvège, en balançant une joyeuse quantité de préjugés à propos de chaque pays, les deux Elder quitteront l’Utah vers… l’Ouganda.

Leur enthousiasme et leurs ambitions évangéliques se frapperont rapidement au mur de la réalité. Les citoyens du petit village où ils ont abouti sont aux prises avec le sida, la famine et un général autoproclamé qui sème la terreur en excisant les femmes.

Les nombreuses scènes répondant au concept « fish out of water » permettent aux personnages principaux d’illustrer l’incroyable méconnaissance du monde face aux problèmes de l’Afrique, avec une ironie qui accroche un sourire aux visages de tous les spectateurs.

Laurel et Hardy, version missionnaire, seront accueillis par une confrérie de jeunes mormons, qui leur révéleront le secret pour survivre à la réalité : la négation. De la peur. Du découragement. De toutes formes d’émotions encombrantes. Et surtout… des vilaines pensées homosexuelles.

En mettant en scène un groupe d’interprètes filiformes, résolument maniérés, qui ne renient pas le plaisir de la paillette et qui sont visiblement tentés par autre chose que la gent féminine, les créateurs donnent quelques claques aux vieux préjugés de la plupart des religions.

La cible préférée du spectacle demeure toutefois la religion mormone elle-même. Alors qu’Elder preppy est confronté à une série d’échecs, de remises en question et de révélations sur l’incohérence totale de ses croyances, Elder rondouillet séduit les locaux avec l’une des plus grandes forces des religions : le mensonge.

Les spectateurs qui entretiennent une colère sourde face aux affres de l’Église exulteront en voyant les mormons ridiculisés, critiqués et peinturés de sarcasmes. Les autres seront principalement ébahis d’entendre des blagues de viol de bébé, de diarrhée, de sexe batracien, des clins d’œil au Roi Lion, Star Wars et Lord of the rings, ou de voir une danse avec des beignes et des humains transformés en contenant à café Starbucks!

Les chorégraphies ne révolutionnent rien. Le public ne connait pas la moindre chanson. L’histoire souffre de certaines répétitions et de quelques longueurs. Les membres de la distribution font tous preuve d’une grande maîtrise du jeu, du chant et de la danse (Gavin Creel et Alexandra Ncube en tête), mais aucun d’entre eux ne se démarque avec un talent ou une interprétation mémorable.

N’empêche. Sous ses airs de comédie musicale hilarante, sans cesse surprenante et merveilleusement caustique, The Book of Mormon se permet une critique sociale absolument réjouissante.

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