Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Mine Arnaud: la pomme de discorde des Septiliens (PHOTOS/VIDÉO)

Mine Arnaud, la pomme de discorde des Septiliens

SEPT-ÎLES, Qc - Près d'un an après le rapport défavorable du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), le projet de Mine Arnaud divise plus que jamais les Septiliens qui se voient plongés malgré eux dans une campagne qui a toutes les allures d’un référendum.

Mine Arnaud en bref

  • Mine d’apatite à ciel ouvert de 3,7 kilomètres de long
  • Situé à environ 15 km de route du centre-ville de Sept-Îles
  • Financé par Investissement Québec et Yara International ASA
  • Durée d’exploitation prévue de 30 ans

Le maire actuel de Sept-Îles, Réjean Porlier, avait déposé une pétition de 5000 signatures en avril 2013, alors qu’il n’était que simple citoyen, pour réclamer la tenue d’un référendum. Son engagement électoral a par la suite été rejeté par ses conseillers, tous en faveur de la mine d’apatite même après que le BAPE l’ait jugé « inacceptable dans sa forme actuelle » dans son rapport publié en décembre 2013.

Dans le même rapport, toutefois, le BAPE décrète que bien qu’un éventuel référendum sur Mine Arnaud ne soit que « consultatif », il contribuerait à la « cristallisation des positions ».

Sauf qu’actuellement, les camps du Oui et du Non s’affrontent sur la place publique sans qu’une consultation populaire ne soit au programme. Un véritable dialogue de sourds qui ne sera rompu que si le gouvernement annoncera l’émission d’un décret pour le projet de Mine Arnaud.

Le Huffington Post Québec est allé à la rencontre tant des opposants que des défenseurs du projet pour comprendre d’où vient cette scission.

POUR: Une « bouffée d’air » pour les travailleurs

Dominic Lemieux, coordonnateur du syndicat des Métallos dans l’Est-du-Québec, croit que Mine Arnaud permettra de diversifier et de relancer l’économie de la région. Le projet prévoit l’embauche de 300 personnes.

« Si le prix du fer diminue encore, quand les compagnies se mettront à rationaliser, ça va être terrible. Ce n’est pas avec l’économie du tourisme qu’on va compenser », compare-t-il.

Dans une lettre ouverte qu’il a co-signé et qui a été publiée dans le Soleil, Dominic Lemieux interpelle le gouvernement à ne pas laisser Sept-Îles mourir s’il est sérieux dans sa démarche de relancer le Plan Nord.

En effet, les mises à pied chez Cliffs Natural Resources, tant à l’usine de bouletage de Sept-Îles qu’à la mine du Lac Bloom, à Fermont, font mal aux travailleurs de la région. Pour les Métallos, Mine Arnaud est la solution rêvée, puisque la mine d’apatite amènera de la richesse et des investissements locaux. Pas question qu’un référendum vienne bousiller le plan.

« On va avoir une belle société quand il y aura plus de jobs, il y aura moins de pauvreté, tout le monde va payer ses taxes, tout le monde va être content. »

CONTRE : Un projet trop risqué pour l’environnement

Francine Vigneault aurait toujours voulu faire de la politique municipale. Mais depuis quelques années, la Septilienne de naissance prend les choses en main pour faire interdire un projet de mine dans les limites territoriales de la ville.

L’instigatrice d’une page Facebook contre Mine Arnaud s’inquiète des risques environnementaux qu’amènerait une mine à ciel ouvert à proximité de la ville et de la baie de Sept-Îles. Selon elle, il est « impensable » qu’il n’y ait pas d’accident, ce qui compromettrait la route 138 et couperait les Septiliens du reste du Québec.

Sans oublier que de possibles glissements de terrain près des lignes d’Hydro-Québec pourraient entraîner une panne générale d’alimentation pour le Québec, rapportait Le Devoir en mars dernier, un problème qui dépasse de loin la ville nord-côtière.

Francine Vigneault s’en remet au rapport : « Le BAPE a dit que c’était pas acceptable. Ça ne veut pas dire que t’as des points à corriger, ça veut dire que tu changes tout ! Ça ne veut pas dire que tu changes tes bijoux, faut que tu changes toute ta robe ! »

À son avis, un référendum permettrait de connaître la véritable opinion des citoyens, qui doivent parfois se taire pour ne pas nuire à leur employeur ou leur clientèle. « Avec les problèmes et les chicanes qu’il y a en ville, tu ne peux pas toujours dire oui ou non. Dans un isoloir, t’as pas personne », compare-t-elle.

« Ceux qui sont contre nous sont insultés. On est des cancres, des pas universitaires, des pas ci, des pas ça… Un ancien conseiller municipal disait : « Il y a des pour et des pas pour ! » Nous, on est les « pas pour » ! C’est aussi branleux que ça. »

POUR : Aider les commerçants de Sept-Îles

« Go Mine Arnaud » s’affiche aussi bien sur la devanture des commerces que sur le terrain des particuliers. Financée par la Chambre de commerce de Sept-Îles (CCSI) et appuyée par Développement économique Sept-Îles (DÉSI), elle se veut une démonstration de l’appui des citoyens au projet.

Les entrepreneurs entrevoient l’avenir avec pessimisme. « Actuellement, on n’a rien sur la table à part Mine Arnaud à court terme », dit Russel Tremblay, porte-parole de DÉSI.

Lui aussi croit que les emplois perdus par Cliffs seront remplacés par les besoins de Mine Arnaud Inc., en plus de revitaliser l’économie de la ville.

Il maintient que DÉSI ne contribue pas financièrement à la campagne « Go Mine Arnaud ». « Mais si on le faisait, ce serait dans notre mandat, lance Russel Tremblay. Un organisme de développement économique qui fait du développement économique, grands dieux, quel crime ! »

CONTRE : Un « trou » dans les limites de la ville

Dans un endroit à l’abri des regards, le technicien en architecture Mario Dufour sort sa mallette. Photos, croquis et graphiques à l’appui, le fruit de son travail des quatre dernières années veut démontrer les impacts de Mine Arnaud sur le paysage de Sept-Îles.

Une butte-écran de 40 mètres sera érigée pour cacher la fosse de la mine à ciel ouvert, à quelques kilomètres du centre-ville en vol d'oiseau, ce qui viendra altérer la vue actuelle de la baie de Sept-Îles.

Pour Mario Dufour, cet ajout paysager est tout simplement inacceptable. « On va hériter de la plus grande laideur panoramique du Québec », déplore-t-il.

« C’est comme si on faisait un trou au beau milieu du Mont-Royal, à Montréal. Vous chialeriez. C’est la même chose ici. »

Référendum ou pas, il compte quitter Sept-Îles si Mine Arnaud est autorisé par le gouvernement Couillard. « Je n’accepterai jamais le projet. C’est un vol d’identité, ils [Investissement Québec et Yara International] nous la prennent. Si ça passe, je vais faire mes bagages et partir. »

Campagne Go Mine Arnaud à Sept-Îles

INOLTRE SU HUFFPOST

Sept-Îles

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.