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«Basic Instinct», un film « fondamental » dans l'histoire de Magnotta

«Basic Instinct», un film « fondamental » dans l'histoire de Luka Rocco Magnotta
Montage photos PC

Le film Basic Instinct est « fondamental » dans l'histoire de Luka Rocco Magnotta et les différentes références qu'il y a faites avant et après le meurtre de Lin Jun sont « troublantes », estime le psychiatre Gilles Chamberland, qui témoigne pour le compte de la Couronne.

Un texte de François Messier

L'expert en psychiatrie légale soutient que le titre de la vidéo montrant la profanation du cadavre de l'étudiant chinois, One Lunatic, One Icepick, est une référence « claire » à ce thriller, dans lequel une écrivaine, Catherine Trammel, est soupçonnée d'assassiner des amants avec un pic à glace.

Qui plus est, le courriel envoyé par Magnotta au Sun de Londres en décembre 2011 pour annoncer qu'une prochaine vidéo qu'il allait mettre en ligne ne montrerait pas des chats tués, mais bien des humains, contenait une citation inspirée du film.

« Vous voyez, tuer, c'est différent de fumer... Vous pouvez arrêter de fumer. Une fois que vous avez tué, et goûté au sang, c'est impossible d'arrêter », pouvait-on lire dans ce courriel, envoyé par l'accusé sous un pseudonyme.

Le psychiatre a aussi noté que le tournevis que Magnotta utilise dans la vidéo qu'il a enregistrée a été peint de couleur argentée, soit la même couleur que le pic à glace utilisé dans Basic Instinct.

Il a aussi observé, comme l'avait déjà fait la Couronne précédemment, que le défunt mari de l'écrivaine dans le film s'appelle Manny, mais qu'on ne le voit jamais.

Toutes ces références, a-t-il dit, sont « troublantes ».

Magnotta, à l'aise devant la caméra

Le Dr Chamberland a aussi été interrogé mardi avant-midi sur une vidéo montrant Luka Rocco Magnotta auditionnant pour une émission de téléréalité mettant en vedette des gens subissant des chirurgies plastiques, en 2008. Sa candidature n'a finalement pas été retenue.

Le psychiatre a noté que l'Ontarien affirmait se sentir à l'aise devant les caméras de télévision, lui qui se présentait comme acteur de « films pour adultes ». Aucun indice de maladie n'était alors apparent, tel que l'a mentionné un psychiatre appelé à témoigner par la défense, Joel Watts.

Selon le Dr Chamberland, cette volonté d'apparaître à la télévision est difficilement conciliable avec un diagnostic de schizophrénie. Des individus qui souffrent de cette maladie, a-t-il dit, ne cherchent pas à être associés à des évènements aussi stressants.

Cette attitude est cependant cohérente avec la personnalité de Luka Rocco Magnotta, qui cherchait à se mettre en valeur et à obtenir une plus grande visibilité afin que l'on parle davantage de lui.

Le psychiatre admet que cette vidéo a été faite bien avant le meurtre de Lin Jun, mais estime qu'elle demeure valable dans la mesure où la personnalité d'un individu demeure stable au fil du temps.

Le Dr Chamberland argue depuis le début de son témoignage, il y a une semaine, que les troubles de personnalité dont souffre Luka Rocco Magnotta à son avis expliquent beaucoup mieux ses gestes que le diagnostic de schizophrénie préconisé par la défense.

Magnotta s'assumait

Le Dr Chamberland a par ailleurs commenté une inscription retrouvée sur un mur de l'appartement de Luka Rocco Magnotta après le meurtre. Elle se lisait comme suit : « Si vous n'aimez pas le reflet, ne regardez pas le miroir. Ça ne me dérange pas ».

Selon lui, une telle citation ne peut qu'être l'oeuvre de « quelqu'un qui s'assume et qui assume ce qu'il fait ».

Le Dr Chamberland est aussi revenu sur la note qu'un avocat de Toronto a envoyée à la police de Montréal le 1er juillet 2012, dans laquelle on pouvait lire des instructions qui ont permis de retrouver la dernière partie de corps manquante de Lin Jun.

Le psychiatre est d'avis que cette note contredit la version que Magnotta a donnée aux psychiatres de la défense, selon laquelle il ne se souvenait pas très bien de ce qu'il avait fait le soir du meurtre et après.

Le fait que la note soit si précise, a-t-il commenté, est difficilement conciliable avec l'hypothèse selon laquelle Magnotta était psychotique lorsqu'il a tué Lin Jun.

L'interrogatoire du Dr Chamberland est terminé. Il est maintenant contre-interrogé par l'avocat de la défense, Luc Leclair.

Rappelons que le psychiatre Chamberland n'a jamais pu évaluer l'accusé lui-même, ce dernier ayant refusé de le rencontrer. Son témoignage s'appuie donc sur les éléments de preuve et les observations des deux psychiatres qui ont défendu la thèse de la non-responsabilité pour la défense, Marie-Frédérique Allard et Joel Watts.

Il a d'ailleurs expliqué dès le début de son témoignage qu'en raison de cette situation, il ne peut donner une opinion « ferme et définitive » sur l'état mental de l'accusé.

Luka Rocco Magnotta est accusé du meurtre au premier degré de Lin Jun, d'outrage à son cadavre, de production de matériel obscène, d'utilisation de la poste pour le diffuser et de harcèlement à l'endroit du premier ministre Stephen Harper et d'autres membres du Parlement.

Il a reconnu les faits dès le début du procès, mais il a plaidé non coupable. Son avocat soutient qu'il souffre de schizophrénie paranoïde et qu'il doit par conséquent être déclaré non criminellement responsable de ses gestes.

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GRAPHIC CONTENT: Evidence from Luka Magnotta's apartment

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