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Des psychiatres civils recrutés par la Défense refusent des postes trop éloignés

Des psychiatres civils recrutés par la Défense refusent des postes trop éloignés
CP

OTTAWA - Le bassin de recrues de la Défense nationale pour combler des postes vacants de spécialistes en santé mentale s'est rapidement amenuisé, le printemps dernier, quand les candidats civils ont appris qu'ils devraient déménager vers des postes militaires éloignés.

Des observateurs critiques estiment que cette situation illustre la nécessité de recruter des psychiatres, psychologues et conseillers en uniforme.

Une série de notes d'information et d'autres documents, obtenue par le Parti libéral du Canada en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, montre comment les responsables de la Défense ont eu du mal à combler 54 postes vacants en santé mentale durant une période lors de laquelle jusqu'à 10 soldats et anciens combattants se sont suicidés en trois mois.

Une note d'information destinée au ministre de la Défense, Rob Nicholson, montre que quelques semaines après avoir reçu l'ordre de lever les barrières bureaucratiques, le ministère avait recruté 40 professionnels de la santé mentale.

De ce nombre, 22 ont été acceptés sur-le-champ, neuf ont été mis en suspens pour des raisons liées à l'attestation de sécurité et neuf autres ont été rejetés.

«Avec le nombre d'offres conditionnelles faites jusqu'à maintenant, le ministère a presque épuisé son bassin actuel de candidats potentiels», peut-on lire dans une note datée du 20 mars, rédigée par le chef adjoint du personnel militaire.

«À ce point-ci, nous nous attendons à la présentation d'un nombre minimal d'offres parce que les individus qualifiés qui sont encore dans le bassin ne sont pas intéressés à travailler dans les lieux de travail désignés et ne sont pas disposés à déménager.»

La semaine dernière, le vérificateur général a critiqué le ministère des Anciens combattants pour ses délais dans l'approbation de traitements en santé mentale pour d'anciens soldats, dans un rapport politiquement dommageable qui a mis le gouvernement Harper sur la défensive.

La Défense nationale est responsable des programmes de santé mentale pour les soldats actifs, tandis que le ministère des Anciens combattants prend la relève lorsque les soldats prennent leur retraite.

Le ministère de la Défense a tenté de combler les postes vacants en lançant cinq campagnes publicitaires, mais les autorités affirment qu'il n'y a eu «aucun candidat dans le bassin ou aucun intérêt pour les lieux désignés, comme Cold Lake, en Alberta, et Shilo, au Manitoba».

Une porte-parole de la Défense, Maureen Lamothe, a indiqué vendredi qu'il y avait toujours 32 postes vacants sur un total de 450 postes dans le service de santé mentale du ministère. Le nombre d'employés devant faire partie de ce service a été établi en 2002.

Les postes au sein du service de santé mentale du ministère, qui fournit un soutien continu aux soldats souffrant de stress post-traumatique, de dépression et de dépendances, n'ont jamais été entièrement comblés.

La porte-parole libérale en matière de défense, Joyce Murray, estime que le problème réside dans le fait que le ministère de la Défense met l'accent sur le recrutement de civils plutôt que de recruter des spécialistes militaires, dont le travail est justement de servir dans des zones éloignées.

De hauts responsables de la santé au sein de l'armée avaient demandé en 2013 au ministre de la Défense de l'époque, Peter MacKay, de recruter des psychologues militaires, une demande qui a été ignorée.

Ces médecins estimaient que les spécialistes militaires pourraient être utiles quand les forces sont déployées à l'étranger, mais donneraient aussi à l'armée «la souplesse nécessaire pour faire face à la pénurie de psychologues dans les régions moins bien desservies», indique une note rédigée le 5 avril 2013.

«Je n'attribuerais pas cet échec à la Défense nationale, affirme Mme Murray. Il revient directement au gouvernement conservateur. Ce que nous voyons, c'est que les postes en santé mentale ne sont toujours pas comblés. Ils empêchent le ministère de faire la bonne chose.»

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