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Journée de «grand dérangement» des employés municipaux du Québec (PHOTOS/TWITTER)

Jour de «grand dérangement» au Québec (PHOTOS/TWITTER)
Radio-Canada

Quelque 5000 employés de 25 municipalités québécoises exercent leur droit de grève de 24 heures pour faire entendre leur opposition au projet de loi 3 du gouvernement provincial sur la réforme des régimes de retraite. Des perturbations sont en cours tant dans la grande région de Montréal, de Québec, Sherbrooke, Gatineau, dans l'Est du Québec, en Mauricie et en Abitibi pour tenter d'infléchir le gouvernement.

À Montréal, ce sont 1950 employés municipaux, sur les 28 000 que compte la Ville, qui sont en grève pour l'occasion. Des pompiers montréalais ont donné le coup d'envoi de la journée de grève et de manifestations, baptisée « grand dérangement » par le milieu syndical municipal, en bloquant les accès du port de Montréal dès 6 h 00. Le blocus a toutefois été de courte durée puisque l'escouade antiémeute est intervenue pour libérer l'entrée du port.

Des dizaines de manifestants sont également massés devant l'hôtel de ville de Montréal pour perturber la journée de travail de l'administration du maire Denis Coderre. Ce dernier doit présenter son budget aujourd'hui. D'autres syndiqués ont bruyamment manifesté à la station de métro Montmorency à Laval avant de se diriger vers une autre destination du réseau de la Société de transport de Montréal (STM).

Le moyen de pression des syndiqués qui risque d'être le plus populaire de cette journée de perturbation est l'accès gratuit au transport en commun. Des employés de la STM laissent le libre accès à certaines stations de métro et certains autobus de Montréal.

Le porte-parole de la Coalition syndicale pour la libre négociation, Marc Ranger, précise que le grand dérangement ne vise pas la population. « Oui, c'est un grand dérangement. On n'est pas là pour aller prendre le thé avec les gens. Mais on va le faire de façon civilisée et correcte. Mais on a des droits et on va les exercer », a-t-il rappelé.

« Les cibles de cette opération, ce sont les administrations municipales et le gouvernement qui se donne des mandats actuellement qu'on ne lui a jamais donnés en campagne électorale. Oui, les actions de demain vont déranger. Mais en même temps, on va le faire dans un cadre légal », a-t-il promis.

Les employés en grève peuvent manifester comme ils le veulent, alors que les employés municipaux qui ont des conventions signées devront manifester sur leur heure de repas ou en dehors des heures de travail.

Le recours à la grève en est un de dernier recours, souligne M. Ranger, en précisant que le gouvernement entend adopter le projet de loi 3 la semaine prochaine. Il croit qu'il n'est pas trop tard pour tenter d'infléchir le gouvernement qui n'a pas la légitimité pour imposer une telle loi.

« Ce qui choque les gens, c'est que les élus provinciaux ne sont pas prêts à s'administrer la même médecine qu'ils nous appliquent alors qu'on est en train de régler les problèmes de nos régimes de retraite », déplore M. Ranger. Il souligne que les élus québécois n'appliqueront pas à leur propre régime de retraite ce qu'ils imposent aux employés municipaux. « Le partage des déficits passés, il ne sera pas question pour eux de le partager alors que leur déficit est 20 fois plus important », dénonce M. Ranger.

Le porte-parole de la coalition dénonce également la commission de révision des programmes de l'ancienne ministre Lucienne Robillard. « Dans le fond, c'est une très mauvaise pièce de théâtre, commente-t-il. Ce sont d'anciens libéraux qui font des recommandations à un gouvernement libéral. » Il déplore que les compressions de 1,3 milliard de dollars proposées se feront « sur le dos des employés municipaux » puisque le gouvernement québécois entend accorder le droit de lock-out aux municipalités.

Au sud de Montréal, des membres en congé de la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec iront manifester, vers 11 h, devant les bureaux de la mairesse de Sainte-Julie, Suzanne Roy, qui est aussi présidente de l'Union des municipalités du Québec.

Par voie de communiqué, le maire de Montréal, Denis Coderre, a expliqué hier que tous les services de la Ville demeureraient ouverts aujourd'hui. Il rappelle que seuls les membres du Syndicat des professionnelles et professionnels municipaux de Montréal ont obtenu le droit de débrayer, tout en maintenant les services essentiels (bibliothèques, finances, immobilier, approvisionnement, urbanisme, etc.).

Ailleurs dans la province

À Québec, les cols blancs et les cols bleus de la ville de Québec viennent de renouveler leur convention collective et ne peuvent donc pas manifester, mais plusieurs lieux sont touchés, dont le nouvel amphithéâtre et l'hôtel de ville.

Hélène Saint-Pierre, présidente du syndicat des cols blancs, soutient ne pas faire la grève par plaisir.« C'est sûr que ce n'est pas agréable pour personne. Ce n'est ni agréable pour les travailleurs que je représente ni agréable pour les citoyens », a-t-elle déclaré hier en entrevue. Elle estime que c'est l'attitude de l'employeur qui a mené à cette situation.

À Gatineau, les syndiqués ont plutôt retenu l'appellation « grande cassure », qui symbolise le climat tendu entre les syndicats et la partie patronale. Des véhicules du Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) ont d'ailleurs été recouverts d'autocollants sur lesquels on peut lire cette expression.

Des rassemblements ont lieu depuis 7 h devant des édifices municipaux du chemin Eardley, des rues Charles et d'Edmonton, ainsi que du boulevard Saint-René Est.

Québec maintient le cap sur l'équilibre budgétaire

De son côté, le gouvernement ne montre aucun signe qu'il pourrait revenir sur ses intentions. Il maintient le cap sur l'atteinte de l'équilibre budgétaire en 2015-2016. La ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, dénonce les moyens de pression utilisés par les syndiqués et elle estime qu'ils se mettront ainsi la population à dos. « Ils vont arriver en retard et peut-être perdre une heure ou deux de salaire, avance Mme Thériault. Ces gens-là n'ont pas de fonds de pension. »

Lorsqu'interrogée sur sa sympathie à l'égard des manifestants, la ministre Thériault a indiqué qu'elle était « sensible aux finances publiques du Québec ».

Les employés municipaux ne sont d'ailleurs pas les seuls à faire les frais de cet objectif. La santé, les garderies, les commissions scolaires, fonction publique et transferts aux municipalités sont autant de secteurs touchés par des compressions gouvernementales.

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