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Pourquoi la Grèce n'a jamais eu autant besoin de relâcher l'austérité

Pourquoi la Grèce n'a jamais eu autant besoin de relâcher l'austérité
Getty Images

GRÈCE - Athènes a de nouveau haussé le ton, jeudi, par la voix de son président Karolos Papoulias, interrogé par Arianna Huffington, présidente et fondatrice du Huffington Post. Le chef de l'Etat en fonction depuis 2005 s'en est pris à la Commission européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne, réunis sous la bannière de la "troïka".

Karolos Papoulias a évoqué des recommandations difficiles à remplir, alors que des discussions doivent reprendre avec le gouvernement grec. Le président de la République hellène assure également que les membre de la troïka démontrent régulièrement un "esprit moyen", ajoutant qu'ils agissent comme "s'ils parlaient à des cailloux et non à des gens".

Bien que l'économie de la Grèce semble se relever (croissance de 2,5% en 2015), le climat des négociations s'est détérioré ces derniers jours. Imaginez un blessé de longue date qui devrait réapprendre à marcher seul... Des inspecteurs de l'UE et du FMI étaient attendus à Athènes, mais il ne reste que trois semaines pour tenter de conclure un accord avant la date butoir du 8 décembre fixée par le gouvernement d'Antonis Samaras.

Le constat est simple: le deuxième plan d’aide à la Grèce arrive à échéance à la fin de décembre, il faut donc mettre en place les modalités de sortie. La majorité des pays de l’UE est favorable à la mise en place d’un "programme de précaution" sous la forme d’une ligne de crédits prise sur le fonds de soutien de la zone euro (MES). Une sorte de béquille pour accompagner Athènes dans les prochains mois.

La sortie du plan d'aide conditionnée à de nouvelles coupes ?

Mais ce programme nécessite l'accord d'Athènes pour une surveillance budgétaire toujours rapprochée et des visites régulières des bailleurs dans le pays. Ce dispositif serait tout de même moins contraignant que l’actuel, "qui équivaut presque à du micromanagement du pays", selon une source européenne citée par Le Monde. Quoiqu'il en soit, les Grecs craignent de nouvelles mesures d'austérité.

"Nous sommes dans une phase difficile", a concédé le ministre des Finances, Gikas Hardouvelis. "Dans cette période intérimaire, les nerfs sont à vif de tous les côtés. Pas seulement de notre côté: c'est aussi le cas du côté des prêteurs". Les discussions entre les deux parties achoppent principalement sur le déficit budgétaire attendu en 2015, a expliqué un haut responsable gouvernemental à l'agence Reuters.

Les bailleurs de fonds estiment que le projet du gouvernement d'autoriser les contribuables grecs à s'acquitter de leurs arriérés d'impôt en 100 mensualités va creuser le déficit, ont précisé deux sources gouvernementales. La troïka projette que le déficit 2015 sera proche de 2,5 milliards d'euros si le budget n'est pas modifié. Athènes table de son côté sur un déficit inférieur à un milliard. Il y a donc une vraie bataille des chiffres, sur lesquels les deux parties semblent ne pas s'accorder.

Athènes au bord de la rupture

Le vice-Premier ministre Evangelos Venizelos a déclaré qu'Athènes ne modifierait pas le projet de budget en dépit du scepticisme affiché par l'UE et le FMI. "Nous ne reculerons sur aucun front", a-t-il dit, ajoutant qu'Athènes poursuivrait les réformes sans nouvelles mesures d'austérité. Le Premier ministre Antonis Samaras souhaite que son pays se libère des contraintes du plan d'aide international dès l'an prochain, soit avec un an d'avance sur le calendrier initial, afin d'apaiser l'opinion publique.

L'enjeu est aussi politique: l'issue de l'élection présidentielle prévue en février pourrait déclencher des législatives anticipées que le parti de gauche radicale Syriza semble pouvoir remporter.

Athènes a reçu vendredi le soutien appuyé de l'agence américaine Bloomberg, auteur d'un éditorial titré "Donnez une chance à la Grèce". "Si un trop plein d'austérité place le parti Syriza au pouvoir, il faut s'attendre à la fin de la discipline budgétaire. Et les dégâts pourraient ne pas s'arrêter là", explique le média américain. "L'ensemble du projet européen pourrait être mis en danger. Alexis Tsipras (président de Syriza) pourrait décider d'annuler les créances unilatéralement. Les partis d'opposition au Portugal et en Espagne, politiquement proches, regardent cela avec attention. Si les marchés commencent à craindre une vague de défauts de paiements, le résultat pourrait plonger l'Europe dans la crise".

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