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Transgenres en prison: des victimes de discrimination et d'agressions sexuelles

Double discrimination pour les transgenres en prison
gremlin via Getty Images

Radio-Canada a appris que des détenus transgenres dans les pénitenciers fédéraux ont déposé plusieurs plaintes de discrimination et d'agression sexuelle auprès du Bureau de l'enquêteur correctionnel du Canada depuis une dizaine d'années.

« Nous avons reçu des plaintes, dont certaines pour agression sexuelle et discrimination », confirme Howard Sapers, l'enquêteur correctionnel du Canada.

L'enquêteur correctionnel du Canada est l'ombudsman pour les délinquants sous responsabilité fédérale.

Dans une plainte déposée en 2003, un détenu transgenre raconte que pendant qu'il attendait d'être fouillé, avec d'autres prisonniers, des agents correctionnels pariaient sur l'identité du prochain détenu qui l'agresserait sexuellement.

Tant que les prisonniers transgenres n'ont pas subi une chirurgie, Service correctionnel Canada les place en fonction de leur sexe à la naissance. Les prisonniers transgenres qui ont entamé une transition pour avoir le corps d'une femme vivent donc avec des détenus hommes.

Des opinions médicales pas toujours prises en compte

La politique de Service correctionnel Canada prévoit qu'un détenu peut être opéré pour changer de sexe si un psychiatre en reconnaît la nécessité, mais le gouvernement Harper affirme qu'il ne paiera pas ces opérations, même si celles-ci sont requises par un médecin.

Service correctionnel Canada a refusé d'accorder une entrevue à ce sujet.

Une quinzaine de prisonniers transgenres sont détenus actuellement dans les pénitenciers fédéraux canadiens.

Le gouvernement a du sang sur les mains, selon un militant

Le militant pour les droits des personnes transgenres Jack Saddleback affirme que le refus du fédéral de payer les opérations de changement de sexe des détenus transgenres entraîne du désespoir et peut mener certains d'entre eux au suicide.

« Pour les prisonniers transgenres, faire la transition peut leur sauver la vie, souligne M. Saddleback. Nous tuons littéralement des gens. Nous avons du sang sur les mains, il y a du sang sur les mains du gouvernement. »

« Il n'y a pas de place pour les personnes transgenres dans notre système carcéral présentement. »

— Jack Saddleback, militant pour les droits des personnes transgenres

« Dans un monde idéal, nous devrions avoir des institutions qui offrent aux personnes qui s'identifient comme étant transgenres leur propre espace », fait valoir Jack Saddleback.

Identifier soi-même son genre

Un avocat et chercheur à la Faculté de droit de l'Université de Toronto, Kyle Kirkup, soutient que les personnes transgenres devraient pouvoir identifier elles-mêmes leur genre sur le plan légal.

M. Kirkup étudie la réalité des prisonniers transgenres en Ontario. Il affirme que le meilleur moyen de réduire la discrimination et les agressions sexuelles est de placer les détenus transgenres avec des détenus du sexe auquel ils s'identifient.

Aux États-Unis, certaines prisons ont créé des unités spéciales qui accueillent uniquement les prisonniers transgenres. L'objectif est de réduire l'intimidation et le nombre de viols.

D'après un reportage de Guillaume Dumont à ne pas manquer mercredi au Téléjournal Saskatchewan.

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