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Baisse du prix du fer: Cliffs Natural Resources songe à fermer sa mine du lac Bloom, à Fermont

Possible fermeture de la mine de fer du lac Bloom, à Fermont
PC

MONTRÉAL - Confrontée à la dégringolade des prix du minerai de fer, Cliffs Natural Resources jette l'éponge et souhaite cesser ses activités dans l'est du Canada, ce qui risque d'entraîner la fermeture de la mine du lac Bloom, près de Fermont, où travaillent quelque 600 personnes.

«Nous n'avons pas cadre temporel mais c'est un processus qui a déjà débuté et il est maintenant temps de passer à l'exécution», a expliqué mercredi son président et chef de la direction, Lourenco Goncalves, au cours d'un entretien avec La Presse Canadienne.

Sans détour, M. Goncalves a reconnu que les prix de la tonne de minerai de fer — qui se transigent autour de 70 $ US — sont à l'origine de cette décision.

«Ça tout à voir avec ce qui se passe, a-t-il déclaré. Je crois que le Plan Nord se retrouve dans une position précaire dans la mine du lac Bloom.»

D'après la minière établie à Cleveland, le développement de la deuxième phase à la mine du lac Bloom, nécessaire à sa survie, aurait demandé des investissements de 1,2 milliard $.

Puisqu'une expansion ne semble plus figurer dans ses plans, Cliffs Natural Resources (NYSE:CLF) semble maintenant vouloir quitter la région en tentant de minimiser ses pertes financières.

En outre, comme le secteur minier est très cyclique, le dirigeant de la minière estime que même une remontée soudaine des prix du minerai de fer ne pourrait pas le faire changer d'avis.

La fermeture de la mine du lac Bloom, située dans la fosse du Labrador à quelque 30 kilomètres au sud-ouest de Labrador City, toucherait pas moins de 539 travailleurs qui s'y déplacent en avion, ainsi que 40 employés locaux.

La fin des activités pourrait se traduire par des charges oscillant entre 650 et 700 millions $ d'ici les cinq prochaines années. Ces coûts seraient principalement reliés à des ententes avec le chemin de fer Quebec North Shore et Labrador, qui appartient à la Compagnie minière Iron Ore du Canada.

«Mort du Plan Nord»

De son côté, en demandant une intervention gouvernementale, le syndicat des employés, qui dit avoir appris la nouvelle par les médias, a estimé qu'une fermeture de la mine signifiait la «mort du Plan Nord» pour Fermont.

«Si cette minière n'est pas capable d'investir (...) on demande à ce qu'elle vende ses installations à quelqu'un capable de réaliser la deuxième phase», a affirmé le coordonnateur du syndicat des Métallos pour la Côte-Nord, Dominic Lemieux.

Selon lui, il reste au moins de trois à cinq semaines de travail à lac Bloom, mais rien n'est certain par la suite.

Pour le syndicat, une expansion rendrait la mine plus concurrentielle, puisque son coût de revient, actuellement de 80 $ la tonne, diminuerait considérablement pour osciller entre 50 et 55 $.

À Québec, le ministre de l'Économie, Jacques Daoust, s'est dit peu surpris de la décision de la minière américaine en raison de ses récentes difficultés financières.

«On peut toujours regarder avec eux s'il y a des investissements qu'on peut faire, mais ce sont des sommes qui sont fabuleuses, a-t-il dit. Est-ce que le gouvernement du Québec va mettre 500 millions $ ou 1 milliard $ dans une mine? Je ne pense pas qu'on veuille commencer à nationaliser le secteur minier.»

La capacité annuelle de production de la mine du lac Bloom est évaluée à sept millions de tonnes de minerai de fer. Une deuxième phase aurait permis à cette production annuelle d'atteindre 14 millions de tonnes de minerai.

L'entreprise américaine avait déjà interrompu en 2013 ses activités à sa mine Scully, à Wabush, ainsi qu'à ses installations de Pointe-Noire, près de Sept-Îles, où des employés ont déjà été licenciés lundi.

Pas de partenaires

À la fin du mois d'octobre, M. Goncalves avait déjà prévenu que la mine du lac Bloom pourrait cesser ses activités d'ici la fin de l'année si la minière n'était pas en mesure de trouver des partenaires pour développer une deuxième phase.

En marge du dévoilement des résultats du troisième trimestre, Cliffs avait aussi annoncé une radiation d'actifs totalisant 5,7 milliards $ US, dont 4,5 milliards $ pour ses installations situées à Fermont.

M. Goncalves a confié que ses espoirs de trouver des partenaires s'étaient envolés lorsqu'un des trois investisseurs intéressés lui a indiqué ne pas être en mesure de prendre une décision d'ici la fin de l'année.

«C'était trois ou rien», a-t-il dit.

Cliffs Natural Resources avait mis la main sur la mine du lac Bloom en 2011 dans le cadre de sa prise de contrôle de Consolidated Thompson Iron Mines évaluée à environ 4,9 milliards $.

Depuis, les prix de plusieurs métaux ont atteint un creux de cinq ans, notamment en raison d'une baisse de la demande dans certains pays émergents.

Les analystes du secteur se sont montrés étonnés par les coûts de fermeture, qui dépassent largement leurs prévisions.

«Même si l'annonce concerne le lac Bloom, les mines australiennes de la compagnie font également face à un risque de fermeture», écrit dans un rapport l'analyste Brian Yu, de Citi.

De son côté, Evan Mann, de Gimme Credit, a estimé que la fermeture du site de Fermont devrait avoir un impact positif sur le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements de la société minière.

«Toutefois, la fourchette de 650 à 700 millions $ pour la fermeture semble être une source de complications», souligne l'analyste dans une note de recherche.

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