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«Assassin's Creed Unity» d'Ubisoft Montréal déplaît à des politiciens français (PHOTOS/ VIDÉO)

«Assassin's Creed Unity» suscite la controverse en France (PHOTOS/ VIDÉO)
Courtoisie Ubisoft Montréal

Le nouveau jeu vidéo Assassin's Creed Unity, produit à Montréal, ne fait pas l'unanimité. Des représentants de l'extrême gauche française accusent les créateurs de propagande et de révision de l'Histoire.

Depuis hier, le président du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, est sur toutes les tribunes françaises pour pourfendre non pas le fait que le jeu ait été produit au Québec par la compagnie française Ubisoft, mais plutôt le contenu historique du jeu vidéo qui se déroule dans les rues de Paris durant la Révolution de 1789.

« C'est de la propagande contre le peuple », dénonce le leader d'extrême gauche. « Le peuple [est présenté comme] des barbares, des sauvages sanguinaires. [...] On dénigre ce qui nous rassemble, nous, les Français. C'est clairement une relecture de l'histoire en faveur des perdants », regrette-t-il.

Jean-Luc Mélenchon reproche également aux créateurs de présenter le révolutionnaire Robespierre « comme un monstre » alors que lui le considère plutôt comme un « libérateur ».

La controverse est partie du blogue du secrétaire national du Parti de Gauche, Alexis Corbière, également professeur d'histoire dans une école secondaire.

« Le joueur peu averti en tirera la conclusion que la Révolution française fut finalement une monstruosité, un bain de sang incompréhensible, conduite par des brutes, qu'il aurait fallu éviter. »

— Extrait du billet d'Alexis Corbière

En entrevue à Radio-Canada, Alexis Corbière reconnaît ne pas avoir joué au jeu, mais seulement visionné la bande-annonce. « Le jeu vidéo devient un prétexte pour faire passer un certain discours », dénonce le secrétaire national du Parti de Gauche. Il accepte le fait qu'il y ait des anachronismes [comme la présence du drapeau bleu-blanc-rouge ou de La Marseillaise, qui n'existaient pas encore en 1789], mais pas que Robespierre soit présenté comme un « tueur », « pire qu'un roi » par les créateurs : « c'est un discours politique, idéologique, une propagande ».

Un historien québécois derrière Assassin's Creed Unity

Une quinzaine d'historiens dont le Montréalais Laurent Turcot, qui enseigne à l'Université du Québec à Trois-Rivières, ont collaboré avec Ubisoft à la création du jeu vidéo. Le professeur affirme que la bande-annonce n'est pas représentative du jeu qui dure une centaine d'heures.

« C'est un biais qu'Ubisoft a décidé de prendre, mais il n'est pas aussi extrême que ce que développe Monsieur Mélenchon. Son analyse manque un peu de rigueur », dit-il. « Le problème avec les jeux vidéo, c'est qu'on n'a pas le temps de faire la nuance », reconnait Laurent Turcot. Il mentionne que l'ancien directeur de l'Institut de la Révolution française, Jean-Clément Martin, a également collaboré avec Ubisoft pour le jeu.

L'historien Laurent Turcot explique que la Révolution française demeure un sujet sensible en France, au même titre que l'époque de la Conquête [1759-1760] au Québec.

En entrevue au journal Le Monde, le producteur associé du jeu, qui réside à Montréal, Antoine Vimal de Monteil, rappelle que Assassin's Creed Unity « est un jeu grand public, pas une leçon d'histoire »,avant d'ajouter que la Révolution « n'est qu'une toile de fond ».

Les jeux vidéo pour apprendre l'Histoire aux jeunes ?

Le secrétaire national du Parti de Gauche, Alexis Corbière, estime que le contenu des jeux vidéo ne doit pas être pris à la légère, compte tenu de l'attrait important auprès des jeunes, notamment les garçons : « il peut même sans doute être plus efficace que tous les cours d'histoire ».

« Beaucoup de jeunes n'achètent pas des livres d'histoires, mais achètent ce genre d'outils culturels. Profitons-en »

— Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de gauche

Le professeur d'histoire de l'UQTR, Laurent Turcot, a l'intention d'utiliser le jeu vidéo [le décor seulement] pour rendre ses cours plus interactifs et intéressants.

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