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Commission Charbonneau: pas de crime organisé à la FTQ Construction, plaide son avocat

Commission Charbonneau: pas de crime organisé à la FTQ Construction, plaide son avocat
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MONTRÉAL - Il n'y a pas de crime organisé à la FTQ-Construction. Et le phénomène des bâtons de baseball sur les chantiers de construction n'existe plus, a plaidé mardi l'avocat de la FTQ-Construction devant la Commission Charbonneau.

En s'adressant à la commission d'enquête, Me Robert Laurin a aussi soutenu qu'une grève coûteuse pourrait être déclenchée si d'éventuels projets de loi visant trop sévèrement la FTQ-Construction étaient adoptés.

«Le crime organisé n'a pas infiltré la FTQ-Construction, ne contrôle pas la FTQ-Construction», a martelé l'avocat syndical, dans sa plaidoirie finale devant la commission d'enquête.

Me Laurin a soutenu que la FTQ-Construction était victime d'une mauvaise réputation basée sur des incidents passés et qu'elle était l'organisation syndicale «à abattre» pour plusieurs parce qu'elle était la plus puissante, avec ses 77 000 membres.

«Le milieu de la construction, à une certaine époque, était caractérisé _ et ça avait fait les manchettes _ par des règlements de comptes sur la base de violence physique, à coups de bâtons de baseball. C'est une réalité effectivement que le Québec a connue», a-t-il dit.

Mais aujourd'hui, «les bâtons de baseball, ça n'existe plus», a assuré Me Laurin.

Il a convenu que le milieu de la construction n'était «pas un club de tricoteuses», que c'était un milieu «viril», dur, depuis des années.

Me Laurin a dû admettre que certains représentants de la FTQ-Construction ont eu des liens avec des proches du crime organisé, selon la preuve entendue à la Commission Charbonneau. Mais selon lui, si des entrepreneurs ont des liens avec des proches ou des membres du crime organisé, il devient difficile pour des représentants syndicaux d'éviter d'avoir des contacts avec ces entrepreneurs si leurs employés sont syndiqués à la FTQ-Construction.

Et la FTQ-Construction n'est pas une police, a-t-il plaidé.

«Dans la mesure où un employeur est, supposons, un membre du crime organisé _ il reste à déterminer jusqu'à quel point on le sait ou on ne le sait pas. Dans la mesure où on discute avec lui de l'application des conditions de travail....», a avancé Me Laurin, avant d'être interrompu par la juge France Charbonneau.

«Prenons pour acquis que vous le savez», lui a-t-elle lancé.

«Même si on le sait, c'est une entreprise. Il a un contrat à tel endroit. Il y a des conditions de travail; il y a une convention à appliquer. On ne pourra pas dire 'lui on ne lui parle pas parce qu'il est du crime organisé'», a justifié l'avocat.

Donc, «il n'y a pas de problème de faire affaires avec le crime organisé en autant qu'il respecte les conventions collectives. C'est ce que vous prétendez?» lui a répliqué la juge Charbonneau.

«Non, ce que je dis, c'est qu'en autant que quand on fait affaires avec ces gens-là, on le fait uniquement sur la question des relations de travail. Et s'il y a erreur _ et erreur il y a eue _ c'est de développer des liens personnels avec ces gens-là», a-t-il résumé.

Me Laurin s'est ensuite attardé à convaincre la commission d'enquête de résister à la tentation de sévir trop durement à l'endroit de la FTQ-Construction dans son rapport. Il a aussi indirectement visé le gouvernement avec d'éventuels projets de loi qui pourraient être adoptés pour «serrer la vis» et qui seraient trop sévères envers la FTQ-Construction.

Ainsi, il a rappelé que le gouvernement a déjà retiré aux syndicats de la construction le droit de faire du placement de main-d'oeuvre. Et il a noté que la loi à ce sujet va au-delà de ce strict retrait du pouvoir de placement. Il a évoqué les demandes de certains de mieux surveiller les dépenses des syndicats, sans compter les revendications pour adopter des mesures contre la discrimination dans l'embauche sur les chantiers.

À mots couverts, Me Laurin a laissé entendre que des projets de loi trop sévères visant la FTQ-Construction risqueraient de mécontenter ses membres, donc de nuire au climat de travail au Québec, et pourraient même dégénérer en grève coûteuse.

«Je vous prédis que ça va détériorer les relations de travail. Le véhicule, c'est la grève, ce sont les conflits de travail légaux. On n'en a pas depuis quelques années; on risque d'en avoir, parce que c'est la seule réponse à des projets de loi qui... Ça va être quoi la réponse légale des syndicats, ça va être les moyens de pression légaux. Et les moyens de pression légaux, ça coûte des millions et ça perturbe l'économie», a commenté Me Laurin.

Fonds de solidarité

De son côté, le Fonds de solidarité de la FTQ a cherché à convaincre la commission qu'il s'était déjà doté de nombreuses mesures pour éviter que des entrepreneurs louches obtiennent de lui un investissement.

Le procureur du Fonds, Me André Ryan, a notamment insisté sur le fait qu'une majorité d'intervenants de l'externe, maintenant, scrutaient les demandes d'investissement déposées au Fonds de solidarité.

Il a aussi rappelé que dans le cas de deux dossiers problématiques plus longuement étudiés par la commission d'enquête, à savoir les entreprises Carboneutre et LM Sauvé, le Fonds de solidarité n'avait justement jamais investi.

Il a invité la commission d'enquête à recommander que les corps policiers partagent avec les institutions financières comme le Fonds les informations dont ils disposent concernant certains entrepreneurs qui ont des liens avec le crime organisé.

Les prochaines plaidoiries seront entendues jeudi et vendredi, puis la juge Charbonneau fera une allocution de 15 à 20 minutes à la fin des travaux. Le rapport final de la commission d'enquête est attendu le 19 avril prochain.

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Tony Accurso

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