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«Pas trop catholique» de Cathy Gauthier: à écouter religieusement (PHOTOS)

«Pas trop catholique» de Cathy Gauthier: à écouter religieusement (PHOTOS)
David Kirouac

Elle en a déçu quelques-uns lors de son passage à Tout le monde en parle, il y a quelques semaines. Si vous êtes du lot, ne vous attardez surtout pas à cette première impression. Car c’est une Cathy Gauthier vive et allumée qui revient ces jours-ci sur les scènes du Québec avec son troisième one woman show, Pas trop catholique, dont la première montréalaise avait lieu mercredi, au Théâtre St-Denis.

Cathy Gauthier

«Pas trop catholique» de Cathy Gauthier - 5 novembre 2014

La grande gueule délurée et observatrice de Cathy est divertissante, taquine, et sait remarquer une multitude d’aspects comiques de situations anodines, qu’on vit tous un jour ou l’autre. L’actualité ne semble pas être sa tasse de thé, mais déjouer le quotidien et s’amuser de ses propres travers et de ceux des autres, ce l’est, et avec grande aisance. En prime, elle n’a pas perdu le petit côté grivois qui lui a amené la renommée, sans toutefois tabler uniquement sur celui-ci, ce qui est tout à son honneur. Il y a bien un sacre, un gag de pénis, de «pipe avec les dents» ou de «gros cul» ici et là, qui servent à accentuer l’effet comique, mais pas de quoi crier à l’excès de vulgarité.

La blonde humoriste amorce sa présentation en abordant la thématique des cadeaux. Premier gros éclat de rire de la salle lorsqu’elle amène sur le tapis les fameuses bulles de bain qu’on trouve dans les boutiques de type Dans un jardin. Selon elle, il n’y a que les hommes qui offrent ce type de produits. «Entre femmes, on ne se donne pas ça, parce qu’on sait très bien que, qui dit bulles de bain, dit noune qui pique…»

La mise au point a débouché sur une longue tirade sur les spas, que Cathy déteste fréquenter. Un excellent moment. Dédaigneuse de l’eau dans laquelle se trempent trop d’inconnus, des filles qui se vantent de leur journée-détente sur Facebook, des dames étrangères qui prennent leur douche dans le vestiaire, au vu et au su de toutes, Cathy Gauthier affectera peut-être le chiffre d’affaires de quelques établissements du genre au Québec, tant son discours est convainquant.

Hilarante lorsqu’elle décrit l’amoureux d’une copine, un être arrogant et suffisant, «qui se fait des thumbs ups dans le miroir», l’artiste à l’irrésistible franc-parler en profite pour écorcher le terme «épicurien», qui lui tape visiblement sur les rognons, et qui signifie souvent simplement, à son sens, «aimer bien boire et bien manger». Elle est encore plus dérangée par les épicuriens qui prônent la consommation «bio». «Moi aussi, si je payais mon concombre 8$, je voudrais que tout le monde le sache. Je me prendrais en selfie avec!»

On comprend la raison du titre Pas trop catholique lorsqu’on écoute Cathy décrier les habitudes d’une amie, qui allaite encore ses cinq enfants, «même ceux qui sont en âge de faire du bicycle à deux roues depuis une couple d’années». «T’es pas supposé de te souvenir d’avoir été allaité!», plaide Gauthier pour illustrer son dégoût. Même humour mordant lorsqu’elle évoque le décès de sa grand-mère, qu’elle était un peu tannée d’aller voir à toutes les semaines à l’hôpital, parce que «le parking, c’est pas gratis».

Unité 9 et Denis Lévesque

La passionnée de télévision qu’est Cathy Gauthier exploite à quelques reprises ce filon pendant Pas trop catholique, avec succès. Elle souligne à grands traits la nonchalance de Louis-François Marcotte et avoue sa dépendance au téléroman O’ mais, surtout, à Denis Lévesque. «Quand je tombe sur Denis Lévesque, je me dis qu’il doit interviewer un extraterrestre. C’est jamais un extraterrestre… Mais toujours quelqu’un qui s’y apparente beaucoup!» Aussi, il faut absolument l’entendre résumer dans un débit effréné les intrigues d’Unité 9, parfois exagérées, à son avis. Son compte-rendu lui a valu de chauds applaudissements, mercredi.

La jolie comique s’étend longuement sur le sujet de la famille, la sienne et celle de son amoureux, très riche, chez qui tout est en «mââââârbre» et où «tout le monde est médecin». «On se tient le corps raide, les oreilles molles, toujours en position de ballet… Le balai entré bien profond, et là, on discute d’affaires que je ne comprends pas…» Autre segment à saluer, tout comme sa longue confession sur sa jalousie, devenue presque légendaire tant elle en a souvent parlé en entrevue.

Elle qui va jusqu’à sentir l’organe masculin de son conjoint lorsqu’il rentre à la maison, histoire de s’assurer de sa fidélité, n’éprouve aucune gêne à admettre son caractère possessif. Elle en fait d’ailleurs son punch final, qui clôt à merveille la prestation.

Efficace Silvi Tourigny

En première partie, Silvi Tourigny, qu’on connaît surtout pour son personnage de Carole, de la web-série Carole aide son prochain, a démontré son savoir-faire avec aplomb. La jeune femme s’est moquée de son prénom qui, elle en est certaine, sied mieux aux quinquagénaires qu’aux trentenaires («Une Sylvie, ça fait de la peinture sur bois, ça écoute Yamaska, et ça fait le saut quand c’a appris que Joël Legendre est gai…»), a badiné à propos de son statut de nouvelle maman en tournant en dérision les expressions faciales de son poupon, a raconté une visite dans un bar de danseuses et a même analysé une relation sexuelle entre deux écureuils. Cet apéro très prometteur nous a donné le goût d’en voir et d’en entendre plus. Vivement un premier spectacle de Silvi Tourigny.

Cathy Gauthier reviendra au Théâtre St-Denis avec Pas trop catholique, en supplémentaires, les 6 et 7 mars 2015, et sera en tournée pendant toute la prochaine année. Informations et billets sur son site web.

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