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Républicains américains : dix choses à savoir s'ils remportent le Sénat

10 choses à savoir si les républicains remportent le Sénat

Les Américains pourraient installer une majorité républicaine au Congrès des Etats-Unis ce mardi lors des élections de mi-mandat. Ces élections générales renouvelleront les 435 sièges de la Chambre des représentants, 36 des 100 sièges du Sénat, 36 des 50 gouverneurs d'Etats, et une partie des élus locaux.

Les républicains renforceront leur majorité à la Chambre, selon le consensus des sondeurs, et ils ont de fortes chances de devenir majoritaires au Sénat, que les démocrates contrôlaient depuis 2006 et l'élection d'Obama, président dans la tourmente et au centre des débats. Les sondages restent serrés, avec des écarts parfois inférieurs à la marge d'erreur, mais ils placent les républicains en tête dans suffisamment de sénatoriales pour leur permettre de conquérir les six sièges qui leur manquent.

Il serait tentant de penser que rien ne changera si les républicains remportent le Sénat, puisqu’ils n’auront pas la majorité absolue, que rien ne s’y décide vraiment et que les chefs de chacun des partis, le Démocrate Harry Reid et le Républicain Mitch McConnell, ont trois cent ans à eux deux. L’apathie prévaudrait.

Erreur ! Les chiffres sont trompeurs. Une victoire républicaine bouleverserait la donne politique au Sénat, pour les deux dernières années du mandat de Barack Obama et lors de la campagne présidentielle de 2016. Un véritable tremblement de terre qui ne détruirait pas tout sur son passage mais fragiliserait bien des équilibres.

Voici pourquoi :

Accord sur une régularisation des sans-papiers ? Ils sont nombreaux à penser que c’est totalement improbable. « C’est un problème qui divise complètement le parti républicain », explique Norm Ornstein du think tank American Enterprise Institute. « Ils ne peuvent pas se permettre de l’aborder. » Mais Rand Paul veut avancer sur le sujet, et il n’est pas le seul. « Le président a besoin d’un nouveau symbole, et il sera peut-être disposé à transiger. Je vais m’efforcer de faire en sorte que nous nous engagions sur la voie de la négociation », m’a récemment expliqué le sénateur du Kentucky.

Accords sur la législation du travail. Ils sont également envisageables, si les républicains proches des milieux d’affaires (soit la quasi-totalité d’entre eux, à l’exception du Tea Party) trouvent un terrain d’entente avec les Démocrates centristes, comme Joe Manchin, sénateur de la Virginie-Occidentale. « Je crois que nous avons une marge de manœuvre importante sur le travail », a ajouté Rand Paul.

Commissions d’enquête. Elles accentuent l’influence des majorités les plus étroites. Un président du Sénat républicain pourrait citer n’importe qui à comparaître, pratiquement sans entraves. Les républicains s’en serviront très probablement pour assigner des hauts responsables de l’exécutif, vilipender la politique suivie par le gouvernement, et donner à de futurs candidats républicains à la présidence une tribune médiatique pour fouiller dans les affaires de leurs adversaires.

Nominations. Si le président veut faire nommer un successeur à l’actuel ministre de la Justice — ou même des juges —, il tentera vraisemblablement de le faire avant la prise de fonction de la nouvelle majorité sénatoriale. Si le sénateur républicain de l’Iowa, Chuck Grassley, prenait la tête de la commission judiciaire (il en a exprimé l’ambition), la situation changerait du tout au tout. Les noms soumis par Obama pourraient passer en commission mais ne jamais être soumis à un vote. Grassley a aussi fait part de son intention de lancer des enquêtes, ce qui est de mauvais augure pour les candidats ayant travaillé sur des sujets sensibles à la Maison-Blanche.

Le cas McConnell. Mitch McConnell, le sénateur du Kentucky, aujourd’hui âgé de 72 ans, ambitionne depuis des décennies de prendre la présidence du Sénat, ce qui est aujourd’hui à sa portée. S’il devenait chef de la majorité, ses chances s’en trouveraient multipliées. Il a juré, en privé et en public, de torpiller tous les projets de lois visant à assurer un revenu minimum garanti, le respect de l’égalité homme-femmes en matière de salaire, ou à renforcer les mesures antipollution. Une majorité démocrate pourrait-elle les faire adopter ? Non. Seraient-ils seulement examinés par une majorité républicaine ? Non.

Le cirque de la campagne de 2016. Le chef de la majorité contrôle les débats et, avec pas moins de quatre candidats républicains potentiels au Sénat, McConnell serait le chef d’orchestre de la précampagne présidentielle. S’il est élu dans sa circonscription en novembre, ce sera en grande partie grâce à son collègue du Kentucky, Rand Paul, l’un de ces candidats potentiels. Ont-ils passé un accord ? Même si McConnell devait observer une certaine neutralité, Paul pourrait jouer les entremetteurs entre les républicains de la « vieille garde », emmenés par McConnell, et ceux du Tea Party, conduits par le Sénateur texan Ted Cruz.

Passages en force. L’an dernier, McConnell n’a pas eu de mots assez forts pour dénoncer l’initiative de Henry Reid visant à protéger les candidats de la branche judiciaire des tactiques d’obstruction parlementaire de l’opposition, en leur permettant d’être confirmés à une simple majorité. McConnell reviendra-t-il sur cette mesure ? On ne saurait le dire. Mais il est clair qu’il instaurera de nouvelles règles afin de faire passer des budgets comportant des amendements favorables aux entreprises, accompagnés d’une baisse de la fiscalité, d’une déréglementation du secteur bancaire, et de coupes dans le système de protection sociale américain, Obamacare.

Nouvel équilibre. Il y a une petite chance que le Sénat compte quatre indépendants l’an prochain, c’est-à-dire n’appartenant à aucun des deux grands partis, et que ceux-ci constituent une nouvelle force imprévisible. Des Démocrates centristes tels que Manchin et le sénateur de Pennsylvanie, Bob Casey, aurait également une certaine influence au sein d’une majorité républicaine, et donc un rôle plus important à jouer. Chez les républicains, des modérés comme les sénatrices Lisa Murkowski (Alaska) et Susan Collins (Maine) pourraient faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre.

Le retour de Reid ? Si les Démocrates perdent le Sénat, Harry Reid, 74 ans, restera-t-il à leur tête? Il devra se représenter dans le Nevada en 2016, et ses collègues hésiteront à lui retirer son titre à quelques mois d’une campagne qui s’annonce difficile. Reid est aussi un homme apprécié dont les collègues admirent le flair politique et le sens de l’organisation. Mais le sénateur de l’Etat de New York, Chuck Schumer, vise son poste, et il est proche de la candidate probable des Démocrates aux élections présidentielles de 2016, une certaine Hillary Clinton.

Prochain cycle. Même si 2014 s’annonce comme une très mauvaise année pour les sénateurs démocrates, les premières estimations montrent que 2016 pourrait être pire pour les républicains, qui auront deux fois plus de sièges en lice à ce moment-là. Il y a peu de chance que les électeurs se prennent d’affection pour la politique en général, et encore moins pour le sénat. Les républicains savent que leur règne pourrait être bref, et McConnell et compagnie pourraient choisir la voie de la modération. Ou non.

Cet article, publié à l’origine sur le Huffington Post États-Unis, a été traduit de l’anglais par Bamiyan Shiff pour Fast for Word.

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