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La Fed ferme son robinet: comment Wall Street s'est servi des milliards destinés à sortir de la crise

La Fed ferme son robinet: comment Wall Street s'est servi des milliards destinés à sortir de la crise
Chinese online retail giant Alibaba founder Jack Ma rings a bell to open trading on the floor at the New York Stock Exchange in New York on September 19, 2014. A buying frenzy sent Alibaba shares sharply higher Friday as the Chinese online giant made its historic Wall Street trading debut. In early trades after the record public share offering, Alibaba leapt from an opening price of $68 to nearly $100 and, while it dropped back, was still up some 38 percent at $94.08 after 10 minutes. AFP PHOTO/Jewel Samad (Photo credit should read JEWEL SAMAD/AFP/Getty Images)
JEWEL SAMAD via Getty Images
Chinese online retail giant Alibaba founder Jack Ma rings a bell to open trading on the floor at the New York Stock Exchange in New York on September 19, 2014. A buying frenzy sent Alibaba shares sharply higher Friday as the Chinese online giant made its historic Wall Street trading debut. In early trades after the record public share offering, Alibaba leapt from an opening price of $68 to nearly $100 and, while it dropped back, was still up some 38 percent at $94.08 after 10 minutes. AFP PHOTO/Jewel Samad (Photo credit should read JEWEL SAMAD/AFP/Getty Images)

La Réserve fédérale américaine (Fed) en a enfin terminé avec son aide exceptionnelle à l'économie. La plupart des analystes s'attendaient à ce que le Comité de politique monétaire (FOMC) tienne parole en cessant ses achats de bons du Trésor et de titres adossés à des créances hypothécaires. Il faut remonter à 2008 et au plus fort de la crise financière pour y trouver leur origine. Les taux d'intérêt, la seconde mesure anti-crise, resteront en revanche proches de zéro.

Ces injections de liquidités avaient été annoncées en septembre 2012 au titre du 3ème volet de l'aide monétaire exceptionnelle (QE3) pour continuer à soutenir la modeste reprise économique. Elles ne se montent plus qu'à 15 milliards de dollars par mois. La Fed a commencé à les réduire en décembre dernier lorsqu'elles pesaient 85 milliards de dollars par mois. Leur achèvement n'est toutefois pas synonyme d'une fin totale de la politique de l'argent facile, car la banque centrale va continuer à réinvestir ce qu'elle récupérera des titres arrivant à maturité.

Derrière, ce sont les marchés boursiers et les multinationales cotées qui se frottaient les mains depuis deux ans. Dopés par les montagnes d'argent injectées dans l'économie, les investisseurs ont eu la belle vie. Depuis son plus bas niveau de mars 2009, le S&P 500, l'un des indices phares de Wall Street, a presque triplé, passant au-dessus des 2000 points à la mi-septembre. Un record.

Successions d'introductions en Bourse records

La santé exceptionnelle des marchés a coïncidé avec des introductions de grande envergure. On se rappelle de Facebook en 2012, mais aussi de Twitter en 2013 ou encore du Chinois Alibaba en septembre dernier. Soigneusement préparée, l'entrée en Bourse du groupe de Jack Ma s'est déroulée avec succès et dans l'enthousiasme, battant des records en terme de valorisation après avoir fixé le prix d'introduction de son action à 68 dollars. Au bout de quelques heures de cotation, le titre a dépassé les 100 dollars, soulignant l'extrême spéculation sur les marchés. Mais IPO géantes ne sont pas les seules illustrations.

Ces dernières années, les entreprises ont largement profité de la politique accommodante de la Fed. Apple, par exemple, s'est endetté à peu de frais pour racheter une partie de ses actions. Un processus qui confirme que l'entreprise ne sait plus très bien comment utiliser son argent. Cette opération, largement poussée par l'activiste Carl Icahn, permet d'augmenter le bénéfice par action. Les titres rachetés sont supprimés, faisant diminuer leur nombre total. Les actionnaires voient donc grimper la valeur de leurs titres et leur part dans l'entreprise.

Mais Apple n'a pas financé cette opération avec sa trésorerie. En mai dernier, la pomme a notamment levé 17 milliards de dollars dans ce sens sur le marché obligataire. Autrement dit, la première capitalisation mondiale - qui vaut plus de 625 milliards de dollars en Bourse - a préféré s'endetter plutôt que de puiser dans son "trésor de guerre" (de 150 milliards environ). Et la firme ne compte pas s'arrêter là: il est question d'un programme de rachat d'actions de 90 milliards de dollars. Ce dernier n'aurait jamais pu être possible sans la politique de la Fed.

Et Apple n'est pas le seul à y avoir recours. Verizon a ainsi levé 49 milliards de dollars en septembre 2013 pour financer le rachat de la participation de Vodafone dans leur filiale commune. Microsoft s'est également endetté à hauteur de 8 milliards de dollars fin 2013 sur les marchés.

Bill Gates a quasiment doublé sa fortune depuis 2008

A l'origine, la Fed a lancé son programme afin de soutenir les prêts aux entreprises. Mais cette politique a aussi facilité les prêts aux spéculateurs, qui ont profité de cette liquidité pour acheter des actions. Et faire progresser les indices. Ce qui s’est traduit par une richesse accrue pour Bill Gates ou Warren Buffet. Il étonnant de voir à quel point la fortune du co-fondateur de Microsoft a gonflé depuis quelques années. Fin 2008, Bill Gates était à la tête d'un patrimoine de 40 milliards de dollars. En 2014, c'est 76 milliards de dollars.

"L'impact de la politique de la Fed sur l'économie réelle est en fait extrêmement limité", estimait en décembre 2013 Georges Ugeux, PDG de la banque d'affaires new-yorkaise Galileo Global Advisors. "Il a surtout profité à la Bourse et aux banques, mais je ne connais pas un seul chef d'entreprise qui a recruté à cause de la politique de la Fed."

D’où ce sentiment d’une déconnexion partielle entre le monde de la finance et celui de l’économie réelle, également du côté de la France. Chez nous aussi l’argent facile généré par la politique des banques centrales s’est investi dans les actions françaises. Le CAC 40 a progressé de 18% au cours de 2013 (avant de chuter après les signes de retrait de la Fed). Pourtant, sur la même période, la croissance observée n'a été que de 0,3%. Et le chômage vient de battre un nouveau record en septembre, selon les chiffres de Pole emploi...

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