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Transports ferroviaire: Ottawa veut serrer de nouveau la vis aux entreprises (VIDÉO)

Transports ferroviaire: Ottawa serre la vis (VIDÉO)

OTTAWA - Transports Canada embauchera une dizaine de vérificateurs pour s'assurer de la sécurité du transport ferroviaire au pays et effectuera des recherches sur les propriétés, le comportement et les dangers du pétrole brut qui est appelé à circuler sur les rails canadiens.

Il s'agit de deux des quatre nouvelles mesures annoncées mercredi par la ministre fédérale des Transports, Lisa Raitt, en réaction au rapport final du Bureau de la sécurité des transports (BST) sur le déraillement meurtrier de Lac-Mégantic.

La ministre a voulu se montrer rassurante quant au nombre de nouvelles embauches, qui peut sembler peu élevé dans un pays aussi vaste que le Canada alors même que le transport de pétrole par rail ne cesse d'augmenter.

«Nous recruterons en fait des professionnels formés en vérification. C'est une toute autre histoire. Les inspecteurs sont ceux qui font le travail au quotidien, sur le terrain», a-t-elle plaidé en conférence de presse.

Cela permettra au ministère de pouvoir compter sur des équipes multidisciplinaires pour avoir une bonne supervision d'ensemble, de l'avis de la ministre Raitt.

Transports Canada compte actuellement à son emploi un peu plus d'une centaine d'inspecteurs au pays, a-t-elle indiqué, et si le ministère a besoin d'embaucher davantage d'inspecteurs, «ils ont l'argent pour le faire» comme ils le voudront, s'ils le veulent, a-t-elle souligné.

Comme la sécurité ferroviaire est une responsabilité partagée, les entreprises devront aussi faire leur part et montrer patte blanche.

Ainsi, les compagnies qui roulent au pays devront mettre en place immédiatement des «dispositifs physiques» en plus des freins à main pour empêcher les trains de partir à la dérive comme ce fut le cas à Lac-Mégantic lors du funeste accident du 6 juillet 2013.

Dans son rapport final, en août dernier, le BST avait identifié parmi les 18 facteurs contributifs à la tragédie le fait que le conducteur du convoi pétrolier de la Montreal, Maine & Atlantic Railway (MMA), Thomas Harding, n'avait pas actionné un nombre suffisant de freins, à la suite de quoi le train a amorcé sa descente sans personne aux commandes.

Ottawa exigera également que les compagnies de chemin de fer, y compris celles «d'intérêt local» — il y en a 22 ou 23 au Canada, selon la ministre Raitt — lui soumettent des plans de formation. Elles devront le faire d'ici précisément deux semaines, soit le 12 novembre.

Le gouvernement fédéral avait été accusé par le BST d'avoir fait preuve de laxisme à l'égard des compagnies ferroviaires, laissant certaines d'entre elles, dont la MMA, mener leurs activités de façon inadéquate sans supervision appropriée.

L'organisme de vérification indépendant avait également décelé de nombreuses lacunes au chapitre de la formation du personnel chez la MMA, où régnait une «faible culture de la sécurité» et où il était jugé acceptable de faire le strict minimum et de tolérer les conditions dangereuses.

La quatrième mesure annoncée mercredi par la ministre concerne l'évaluation de la dangerosité du pétrole transporté sur les rails du pays.

Car si l'on se fie aux propos de Mme Raitt, il semble impossible de freiner la croissance exponentielle du transport d'hydrocarbures au Canada.

«Le pétrole brut est quelque chose qui doit circuler au pays, et à l'heure actuelle, la façon populaire de le faire est par rail, et je suis certaine que les compagnies continueront à le faire. C'est ce que les expéditeurs veulent, c'est ce que les compagnies ferroviaires offrent», a-t-elle exposé.

Le gouvernement s'engage donc à effectuer des recherches plus approfondies sur les propriétés, le comportement et les dangers du pétrole brut et à lancer une campagne d'inspection ciblée afin de vérifier la classification des marchandises expédiées par train.

À ces fins, Transports Canada embauchera du personnel à l'interne — Mme Raitt a dit ignorer combien — tout en travaillant de manière concertée avec divers acteurs disposant d'une expertise.

Le pétrole brut qui se trouvait dans le convoi qui a explosé au coeur du centre-ville de Lac-Mégantic le 6 juillet 2013 n'avait pas été correctement identifié, selon les informations rendues publiques en septembre 2013 par le BST.

Les chefs des deux principaux partis d'opposition à Ottawa ont accueilli sans trop d'enthousiasme l'annonce de la ministre.

Pour le néo-démocrate Thomas Mulcair, il est clair que l'industrie ferroviaire canadienne a eu les coudées beaucoup trop franches au cours des dernières décennies, les gouvernements l'ayant laissée évoluer dans un contexte d'autorégulation.

«On ne peut pas demander à une compagnie qui est dans un parfait conflit d'intérêts de s'autoévaluer; c'est comme de demander à un étudiant de se donner une note à son examen», a-t-il ironisé.

La «base même» de l'activité gouvernementale est d'assurer la sécurité du public, et «dans plein de domaines, on laisse ça tomber», a dénoncé M. Mulcair, estimant néanmoins que l'embauche d'une dizaine de vérificateurs représentait un «pas dans la bonne direction».

Pour sa part, le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, a critiqué la lenteur du gouvernement à mettre en place de nouvelles mesures.

«Il me semble qu'on aurait peut-être besoin de plus que juste 10 (vérificateurs)», a-t-il laissé tomber en point de presse.

La mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy Laroche, a reconnu que les mesures de sécurité additionnelles rendraient le transport ferroviaire au Canada plus sécuritaire.

Mais elle a prévenu le gouvernement qu'elle s'attendait à davantage.

Transports Canada doit considérer «inclure des règlements encore plus sévères et serrés dans les endroits déterminés à plus haut risque d'accident comme à Nantes près de Lac-Mégantic», a déclaré la première magistrate par voie de communiqué.

La municipalité continuera par ailleurs «de réclamer une voie de contournement ferroviaire afin d’assurer la sécurité des citoyens», a spécifié Mme Roy Laroche.

La tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic a fait 47 victimes lorsqu'un convoi pétrolier de la MMA a déraillé, puis explosé en plein coeur de la petite ville estrienne de quelque 6000 âmes.

Lisa Raitt a réitéré mercredi que cette catastrophe s'était produite parce que les règles en vigueur n'avaient pas été respectées.

«Le cas de Lac-Mégantic en est un où les règles n'ont pas été suivies, et la Sûreté du Québec a de fait déposé des accusations contre les individus, alors ça, c'est clair. Des règles étaient en place», a-t-elle insisté en conférence de presse dans le foyer des Communes.

La police provinciale a en effet accusé en mai 2014 trois employés de la MMA dans la foulée de la tragédie.

Thomas Harding, Jean Demaître et Richard Labrie font chacun face à 47 chefs d'accusation de négligence criminelle ayant causé la mort — un pour chaque victime de la catastrophe.

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