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« J'avais besoin de sang neuf »: Patrick Norman présente son 29e album (ENTREVUE)

« J'avais besoin de sang neuf »: Patrick Norman présente son 29e album (ENTREVUE)
Jean-François Cyr

Patrick Norman est une sorte de monstre sacré dans le milieu de la musique québécoise. Pour preuve, des jeunes musiciens talentueux de la trempe de Joe Grass, François Plante, Jocelyn Tellier ou encore François Lafontaine ont collaboré avec l’homme de 68 ans pour mettre au monde un 29e album au country rafraichi intitulé Après la tombée du rideau. Rencontre.

Dans une chambre d’hôtel de la rue Berri, à Montréal, le mélodiste exceptionnel, l’homme au picking de feu, le payer, le champion du country délicat est entièrement là, avenant, énergique, convaincu. Il a par ailleurs laissé tomber son traditionnel bandeau pour présenter son étincelant crâne dégarni. Patrick Norman a la fougue d’un jeune homme de 30 ans.

Après les présentations d’usage, il s’assoit sur un divan brun-beige au carrelage un peu vétuste. Ça se poursuit, l’homme a les yeux qui brillent… Visiblement, il a bien hâte de proposer à ses amateurs le fruit de son travail, qui s’étend maintenant sur plus de 45 années. Pourquoi toute cette fébrilité? Ça s’explique en grande partie en raison du léger vent de changement. L’artiste a revampé la façade de son large répertoire, comme si le proprio avait rafistolé son édifice avec engouement. Pour y parvenir, Patrick Norman « s’est payé un trip » avec de jeunes talents qu’il surnomme affectueusement « les Cochons Sales ».

« J’étais rendu là. J’avais le goût d’aller ailleurs. J’ai commencé à travailler avec Sam (Samuel Joly, 28 ans, réalisateur du disque) v’là peut-être deux ans. On a fait un projet ensemble concernant une de mes pièces composées en anglais… Ce n’est pas sorti encore. Je ne sais pas quoi faire avec ce morceau. C’est très R’n’B (nous pourrons d’ailleurs entendre sur le iPhone de M. Norman la très jolie maquette). Du style d’Al Green. Ça peut ressembler un peu à l’esprit de la chanson On dépend l’un de l’autre du nouvel album, avec ses instrumentations rythmées (wurly, orgue, guitares, basse, batterie, percussions) et son saxophone baryton. En tout cas, Samuel m’a permis de rencontrer son entourage de créateurs… »

Aux dires de Patrick Norman, ces musiciens se connaissent et ça se sentait à l’enregistrement de l’album au studio Pierre Marchand. « Ils réalisent différents projets, Ils travaillent ensemble à l’occasion, ce sont des gars qui sont habitués de jouer ensemble. Ils ont une belle symbiose. Ils sont hot ! Tout a été joué en même temps durant le studio. Presque pas d’overdubs, c’était sur le moment. Toute la magie est là, dans ce noyau qui m’a fait capoter. »

« J’ai mis ma musique dans les mains de ces jeunes-là et j’ai eu beaucoup de fun, ajoute-t-il. Je leur ai dit de m’amener quelque part. Je voulais m’amuser. J’avais besoin de sang neuf. J’ai eu peur desfois, parce que je ne voulais juste pas perdre mon public. Mais pas grave, let’s go. Je pense qu’on a réussi à garder qui je suis tout en réussissant à élargir mon stock. »

Oser au naturel

En effet, Après la tombée du rideau est une proposition un brin plus audacieuse. Sans se dénaturer, Patrick Norman à fait de la place aux idées nouvelles, aux airs du temps. La voie est toujours balisée de drapeaux country (à commencer ce timbre de voix singulier qui évoque parfois le gospel), mais le genre est définitivement revigoré par des arrangements différents et légèrement plus énergiques, comme en fait foi la chanson-titre de l’album sur laquelle les instruments joués de manière délicate mettent en valeur le texte de son fidèle comparse Bourbon Gauthier.

La tombée du rideau, vraiment ?

« Non, ce n’est pas un symbole de la fin de ma carrière (rires). La chanson parle de mon alter ego, en fait. J’ai participé à une émission télé il y a quelques années. Je m’y suis ouvert sur toutes sortes de sujets. Parmi les invités, il y avait mon ami Bourbon Gauthier. On s’est mis à parler de Yvon Éthier, l’autre moi, celui qui a été tassé durant très longtemps par Patrick Norman… C’est après ce moment qu’il a décidé d’écrire une pièce dans laquelle Yvon Éthier s’exprime enfin. De là l’idée de la tombée du rideau. Ça parle juste de ma vie personnelle et non de la fin des opérations ! (Rires) Je fais annuellement une centaine de spectacles et ça fait quand même longtemps que ça dure. Je n’ai pas encore envie d’arrêter… »

À l’écoute de cet album en deux temps, à savoir les balades (Quand elle laisse tomber ses cheveux, Chanson pour Maxence, Je fais pleurer mes amis) et les morceaux plus entraînants (la populaire C’était l’été, Jamais t’auras ma peau, la souriante Babe), on réalise que le dernier disque de Norman est empreint de bonne humeur et de joie de vivre: « J’ai eu des moments difficiles, une extrême fatigue, des problèmes de santé, mais là, je me sens super bien. »

En salle

Quand un chanteur-guitariste de la trempe de Patrick Norman se dit heureux en musique et dans sa vie personnelle, on s’attend à le revoir monter sur les planches aux quatre coins du Québec pour partager ce qu’il sait faire de mieux depuis si longtemps.

« J’ai envie d’offrir ces nouvelles chansons sur scène. J’en suis fier. On travaille en ce moment sur le spectacle. D’ici là, il faut venir me voir au National pour le lancement. On va faire tout l’album. Je serai accompagné de neuf musiciens, toutes des personnes (Joe Grass sera toutefois remplacé par un autre très compétent guitariste montréalais, Rick Haworth) qui ont travaillé avec moi sur le disque. Je pense aussi envoyer quelques autres classiques dans tout ça », explique avec enthousiasme le chanteur de l’immortelle Quand on est en amour.

Avec Après la tombée du rideau, Patrick Norman est certes à la conquête d’un nouveau son, mais il lance aussi un appel à une sorte de nouvelle communion intergénérationnelle. Et ça fonctionne, tout simplement.

Patrick Norman offrira un spectacle-lancement le 30 octobre, au National.

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Après la tombée du rideau

Patrick Norman

Country, folk

Disques GPN

En magasin le 28 octobre

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