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Programme québécois d'aide aux vignerons: les producteurs déchantent

Aide aux vignerons: les producteurs déchantent
Radio-Canada

Avec des ventes en hausse de plus de 6o %, les vins québécois connaissent un beau succès à la SAQ depuis quelques mois. Cette récente percée s'est faite en partie grâce à un programme québécois d'aide aux vignerons, annoncé l'automne dernier. Mais les vignerons attendent toujours d'être payés et la situation devient catastrophique pour plusieurs.

Un texte de Michel Marsolais

« Tous les producteurs qui vendent en SAQ actuellement attendent un retour important. On parle facilement de 100 000 $ par entreprise. C'est majeur! »

— Charles-Henri de Coussergues, président de l'Association des vignerons du Québec

Faire des profits en vendant à la SAQ a toujours été le rêve des vignerons québécois. Depuis quelques mois, ceux-ci ont cru que le rêve devenait réalité, mais voilà qu'il tourne au cauchemar. L'État leur doit maintenant plus d'un million et demi de dollars. À défaut de paiement, plusieurs songent à retirer leur vin des tablettes de la SAQ pour tenter de sauver les meubles.

Le problème ne se trouve pourtant pas à la SAQ, qui s'est engagée dans la promotion des vins du terroir, mais au gouvernement du Québec.

Comme les vignerons du Québec doivent vendre à perte à la SAQ et concurrencer des vins très subventionnés, le gouvernement du Parti québécois avait annoncé l'automne dernier un programme d'aide à la commercialisation.

Le programme, géré par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et Alimentation (MAPAQ), accordait une aide d'un peu plus de quatre dollars par bouteille pour les vins certifiés vendus en SAQ. Une somme qui fait la différence entre vendre à profit et vendre à perte.

Or, les vignerons n'ont jamais reçu l'argent.

« On a investi, on est allé emprunter et les banques ont suivi. Maintenant, il faut payer. Et tout a été fait en fonction de l'annonce de la première ministre du Québec », s'insurge Charles-Henri de Coussergues, un pionnier de la viticulture au Québec qui, après 30 ans de combat pour faire reconnaître son industrie, a l'impression de vivre un retour en arrière.

L'été dernier, Yvan Quirion se réjouissait de vendre la majeure partie de sa production via la SAQ. Aujourd'hui, il déchante.

« Au Domaine St-Jacques, on a tout misé en SAQ. La preuve, c'est qu'on a ouvert la boutique un mois plus tard ici. On l'a fermée un mois plus tôt parce qu'on a envoyé 90 % de nos vins et je ne suis pas seul. On n'est pas capable de payer nos coûts et les vendanges sont finies. Il faut payer la main-d'œuvre. »

— Yvan Quirion, Domaine St-Jacques

Au pied du mur

Le MAPAQ n'a pas voulu expliquer les raisons de ce retard de paiement. Ironiquement, le frère du ministre de l'Agriculture, Pierre Paradis, est aussi un vigneron à qui le MAPAQ doit une forte somme.

Certains vignobles comme le Domaine Rivière du Chêne, à Saint-Eustache, se disent actuellement au pied du mur.

« Je suis inquiet, j'ai peur de perdre des collègues. Et si on perd un collègue, je vous garantis que ça va aller mal », colère Yvan Quirion.

Charles-Henri de Coussergues rappelle que les autres provinces canadiennes qui ont investi dans la viticulture ont bénéficié de retombées économiques importantes.

« Encore une fois, on est à la traîne parce que notre gouvernement n'est pas capable de se positionner sur la viticulture. C'est d'autant plus frustrant qu'on achète 200 millions de bouteilles de vin à l'étranger et on représente moins de 1% des ventes », déplore-t-il.

Beaucoup de vignerons québécois souhaiteraient pouvoir bénéficier d'un traitement préférentiel à la SAQ plutôt que de dépendre de programmes d'aide qui sont toujours soumis au jeu politique. La SAQ estime toutefois qu'elle doit appliquer la même marge bénéficiaire à tous les vins peu importe leur provenance en raison d'accords commerciaux internationaux.

« Tout ce qu'on veut c'est pouvoir compétitionner à armes égales avec les vins étrangers », souligne Yvan Quirion.

En réaction, un autre groupe de vignerons préconise plutôt une percée dans les épiceries et les dépanneurs pour les vins québécois.

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