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Scanner 3D: on a testé deux méthodes pour scanner les humains en trois dimensions (PHOTOS/VIDÉO)

On a testé pour vous: se faire scanner en 3D (PHOTOS/VIDÉO)
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Le bruit du déclencheur est retentissant. Dans un cube blanc de 3 mètres carrés, 62 appareils photo se sont activés en même temps afin de capturer leur sujet sous tous les angles. Voilà comment Digitage, une jeune start-up parisienne, s’y prend pour scanner ses sujets en 3 dimensions.

Déjà spécialisée dans le scan 3D d’objets et de sites culturels, cette petite entreprise se lance aujourd’hui dans le scan de personnes avec l’ouverture de son premier studio photo 3D à Paris.

Pourquoi cette nouvelle activité? "Pour répondre à la demande du public, explique Orpheas Ladas, l’un des trois associés de Digitage. Quand on présente notre travail avec les objets, les gens nous demandent très souvent si nous pouvons les scanner eux." Avec l’apparition à l’étranger de figurines imprimées à partir des modèles 3D, la demande a explosé.

Se faire scanner et repartir avec une figurine à son effigie, c’est d’ailleurs l’offre principal du studio 3D de Digitage. Pour cela la start-up a dû trouver un autre procédé que celui qu’elle utilise pour les objets archéologiques. "Pour scanner des humains, il fallait que ça soit plus rapide", commente Orpheas Ladas.

La solution: 62 appareils photo Canon 1200D (18 megapixels) se déclenchant simultanément pour obtenir un panorama à 360° de la personne. L’installation est coûteuse. 44 000 dollars ont été nécessaires pour acheter tous ces appareils et les relier aux ordinateurs. Mais c’est le prix pour faire de la 3D en quelques secondes. Avec ce fonctionnement, le sujet n’a qu’à poser au milieu du studio, il peut sauter en l’air si bon lui semble, la prise de vue est instantanée.

Mais aussi rapide soit-il, ce scan 3D a encore du mal avec les détails: les cheveux et les petits motifs ont du mal à passer. L’équipe nous fait retirer nos lunettes.

Une fois la photo prise, un spécialiste traite les 62 images. Assemblées, elles passent par quatre logiciels différents et un peu d’infographie pour être transformées en avatar 3D. Digitage travaille à l’automatisation de ces techniques mais, pour l’instant, le traitement d’une image peut prendre entre 30 minutes et 1 heure.

Le résultat de notre test, le voici.

Entre la réalité et notre modèle 3D, on peut avoir l’impression d’être transposé dans une vieille version du jeu vidéo FIFA, mais certains rendus, notamment celui des vêtements, sont impressionnants.

Figurine ou réalité augmentée

Que peut-on faire de ce modèle 3D? Une figurine, pour ceux qui souhaitent posséder un modèle réduit d’eux-même ou une statuette de leur couple à poser en haut de la pièce montée du mariage. Premier prix : 202 DOLLARS. 253 dollars pour le plus grand modèle.

Pour la réaliser, Digitage travaille avec une autre entreprise française: Sculpteo. Déjà partenaire de La Poste pour ses activités d’impression en 3D, Sculpteo n’imprime pas les figurines en polymère mais travaille avec de la poudre minérale, assemblée dans une machine avec de la colle et colorée en temps réel. La figurine n’est donc pas en plastique.

Le résultat est de bonne facture mais l’impression 3D a beau progresser, il faut une heure pour réaliser un centimètre de statuette avec cette technique. Impossible donc de repartir d’un studio de photo 3D avec sa figurine. Chez Digitage ou ailleurs, les objets sont expédiés chez le client sous 10 jours.

Autres possibilités à partir du modèle 3D: il est possible d’intégrer directement cet avatar sur une page Web, d’en partager le lien sur les réseaux sociaux, mais aussi de l’utiliser pour de la réalité augmentée.

Un couple a par exemple demandé à ce que son modèle 3D apparaisse en réalité augmentée à partir de leur faire part de mariage. Leurs invités peuvent ainsi scanner le carton avec leur mobile et l’application dédiée pour voir apparaître les futurs époux en 3D. "Nous pouvons faire la même chose avec une carte de visite", explique Alexis Dejoux, second associé de Digitage.

Depuis deux mois, l'entreprise scanne ainsi des futurs mariés, des amis, des comédiens en costume, des bébés ou encore des animaux de compagnie. Prochain objectif: améliorer leur studio et le rendre facile à transporter pour l’emmener sur des salons (celui du mariage par exemple).

Un scanner mobile

Créer un scanner mobile, c’est ce qu’a réussi à faire l’entrepreneur marseillais Shakir Bader. C’est à Gémenos dans les Bouches-du-Rhône, que son entreprise, Matrix 3D-Printer, a développé le Body Scanner 3D.

Comme le nom l’indique, ici aussi il s’agit de scanner le corps humain mais la technique est différente. Pas d’appareils photo, le sujet s’installe sur une plateforme rotative, devant le scanner, et tourne sur lui-même pendant 3 à 5 minutes, le temps que la machine capture chaque partie de son anatomie.

La technique est plus longue pour le sujet, difficile de faire une pose dynamique ou de rester dans la même posture sur ce tour de potier 2.0. Mais le traitement des données, automatisé, est extrêmement rapide. En moins de 3 minutes, les images sont transformées en un avatar 3D, aussi réaliste – voire plus – que chez Digitage.

Un scanner pour les kinés ou les salles de gym

Destiné à des professionnels, sans qu’ils aient besoin d’être experts en 3D puisque tout est automatisé, le Body Scanner est vendu 12 000 dollars si le client y ajoute une imprimante 3D pour imprimer des figurines jusqu’à 25 centimètres de hauteur. Un coût relativement modeste qui attire les premiers clients depuis la machine a été présentée au salon IFA de Berlin.

Dans son carnet de commandes, Shakir Bader a ainsi vendu un scanner à des Suisses, spécialistes des animations dans les galeries marchandes, qui souhaitent créer un stand de figurines 3D. Mais Matrix 3D se rapproche aussi du milieu médical.

L’entreprise marseillaise commence en effet à travailler avec des cabinets de kinésithérapie. "Certains kinés aimeraient pouvoir scanner leurs patients régulièrement et tout particulièrement leur dos, pour voir l’évolution de leur traitement et pouvoir le montrer au patient", explique Shakir Bader. Difficile de croire qu’un modèle 3D peut être plus parlant qu’une radio, mais les détails sont assez visibles. “On peut observer une déformation dorsale”, assure le chef d’entreprise. Sur ma figurine on voit une scoliose”, montre-t-il du doigt.

Autres clients potentiels: les cabinets de chirurgie esthétique. "Des spécialistes de la chirurgie reconstructive sont intéressés, explique Shakir Bader. Dans le cas d’un cancer du sein, on pourrait scanner la poitrine de la patiente pour la reconstruire de façon très précise après son traitement.”

Matrix 3D-Printer s’apprête aussi à travailler avec des salles de sports dans lesquelles les clients, soucieux de leur apparence, seront ravis de suivre l’évolution de leur plastique à partir de modèles 3D et de repartir de leur entraînement avec une figurine à leur effigie. Les applications médicales existent mais les scanners 3D soignent avant tout l’égo.

Première méthode: le studio photo 3D

Scanner 3D, le test

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