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Elliot Lake: erreurs, négligence et avarice responsables de la tragédie

Elliot Lake: le rapport point des erreurs, de la négligence et l'avarice
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La première cause de l'effondrement mortel du toit du centre commercial Algo est l'erreur humaine, selon le rapport de la commission d'enquête publique sur Elliot Lake. Même si le toit du centre commercial a cédé en raison de la rouille causée par les infiltrations d'eau, le juge Paul Bélanger critique sévèrement la négligence et l'inaction des propriétaires successifs du centre commercial Algo, ainsi que celles de plusieurs ingénieurs et inspecteurs du bâtiment.

L'effondrement partiel du toit du centre Algo, qui servait aussi de stationnement, a coûté la vie à Lucie Aylwin, âgée de 37 ans, et à Doloris Perizzolo, âgée de 74 ans, en plus de blesser une vingtaine de personnes le 23 juin 2012.

« Tous les trois propriétaires disposaient de ressources suffisantes pour réparer les fuites. Aucun ne l'a fait » — Paul Bélanger

La cause précise de l'effondrement est la défaillance soudaine d'un raccordement entre une poutre et une colonne de l'infrastructure d'acier, conséquence des infiltrations d'eau depuis la construction du bâtiment en 1979.

Dans son rapport, M. Bélanger affirme que plusieurs personnes impliquées dans la construction et la gestion du centre Algo ont manqué à leurs responsabilités, que ce soit les concepteurs, les constructeurs, les propriétaires, les architectes, les ingénieurs, ainsi que des fonctionnaires municipaux et provinciaux.

« Certains de ces manquements étaient mineurs, d'autres ne l'étaient pas : ils prenaient diverses formes, s'étalant entre l'apathie, la négligence et l'indifférence, par la médiocrité, l'inaptitude ou l'incompétence, jusqu'à l'avarice pure et simple, l'obscurcissement et la duplicité », écrit-il.

« Certains ingénieurs ont oublié le fondement moral et éthique de leur profession » — Paul Bélanger

Le juge écorche aussi la Municipalité d'Elliot Lake. Selon lui, des inspecteurs municipaux n'avaient pas les compétences requises pour un tel travail. Il qualifie aussi de cachottière l'administration municipale, qui a, dit-il, fermé les yeux sur les fuites d'eau du centre Algo.

Il ajoute que les autorités municipales n'ont pas appliqué ou mal appliqué leurs propres règlements sur les normes du bâtiment, puis soutient que, même si le ministère du Travail de l'Ontario a été impliqué dans le dossier, la question des infiltrations d'eau n'a pas suscité beaucoup d'intérêt.

Des secours rapides, mais confus

Bien qu'il félicite les sauveteurs pour leurs efforts et leur courage, le juge Paul Bélanger souligne que l'intervention des secours d'urgence était loin d'être parfaite.

« L'offre de service de Sauvetage minier Ontario n'aurait pas dû être ignorée » — Paul Bélanger

Le juge souligne la rapidité des premiers répondants déployés par les autorités locales. Il soutient néanmoins que l'équipe de recherche et de sauvetage en milieu urbain aurait pu être envoyée sur les lieux plus rapidement. « L'absence d'un plan d'action en cas d'incident a freiné les efforts de sauvetage », écrit-il.

« On se posera longtemps des questions sur la possibilité que Lucie Aylwin ait pu être sauvée » — Paul Bélanger

Paul Bélanger explique qu'il est impossible de savoir précisément combien de temps Lucie Aylwin aurait survécu sous les débris, mais selon lui, il est peu probable qu'elle ait survécu plus de 39 heures.

Il estime également que les familles des victimes n'ont pas été suffisamment bien informées pendant les efforts d'urgence. Il écrit que l'absence de nouvelles pour les familles, ainsi que pour le grand public, a créé de l'agitation et des spéculations dans la communauté.

Enfin, le juge félicite l'ex-premier ministre Dalton McGuinty pour son intervention dans la reprise du sauvetage et la récupération des corps, alors que les sauveteurs avaient annoncé l'abandon des recherches en raison de l'instabilité du bâtiment. « L'intervention du premier ministre s'est immédiatement soldée par des résultats concrets », peut-on lire dans le rapport.

71 recommandations

Le juge Bélanger formule 71 recommandations dans son rapport d'enquête publique pour éviter qu'une telle tragédie ne se reproduise. Il demande au gouvernement provincial de les mettre en oeuvre d'ici un an.

Il recommande, entre autres, d'établir des normes minimales d'entretien des bâtiments en Ontario, de faire mener des inspections par des ingénieurs dûment qualifiés au moment de la vente des bâtiments et à fréquence établie en fonction des risques.

Il suggère aussi d'établir un système de formation continue pour les ingénieurs ontariens, et que l'information sur les inspections soit rendue publique et compréhensible.

Enfin, il demande à la province d'améliorer sa capacité de réponse en cas d'effondrement en Ontario.

ELLIOT LAKE MALL COLLAPSE

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