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Procès Magnotta: les traces de sang dans l'appartement ont été bien mal nettoyées

Procès Magnotta: les pièces à conviction scrutés par la biologiste légiste
PC

MONTRÉAL - Les jurés au procès de Luka Rocco Magnotta, accusé du meurtre prémédité de l'étudiant chinois Jun Lin, en mai 2012, ont appris mercredi que les policiers montréalais avaient finalement retrouvé la tête de la victime grâce à une information transmise par un avocat de Toronto.

L'enquêteur Antonio Paradiso, de la section des crimes majeurs au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), a raconté au tribunal qu'il avait reçu le 1er juillet 2012 par télécopieur un message adressé à son nom. Me Raphael J. Feldstein, qu'il n'avait jamais rencontré, lui indiquait grosso modo la marche à suivre pour «trouver ce qu'il cherchait» au parc Angrignon, dans le sud-ouest de Montréal.

À ce moment-là, les enquêteurs du SPVM étaient toujours à la recherche de la tête de la victime, alors que les autres membres avaient été retrouvés un mois auparavant à Montréal, Ottawa et Vancouver.

L'enquêteur Paradiso a alors vainement tenté de joindre l'avocat torontois pour obtenir des indications plus précises. Il s'est quand même rendu avec un collègue au parc Angrignon, qui est assez vaste, sans rien trouver. Mais revenu plus tard le même jour avec une escouade canine, il a finalement découvert la tête de la victime dans des hautes herbes, près d'un étang, a-t-il relaté mercredi.

M. Paradiso, qui était un «enquêteur de soutien» dans cette affaire, faisait partie de l'escorte policière qui a ramené Magnotta en avion à Montréal le 18 juin, après son arrestation dans un cybercafé de Berlin deux semaines plus tôt. Après qu'on lui a lu dans l'avion ses droits et le mandat d'amener, Magnotta a indiqué qu'il avait parlé avec son avocat et qu'il se prévalait de son droit de garder le silence, a raconté M. Paradiso. Pieds et poings liés, Magnotta a dormi pendant une bonne partie du voyage, a mangé (avec l'aide du policier), est allé aux toilettes deux fois et n'a pas parlé beaucoup, a indiqué l'inspecteur.

Rapport de toxicologie

Plus tôt mercredi, la toxicologue judiciaire Catherine Lavallée est venue expliquer aux jurés qu'on avait trouvé dans l'organisme de la victime la présence du sédatif témazépam et de l'antihistaminique Bénadryl, comme l'avait déjà indiqué dans son témoignage le pathologiste Yann Dazé, la semaine dernière.

Le témazépam, fabriqué sous le nom commercial Restoril, n'est habituellement vendu que sur ordonnance au Canada. Mais la toxicologue a rappelé aux jurés que la plupart des médicaments peuvent aujourd'hui être achetés sur Internet.

Mme Lavallée a de plus indiqué qu'elle avait trouvé du témazépam dans une bouteille de vin vide soumise à son expertise par la police, qui l'avait trouvée dans les ordures. Mais la chimiste n'a pu déterminer quelle quantité de sédatif avait été versé dans la bouteille, car celle-ci était vide.

Ces médicaments font leur effet de une à trois heures après l'ingestion, et peuvent affaiblir aussi bien les capacités physiques que mentales de la personne. Pris ensemble, ils peuvent causer la somnolence, la confusion, la perte de motricité et même l'amnésie. La combinaison de ces médicaments avec l'alcool peut neutraliser une personne, a expliqué la chimiste.

En contre-interrogatoire, la toxicologue judiciaire a admis qu'elle ne pouvait déterminer si Jun Lin avait pris volontairement ces médicaments. Elle n'a pas pu non plus déterminer les doses ingérées, à cause de l'état de décomposition du corps, et parce qu'elle n'a pas obtenu d'échantillons d'urine ou de sang. Mais elle a soutenu que les quantités retrouvées dans l'organisme auraient été plus grandes juste après le décès que lors de son analyse quelques jours plus tard.

Le sang mal nettoyé

En matinée, la biologiste légiste Jacinthe Prévost avait poursuivi son témoignage en indiquant que les tentatives pour effacer les traces de sang dans l'appartement de l'accusé n'avaient pas donné de très bons résultats.

La veille, elle avait indiqué que l'appartement semblait avoir été nettoyé, mais a ensuite admis en contre-interrogatoire que cela n'avait pas été très efficace.

Mme Prévost, qui a examiné l'appartement de Côte-des-Neiges et les pièces à conviction saisies par la police, a aussi expliqué mercredi matin qu'elle avait analysé les traces de sperme retrouvées dans le petit meublé de l'accusé et sur des vêtements jetés aux ordures derrière son immeuble, mais qu'elle n'avait pas trouvé de traces du sperme de la victime.

Magnotta, âgé de 32 ans, a plaidé non coupable aux cinq accusations qui pèsent contre lui: meurtre prémédité, outrage à un cadavre, production et distribution de matériel obscène, utilisation de la poste pour envoyer du matériel obscène, et harcèlement criminel contre le premier ministre Stephen Harper et d'autres députés fédéraux.

L'accusé admet avoir commis les gestes qui lui sont reprochés, mais son avocat tentera de plaider l'aliénation mentale pour le disculper. La Couronne, elle, veut démontrer qu'il s'agit d'un crime planifié.

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