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Des places «fantômes» en garderies familiales qui coûtent une fortune

Des places «fantômes» en garderies familiales qui coûtent 15 millions par année
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La coordonnatrice d'un vaste réseau de services de garde en milieu familial situé en périphérie de Montréal déplore que plusieurs garderies de son réseau retirent des subventions auxquels elles n'ont pas droit.

Un texte de Normand Grondin

Entre septembre 2013 et août 2014, a-t-elle confié à Radio-Canada, les quelque 120 services de garde de son réseau ont réclamé 332 000 $ en subventions pour des places « fantômes », c'est-à-dire des places qui ne sont pas occupées réellement par des enfants.

Cette coordonnatrice, qui ne veut pas être identifiée par crainte de représailles, fait ce constat troublant en se fondant sur les fiches de présence des quelque 700 enfants inscrits dans ces garderies.

Pour cette période, le taux d'absence global a ainsi atteint 25 %. Or, en principe, ce taux devrait plutôt avoisiner les 5 % à 10 %, ce qui correspond à une ou deux journées d'absence par mois par enfant.

Des statistiques révélatrices

Plus spécifiquement, 48 % de ces services de garde ont reçu des subventions durant la période des Fêtes même si les enfants les fréquentant étaient absents. La même situation a prévalu dans 28 % des garderies durant la période estivale et dans 13 % d'entre elles durant la relâche scolaire.

Par ailleurs, et toujours durant la période comprise entre septembre 2013 et août 2014, les données révèlent que 24 % des services de garde ont reçu des subventions à temps plein pour des enfants qui n'étaient présents qu'à temps partiel et que 17 % des services de garde ont reçu des subventions pour des poupons inscrits, mais absents durant plusieurs mois. C'est ce qu'on appelle « réserver une place pour un poupon ».

Quelques chiffres

  • Près de 30 % des responsables de services de garde (RSG) du territoire étudié ont un taux d'occupation inférieur à 80 %.
  • Pour la période estivale, il a été possible de comptabiliser 14 semaines pour lesquelles des RSG réclament la pleine subvention alors qu'elles déclarent tous les enfants absents de leurs services de garde.
  • Un peu moins de 20 % des RSG font de la réservation de places pour des poupons.
  • Le quart des RSG signent des ententes de principe qui ne correspondent pas aux besoins des parents en ce qui à trait aux nombre de jours de garde par semaine.

La semaine dernière, la présidente du Conseil québécois des services de garde éducatifs à l'enfance, Francine Lessard, a estimé que ces pratiques coûtaient 15 millions par année à l'État québécois.

Elle a exhorté la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, à donner plus de pouvoirs aux 163 bureaux coordonnateurs des centres de la petite enfance (CPE) et des garderies en milieu familial, pour qu'ils puissent resserrer les contrôles sur les sommes réclamées en trop à Québec.

Actuellement, seuls sept inspecteurs du ministère de la Famille s'acquittent de cette tâche dans la province.

La ministre Charbonneau n'a pas hésité à parler de « fraude » pour qualifier le fait que l'État perdait chaque année des millions de dollars en finançant ces places « fantômes » en garderie. La ministre avait cependant ajouté qu'il lui manquait de preuves.

Rappelons que le Québec compte 16 000 services de garde en milieu familial.

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