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Cancer du sein : 10 réponses pour faire le tri dans les idées reçues

Cancer du sein : 10 réponses pour faire le tri dans les idées reçues
Fabrice LEROUGE via Getty Images

Ôde à la poitrine. Quoi de plus féminin et d'intime? Nos seins sont sans doute la partie de notre corps avec laquelle on entretient la relation la plus particulière. Petits, généreux, biscornus, bien construits, chacune d'entre nous porte un regard sur eux, parfois sévère, toujours honnête.

Et puis il y a ce jour où tout bascule. Pourtant comme chaque matin, on répète les mêmes gestes mais à l'aube de cette journée notre poitrine a changé. Curieusement, quelque chose s'est interposé entre elle et nous. Cette grosseur que l'on n'avait pas remarquée s'est glissée à pas de loup dans notre corps.

Aujourd'hui, le cancer du sein touche 48.000 femmes par an. Même s'il est celui dont on guérit le mieux, 46 % des cancers qui touchent les femmes se développent sur les glandes mammaires. On ne répétera bien sûr jamais assez à quel point la prévention est importante.

En revanche, il s'agit également de ne pas se bourrer l'esprit, jusqu'à l'hypocondrie, en récoltant des informations n'importe où. Les études sorties de contexte, les forums où toute explication et son contraire se côtoient et, de manière générale, toutes les déclarations qui sortent de nulle part n'aident pas à y voir plus clair.

Pour mettre fin à toutes ces croyances, le docteur Marc Espié, responsable du centre des maladies du sein de l'hôpital Saint-Louis à Paris, nous a aidés à mieux comprendre ce que l'on sait (et ce que l'on ne sait pas) sur le cancer du sein).

1. La double mastectomie est-elle vraiment plus prudente ?

Ce que l'on entend : "Oh bah c'est quand même plus prudent", "Regarde Angelina Jolie, elle l'a fait", "Au moins on est sûre de pas en avoir"...

Ce qu'il en est vraiment : Il faut remettre les choses dans leurs contextes. Non la double mastectomie n'est pas plus prudente. En tout cas "elle n'est pas nécessaire pour les femmes qui n'ont pas de mutations génétiques. Pour celles qui malheureusement en ont, il faut alors en discuter", précise le docteur Espié. Mais la double mastectomie mesdames, c'est comme les antibiotiques, c'est pas automatique.

Pour ce qui est d'Angelina Jolie, elle est un cas à part. À cause d'un gène particulier, la star hollywoodienne avait, selon les médecins, 87% de risques de développer un cancer du sein si elle gardait sa poitrine. Un diagnostic qui heureusement concerne peu de femmes.

2. Votre corps est-il détruit à jamais après un cancer du sein ?

Ce que l'on entend : "Ça doit être horrible ", "T'imagine...", "Tu dois plus te reconnaître"...

Ce qu'il en est vraiment : Halte là ! Doucement les idées reçues! C'est l'une des questions qui angoissent le plus les femmes. Et si mon corps changeait à jamais? En réalité, tout est une question de psychologie, explique le docteur. "Forcément si une femme a reçu une ablation d'un sein son corps change à jamais mais le plus important c'est sa façon de l'accepter. À chaque femme sa réaction. Certaines ayant subi une mastectomie vont accepter leur corps mutilé plutôt facilement tandis que d'autres auront été traumatisées par une cicatrice pourtant pas si imposante." Tout est une question de ressenti mais malheureusement avant de l'avoir vécu on ne sait pas quelle sera notre réaction.

3. Les fruits et légumes ont-il vraiment un impact ?

Ce que l'on entend : "Les fruits et légumes c'est anti-cancérigène"

Ce qu'il en est vraiment : "Rien n'est démontré pour le cancer du sein. En termes d'alimentation, on préconise d'éviter les aliments gras et sucrés, les plats préparés, l'huile de palme, l'alcool... En revanche il n'est pas encore réellement prouvé que tel ou tel aliment est anti-cancérigène. L'important est surtout de changer notre appréhension de la nutrition. Ne pas penser nutriment par nutriment mais plutôt considérer l'alchimie entre les aliments".

4. L'auto examen et la mammographie sont-ils les meilleurs moyens de le prévenir ?

Ce que l'on entend : "On est parfois sur-diagnostiqué", "L'auto-examen c'est pas forcément nécessaire mieux vaut voir un médecin" ...

Ce qu'il en est vraiment : On n'est pas tous médecin et capable de déterminer si l'on souffre ou non d'un cancer du sein. Mais observer son corps, garder un œil dessus est une des étapes de la prévention. "Aujourd'hui, la mammographie est considérée comme le meilleur diagnostique en matière de rapport coût-efficacité, explique le docteur. Cet examen est aussi peu toxique et pas trop mal toléré par les femmes qui y sont soumises. L'IRM peut être aussi recommandé, en revanche il augmente le risque de faux positifs dû à son analyse plus profonde. L'examen le plus conseillé est l'échographie doublée d'une mammographie."

5. Le fait d'avoir des enfants réduit-il vraiment les risques ?

Ce que l'on entend : "Il paraît qu'avoir des enfants réduit les risque"

Ce qu'il en est vraiment : C'est vrai. Enfin... pas dans tous les cas. Mais "statistiquement, avoir son premier enfant avant 25 ans et en mettre au monde plusieurs (environ 5) divise les risques par 2". Alors les filles, au boulot!

6. Les déodorants et anti-transpirants peuvent-ils entraîner un cancer du sein ?

Ce que l'on entend : "c'est hyper nocif", "ça provoque le cancer" ...

Ce qu'il en est vraiment : On ne sait pas. Point. Certaines études expliquent que oui, d'autres clament le contraire. "Les seuls composants réellement remis en question sont les sels d'aluminium à cause de leur structure chimique proche des œstrogènes. Ils pourraient alors influencer l'activité des hormones sexuelles féminines mais il s'agit simplement d'une hypothèse."

7. Les implants mammaires sont-ils dangereux ?

Ce que l'on entend : "Une belle poitrine ok mais si c'est pour avoir un cancer du sein, non merci"

Ce qu'il en est vraiment : "Les implants n’entraînent pas de cancer du sein. Ils rendent simplement la surveillance plus difficile mais pour les radiologues habitués, cela ne pose pas de problème. Des cas exceptionnels de lymphomes associés à ces implants ont été relevés. Mais les études sont à poursuivre, on ne sait pas encore s'il s'agit d'un réel danger ou d'un pur hasard."

8. Le soutien-gorge joue-t-il un jeu dans le développement du cancer du sein ?

Ce que l'on entend : "Les filles qui dorment avec leur soutien-gorge augmentent leurs risques", "C'est pas bon de garder sa poitrine étriquée"

Ce qu'il en est vraiment : Encore une fois c'est une idée reçue. "L'armature du soutien-gorge peut créer des microtraumatismes au niveau des tissus adipeux et de mini-cicatrices peuvent alors apparaître. Mais c'est le seul défaut avéré du soutien-gorge."

9. La pilule augmente-t-elle les risques ?

Ce que l'on entend : BEAUCOUP TROP DE CHOSES!

Ce qu'il en est vraiment : Elle en a pris pour son grade la pilule ces dernières années! "Concernant le cancer du sein, si l'on considère l'ensemble des femmes, elle n'augmente pas les risques. En revanche, chez les femmes jeunes (-40 ans) selon certaines études, on peut observer des excès de risques chez les individus sous pilule. Elle pourrait alors provoquer l'accélération de la vitesse de croissance de cellules cancérigènes déjà présentes dans l'organisme. Mais encore une fois pas d'alarmisme, le risque est faible."

10. Les femmes plus grandes ont-elles vraiment plus de risque d'en développer un ?

Ce que l'on entend : "Plus t'es grande, plus t'as de risques"

Ce qu'il en est vraiment : Malheureusement pour les femmes grandes, c'est vrai. Pas de panique, encore une fois les risques sont faibles. La théorie est valable pour de nombreux cancers, pas uniquement celui du sein. Le phénomène s'explique simplement: "le cancer étant lié à la croissance, plus on développe des hormones plus on a de risques d'être touché par un cancer."

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