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Olivier, le fils de Gilles Latulippe, se confie : «Mon père va toujours vivre en moi...» (ENTREVUE)

Olivier, le fils de Gilles Latulippe, se confie : «Mon père va toujours vivre en moi...» (ENTREVUE)
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En milieu d’avant-midi, vendredi, plus de 1600 personnes avaient déjà défilé dans le hall d’honneur de l’hôtel de ville de Montréal, depuis 14h, la veille, pour rendre un dernier hommage à Gilles Latulippe, exposé en chapelle ardente à la demande de son épouse, Suzanne, et de son fils, Olivier.

Multipliant les remerciements et les poignées de main, ce dernier s’est dit profondément ému de constater que les Québécois s’étaient déplacés en grand nombre pour saluer son père, et très touché de tous les bons mots prodigués avec grande affection par chacun.

«Je trouve merveilleux de voir qu’au-delà des témoignages de ses pairs, de ses collègues, des artistes, des gens de la classe politique, son vrai public répond toujours à l’appel. Je suis persuadé que mon père doit en être très heureux», a souligné Olivier Latulippe.

Le jeune homme a pleinement réalisé, à travers les confidences reçues, que l’auteur de ses jours faisait littéralement partie de la vie des gens, de la même façon qu’un ami ou un membre de la famille.

«Hier, un monsieur qui est thérapeute m’a raconté qu’à l’époque, il allait au Théâtre des variétés trois fois par année et qu’il suggérait aussi à ses clients d’y aller, lorsqu’ils étaient en dépression. Il m’a dit : «C’était une thérapie par le rire, et votre père était un grand docteur». Des témoignages comme celui-là, j’en ai reçu des centaines depuis hier.»

Et c’est sans compter les livres d’or, déposés à quelques endroits dans le hall, que tous sont invités à signer pour adresser un message de sympathie aux proches de Gilles Latulippe et noter leurs précieux souvenirs du grand comique.

«Je n’ai pas encore pu les lire, a précisé Olivier. Je ne pense pas être capable de le faire tout de suite. Je les lirai plus tard, quand la poussière sera retombée.»

Le grand public avait jusqu’à midi pour aller se recueillir devant le corps de Monsieur Latulippe. À 14h, on ouvrait les portes exclusivement pour la famille et les amis proches et, à 16h30, se tiendra une cérémonie privée réservée à l’entourage du défunt et aux membres de la colonie artistique.

L’hommage de Juste pour rire

Olivier Latulippe savait depuis longtemps l’impact que son père avait eu sur la comédie d’ici, sur les nombreux spectateurs qui ont applaudi l’interprète de Symphorien sur scène et ont ri de ses gags devant leur téléviseur. Or, le gala-hommage que Juste pour rire lui décernait, le 21 juillet dernier, a confirmé encore davantage l’estime que la province entière portait à ce géant de notre patrimoine culturel.

«Je pense que mon père a donné ses lettres de noblesse à un art qui s’appelle le burlesque, qui était un art oublié, a-t-il expliqué. Il a réussi à le dépoussiérer, à le remettre au goût du jour, à faire en sorte que ça ne soit plus perçu comme un art mineur, mais comme un art complet. Je sais qu’il a inspiré beaucoup, beaucoup d’humoristes ; je l’ai entendu de leur bouche au gala Juste pour rire, l’été dernier. Jean-Marc Parent, Dominic et Martin et plusieurs autres se sont inspirés de lui, parce qu’ils l’ont vu depuis toujours. Sa carrière s’est étendue sur six décennies, des années 1950 à 2014. C’est 55 ans de carrière. Il a touché beaucoup de gens…»

Aux dires d’Olivier Latulippe, ce n’est pas uniquement pour lui-même et pour son public que Gilles Latulippe a consenti à ce que Gilbert Rozon, Stéphan Bureau et leur organisation lui tendent un tel coup de chapeau, lui qui n’était pas tellement à l’aise avec les éloges.

«Il m’a dit après qu’il avait accepté pour tous ses anciens complices du burlesque qui, eux, n’ont pas eu ces hommages-là, qu’ils auraient grandement mérités. Il a accepté pour tous ses complices disparus.»

D’ailleurs, Monsieur Latulippe se savait condamné lorsqu’il a accepté que Juste pour rire lui consacre une soirée spéciale ; le diagnostic de cancer avait été posé quelques années auparavant. Et c’est précisément la raison pour laquelle il a acquiescé à se prêter au jeu.

«Je ne comprenais pas pourquoi, d’une année à l’autre, mon père refusait toujours que Juste pour rire lui rende hommage, a souligné Olivier. Et j’étais heureux qu’il accepte. Le problème, c’était que je savais pourquoi il disait oui. Il a accepté parce qu’il savait que son temps était compté. Au mois de novembre de l’an dernier, Stéphan Bureau lui a annoncé que le gala se tiendrait le 21 juillet, et mon père a répondu : «Il faut que je vive jusqu’au 21 juillet». Stéphan l’a pris comme une blague, mais mon père, au fond de lui, était extrêmement sérieux. Je pense qu’il se «programmait» à pouvoir résister jusque-là.»

Un homme merveilleux

Celui qui agissait jusqu’à tout récemment à titre de producteur des spectacles de son père a toujours aimé l’industrie du spectacle, mais n’a jamais songé à faire carrière sur les planches à son tour.

«J’adore ce milieu, j’aime les artisans, les artistes, c’est ma famille et ça fera toujours partie de moi, mais dans les bureaux. Pas sur une scène.»

De son papa, Olivier Latulippe retiendra les grandes qualités de cœur et l’ardeur qu’il mettait à son ouvrage.

«Il était exceptionnel. C’était vraiment un homme merveilleux. C’était un grand travaillant, qui a prêché par l’exemple. Il va toujours vivre en moi, et tout ce qu’il m’a appris est devenu consubstantiel de moi. Et il va toujours être avec moi.»

Merci à l’hôtel de ville

Olivier Latulippe a tenu à exprimer chaleureusement sa gratitude envers la Ville de Montréal et son maire, Denis Coderre, qui ont collaboré avec une grande générosité à la mise sur pied de cet ultime adieu à Gilles Latulippe.

«Mon père était trop humble pour souhaiter le hall d’honneur de l’hôtel de ville, a-t-il spécifié. Mais moi, je pense que c’est ce qu’il mérite.»

«Je voudrais remercier chaleureusement le maire Coderre de nous avoir tendu la main, à ma mère et à moi, pour nous permettre d’avoir cet hommage, ici. Toute l’équipe de l’hôtel de ville a été sensationnelle. On a été accueillis ici comme chez nous. Les gens qui travaillent aux communications, au protocole, à la sécurité, tout le monde a été d’une immense gentillesse, d’une redoutable efficacité.»

«C’est très apprécié. Ça nous aide, ma mère et moi, à passer à travers ces moments, qui sont franchement difficiles…», a conclu Olivier Latulippe, la voix étranglée par un sanglot.

Dernier hommage à Gilles Latulippe

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