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Carte blanche à David Giguère: Mise à nue fébrile et belle (CRITIQUE)

Carte blanche à David Giguère: Mise à nue fébrile et belle (CRITIQUE)
Théâtre de Quat'Sous

Il y avait des airs de bar au Théâtre de Quat'Sous hier soir. C'est que cette fois, c'est un concert qu'on attendait impatiemment plutôt qu'une pièce de théâtre. À travers la salle, les gens s'interpellaient, jasaient entre les bancs. Comme tout bon show de musique qui se respecte, la Carte blanche à David Giguère a commencé avec un brin de retard. Vraiment, on s'y croyait.

Une musique sourde a soudainement retenti. Loin de calmer l'ardeur des spectateurs, elle a plutôt répandu l'excitation comme une traînée de poudre. Parce qu'avoir la chance d'assister à une prestation de Giguère, qui annonçait l'alliage de ses deux passions pour l'occasion, théâtre et musique, c'est excitant. Quand en plus la mise en scène est signée Emmanuel Schwartz, ça devient un incontournable. Comment l'artiste multidisciplinaire allait-il s'en sortir?

Calmement, Giguère s'est avancé vers le public. Le son s'est amplifié, la lumière s'est tamisée pour se concentrer sur l'artiste. Ça y était. Ses musiciens l'ont rejoint sur scène: Camille Poliquin (claviers, voix), Stéphane Leclerc (programmation, guitare) et Joseph Perrault ( batteries, claviers, programmation). Derrière l'artiste, un vidéo de lui-même, comme un miroir inversé. Giguère s'est retourné pour entonner Tuons nos enfants, nous faisant maintenant face par le biais de la vidéo. Se détachant peu à peu du chanteur sur scène, le David Giguère à l'écran a fui, l'air paniqué. C'était le début du premier acte.

Vous l'aurez compris: l'artiste nous invite carrément dans sa tête. Toujours sur vidéo, Giguère – qui portait maintenant un costume (très) flamboyant – quitte le pays pour devenir chanteur de rues. Distorsions, effets visuels frénétiques: le chanteur a enchaîné avec L'Échec de l'odéon, La noyade et La honte avec justesse. S'ajustant magnifiquement à chaque chanson, faisant tout pour qu'elle prenne sa vraie valeur entre projections, lumières et pas de danse endiablés, Giguère a montré l'étendue de son talent.

Et de deux!

Deuxième acte. Plus calme. Plus posé. Un David Giguère, comme apaisé par toute la folie déployée dans la première partie du spectacle, a lancé 1-2. Magnifiquement accompagné par Camille Poliquin - qui, soit dit en passant, cartonne toujours avec son duo Milk and Bone et son projet solo KROY - Giguère a offert une performance vocale saisissante. Relax. Sympathique. Ambiance parfaite pour recevoir Gun, un des instants les plus beaux du spectacle.

« Maintenant, c'est le moment où j'aimerais chanter en anglais. C'est le moment où je voudrais être une femme. C'est le moment où je me fais un cadeau. Où je nous fais un cadeau.» s'est exclamé Giguère, laissant place à Poliquin. Elle a chanté magnifiquement Read My Mind de The Killers, lui donnant une facture esthétique beaucoup plus riche. Si elle s'est étouffée légèrement vers la fin, la chanteuse s'est totalement rattrapée par sa bonne humeur. Il fallait la voir rire comme si elle venait de faire un mauvais coup en sirotant son drink! Charmant. Parce que l'ambiance était au beau, pas à la performance. C'est dans cette atmosphère qui commençait à prendre des airs de party entre amis que Philippe B. est venu faire une prestation surprise. Parfait.

Dernier temps

Ça commençait à sentir la fin. Giguère a été enfiler son costume flamboyant pour nous offrir Océanic 815, La pornographie, L'atelier et Encore. Le jeu sur les lumières, magnifique, a ajouté à la performance déjà très forte de l'artiste, qui a tout donné pour ces dernières chansons. Après l'ovation debout, David Giguère et ses musiciens ont quitté la scène. Un petit rappel pour la route? On a eu droit à Aimer Aimer et La Durée.

Deuxième ovation debout. Le public, sourire aux lèvres, a visiblement adoré le spectacle. C'est qu'on assiste rarement à ce genre de laisser aller dans la forme. David Giguère s'est livré, tout simplement. Sans filtre, sans gêne. Et conséquemment, on sort de la salle avec l'impression d'avoir passé la soirée dans la tête colorée du créateur. Entre musique, danse et théâtre, l'artiste s'épanouit à un point tel qu'on se demande presque pourquoi chacun de ses spectacles ne serait pas une carte blanche.

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