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«One Mado Show»: Mado Lamotte, comme un livre ouvert

«One Mado Show»: Mado Lamotte, comme un livre ouvert
Courtoisie

Jeudi dernier, c’était le One Manu Show. Cette semaine, c’est le One Mado Show. Deux propositions complètement différentes; alors que celle d’Emmanuel Bilodeau est engagée, poétique, nuancée, celle de Mado Lamotte est bitch, crue, parfois vulgaire (mais de bon goût), flyée et colorée. Et tout aussi drôle, dans un style opposé.

La reine Mado fait de la petite salle du Gesù son royaume le temps de trois représentations montréalaises, dont la première avait lieu mardi, devant un public bigarré (il y avait des résidents du «450», des gais et des Français dans l’assistance, Mado s’en est assurée avant de commencer). Les spectateurs savaient visiblement à qui ils avaient affaire et ont beaucoup ri de la verve de cette hôtesse plus grande que nature, surtout en deuxième partie de la soirée.

Dans le One Mado Show, un spectacle sans artifices – mis à part robes et perruques flamboyantes, Mado reste quand même Mado – la drag queen la plus en vue de la province se raconte, parle de son parcours, de ses passions (les voyages), de ses ambitions (se lancer en politique), de ce qui l’énerve (attendre). Elle improvise parfois et se mélange ici et là dans ses textes (oui, Mado, les journalistes étaient encore là au premier cafouillage).

Foncièrement, elle demeure ce personnage franc et direct qu’on adore et qui fait le bonheur de la clientèle de son cabaret du Village. Saluons bas ses 27 ans de carrière (surtout que, de son propre aveu, elle rêvait d’être caissière chez Metro quand elle était petite) et cette envie de se mettre en danger, seule sur scène, avec pour seul compagnon son pianiste Nick Burgess, et de simplement jaser comme le ferait une humoriste habituée à ce genre de performance intimiste.

Raconteuse hors pair

De la bouche de Mado Lamotte, qui affirme avoir «29 ans et quelques mois», on peut s’attendre à tout. Les mots ne passent dans aucun filtreur avant de bondir à nos oreilles, et cette fraîcheur aux antipodes de la candeur et de la naïveté est un baume, un antidote aux demi-vérités et aux non-dits qui pullulent souvent partout, dans les médias comme ailleurs.

Trois ou quatre chansons ponctuent le One Mado Show, dont une relecture de Dalida aux tonalités de Madonna, Miley Cyrus, Lady Gaga et des Spice Girls, un segment très réussi, à la toute fin, mais ce sont surtout les récits jamais banals de l’icône qui occupent l’espace pendant deux heures. Et c’est tant mieux, car la dame est une sacrée raconteuse. Sa jeunesse à Rosemont, son refus de chanter pour le pape et de se lancer dans une carrière internationale (on y croit presque), son passé de «cigarette girl» au bar Le Lézard dans les années 1980, sa haine des bingos (elle qui est reconnue pour son Bingo à Mado), son célibat très, très heureux («Un homme avant 50 ans, ça sert pas à se marier, ça sert à baiser. Après, ça sert à payer»), son hommage aux Français, pour qui elle semble entretenir une fascination («C’est grâce à eux qu’on s’est débarrassés de Garou, Lynda Lemay et Cœur de pirate! Maintenant, est-ce qu’ils peuvent venir chercher Joël Legendre?»), son aversion de la technologie, tous les chapitres du journal intime de Mado valent la peine d’être écoutés. Et c’est sans compter qu’elle offre la version la plus solennelle qui soit de la chanson-thème de Minifée…

Sa description de la réalité d’une drag queen est à entendre absolument, tout comme son énumération de toutes ses raisons de chialer. Elle veut s’impliquer en politique, mais ne sait pas si ce sera à titre de mairesse ou de première ministre. «Je vais faire comme Denis Coderre, je vais me garrocher sur la première élection disponible», spécule-t-elle. Mais qu’importe, elle a déjà trouvé des solutions aux problèmes en santé, en éducation et en économie. L’une de ses suggestions a particulièrement interpellé son parterre, déjà hilare : «Je vais envoyer Marie-Ève Janvier et Jean-François Breau ambassadeurs du Québec à l’étranger, sur un autre continent, une autre planète, un autre univers, dans une galaxie loin de chez nous!»

On ne pourra certainement pas reprocher à Mado Lamotte d’être complaisante. Le One Mado Show est comme le livre ouvert de l’histoire d’une vedette qui ne foule pas souvent les tapis rouges, mais que les projecteurs adorent autant que les foules.

Mado Lamotte présentera à nouveau son One Mado Show au Gesù, vendredi et samedi, 3 et 4 octobre. Pour informations, c'est ici.

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