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«Je m'appelle Nalie, j'ai 24 ans et je me bats contre le cancer du sein» (VIDÉOS)

«Je m'appelle Nalie, j'ai 24 ans et je me bats contre le cancer du sein» (VIDÉOS)
Courtoisie

Quand on rencontre Nalie Agustin pour la première fois, on est tout de suite saisi par son sourire ravageur, ses yeux envoûtants, ses airs de princesses orientales et ce je-ne-sais-quoi d’étincelant qui vous marque au premier regard. Pourtant, le magnifique foulard qui couvre sa tête vient vite nous rappeler que la jeune Montréalaise se bat contre le cancer du sein. Elle n’a que 24 ans.

Comme elle l’a mentionné dans le blogue écrit vidéo qu’elle tient depuis quelques semaines, Nalie a toujours senti qu’elle était spéciale. La vie s’est d’ailleurs chargée de lui donner raison en mettant sur sa route un cancer du sein avant son premier quart de siècle, alors que seules 3 femmes sur 1000 atteintes du cancer du sein le sont avant 30 ans. « Il n’y avait que 0,3 % des probabilités que je sois atteinte, mais bien sûr, il fallait que je sois l’une d’elles… », dit-elle sur son blogue, qui attire en moyenne 1 500 visites par jour depuis son lancement.

À quelques jours du mois de la prévention du cancer du sein, Nalie admet qu’elle ne s’est jamais sentie visée par les campagnes de sensibilisation, convaincue que la maladie ne s’attaquait qu’aux femmes de 40 ans et plus, en majorité.

Pourtant, à l’automne 2012, l’apparition d’une petite bosse au-dessus de son sein gauche la rendue perplexe. « Au début, j’étais certaine d’avoir affaire à des courbatures au niveau des pectoraux, parce que je m’entraînais au gym 5 fois par semaine. Quand je suis allée voir mon médecin de famille, elle m’a dit que c’était normal et que les femmes dans la vingtaine ont parfois des bosses de gras, de fibres ou d’hormones. En touchant mon sein, elle était même certaine d’avoir affaire à des fibres. À mon âge, je ne pensais même pas au cancer. »

L’inquiétude prend de l’expansion

Six mois plus tard, Nalie est retournée voir son médecin. En constatant que la bosse continuait de grossir, son médecin lui a conseillé de passer un ultrason. « J’ai appelé 3 cliniques pour prendre rendez-vous pour une mammographie et elles ont toutes refusé de me recevoir, parce que j’avais moins de 40 ans. J’étais confuse… En même temps, ça me donnait une autre bonne raison de reporter le test et le diagnostic. Plus tard, quand j’en ai reparlé à mon médecin, j’ai réalisé que j’avais fait une erreur : j’avais demandé un rendez-vous pour une mammo, au lieu d’un ultrason… »

Pendant ce temps, aucun membre de sa famille n’est au courant de la situation. « Je suis la plus jeune de trois enfants et je suis la petite protégée de la famille. Ma mère aurait paniqué. Je ne voulais pas lui faire ça. Finalement, le temps a passé, les choses ont empiré et j’ai décidé de lui en parler. Quelques jours plus tard, je prenais rendez-vous dans une clinique privée. »

Échographie du sein

Grâce à l’ultrason – l’équivalent d’une échographie sur le sein –, Nalie a obtenu la confirmation que sa bosse n’était pas un simple kyste. Une mammographie et une biopsie devenaient donc nécessaires. « On m’avait dit que la mammographie était douloureuse, mais ça n’a pas été mon cas. La biopsie m’a fait beaucoup plus mal. C’était comme recevoir une pichenotte sur une partie sensible de mon corps, mais plusieurs fois de suite. En plus, une de mes veines a été atteinte et mon sein s’est mis à saigner. On m’a expliqué qu’une femme sur cinq vivait la même situation en passant une biopsie. Bien sûr, il fallait encore que je sois parmi les exceptions… »

Le verdict

Vint alors le fameux diagnostic du cancer. « Au début, je n’arrivais pas à réaliser ce qui se passait. Je notais tous les rendez-vous qu’on me donnait et les étapes à suivre. Sur le coup, j’ai eu le réflexe d’utiliser mon iPhone et de parler à la caméra pendant que je conduisais. Quand on m’a dit que j’avais le cancer, j’ai décidé d’écrire tout ce que j’allais vivre. Même si ce sont les pires moments de ma vie, je ne veux rien oublier. Je préfère écrire des textes et faire des vidéos pendant que je me bats contre la maladie, plutôt que de partager mon expérience avec du recul, en changeant comment je me suis sentie. »

Au même moment, la jeune femme a réalisé qu’elle allait devoir annoncer à ses proches ce qui lui arrivait. « Je pleurais en imaginant leurs réactions. Un peu comme si c’était pire que le diagnostic lui-même. Je ne voulais pas que ma famille et mes amis me voient triste, faible et déprimée. C’était la pire chose que je pouvais leur faire. »

« Le monde n’en a pas fini avec moi ! »

Aussi forte soit-elle en présence de son entourage, Nalie se permet d’exprimer sa tristesse lorsqu’elle se retrouve seule. « Quand je traîne dans mon lit, quand je passe 1h30 dans la douche ou quand je suis prise dans le trafic sur le pont Mercier, je réfléchis énormément à ce qui m’arrive. Dans les circonstances, c’est difficile de ne pas être triste par moments… Il y a tellement de choses que j’aimerais vivre présentement, mais je dois faire des sacrifices pour me remettre sur pieds. Dès que je vais pouvoir, je vais me reprendre. Le monde n’en a pas fini avec moi ! »

La chimio

Actuellement au tiers de ses traitements de chimiothérapies, la Montréalaise compare les effets de sa première séance à un terrible lendemain de veille. « C’est un mélange de douleurs, de nausées et de migraine. J’avais mal partout et plusieurs maux de coeur, mais je ne vomissais jamais. Les effets secondaires sont différents pour tout le monde. Contrairement à d’autres, je n’ai jamais eu de goût métallique dans la bouche, pas de chevilles qui enflent ou de maux de dos. Je pense que mon âge et ma bonne condition physique m’aident un peu. »

La perte de cheveux

Exactement deux semaines après son premier traitement, comme lui avaient prédit les médecins, ses cheveux ont commencé à tomber. « Au début, je perdais seulement des petits cheveux. Puis, ça empirait et j’en avais partout sur moi. C’était rendu très inconfortable. Je n’avais pas envie d’attendre que mes cheveux tombent au complet, alors j’ai décidé de raser ma tête avant le deuxième traitement. »

Malgré ses efforts pour imaginer de quoi elle aurait l’air une fois chauve, Nalie avoue avoir eu un choc en se voyant sans cheveux. « Oh mon Dieu, c’était quelque chose ! Quand je me suis aperçue dans le miroir la première fois, j’ai réalisé à 100 % que j’avais le cancer. J’avais vraiment l’air d’une personne avec le cancer. C’était étampé sur mon front. Tout le monde le voyait. Ça rendait la maladie officielle. J’ai pris ça difficilement au début, mais j’ai décidé de ne plus m’en faire, de marcher dans la rue avec confiance et de ne pas y penser. Dans le fond, avec ou sans cheveux, je suis toujours Nalie. »

Des rêves et des projets sur pause

En plus de lui faire ses cheveux, les produits chimiques que les médecins injectent dans son corps pour la traiter ont également pour effet de ralentir son rythme de vie. « Je ne peux plus m’entraîner 5 fois par semaine. Je ne suis pas obligée de rester dans mon lit tous les jours, mais je dois suivre mon corps. Je ne peux pas me fatiguer. Avec mon système immunitaire qui est très faible, je dois être très prudente. Par exemple, si je vais au cinéma et que je suis à côté de quelqu’un qui tousse et qui a l’air malade, je dois sortir immédiatement. Une grippe peut être très grave pour moi… »

Ovules à préserver

Au-delà des précautions quotidiennes, Nalie a eu la surprise d’apprendre que ses traitements de chimiothérapie pouvaient également la rendre infertile. « Aucun médecin ne m’avait parlé de ça avant mon premier traitement. Heureusement, une amie qui s’informait en lisant des forums sur le cancer m’a prévenue de la possibilité. Le jour de ma première chimio, j’en ai parlé à mon médecin et il m’a dit que le traitement avait 15 à 20 % des « chances » de me rendre infertile. Étant donné que j’étais déjà dans 0.3 % des femmes de moins de 30 ans avec le cancer du sein, je trouvais que 15-20 % était un gros risque pour moi. Si je ne lui en avais pas parlé, je ne l’aurais jamais su... »

Pourquoi bloguer ?

Plus les jours passent, plus l’utilité d’un blogue apparaît évidente aux yeux de la jeune femme. « Je veux non seulement garder un souvenir de ce que je vis, mais j’espère aussi changer la perspective des gens. À la télé et au cinéma, le cancer est toujours traité très négativement, dans le gros drame. Les cancéreux ont l’air vraiment malade et ils meurent presque tous à la fin. Quand je regarde ça, je deviens très émotive, mais ça m’encourage à continuer mon blogue pour montrer que ce n’est pas comme ça pour tout le monde. Je veux que les gens soient témoins de mon combat. »

Sur son blogue, Nalie cite d’ailleurs une phrase de Beyonce (« Fight yourself. Find yourself. »), qui décrit bien son état d’esprit. « Depuis le début de ma maladie, je réalise que je suis bien plus forte que je le croyais. Je reçois des commentaires de lecteurs qui me disent à quel point ils me trouvent positive et inspirante. Quand je revois mes vidéos, je remarque moi aussi que je souris souvent. Mais ce n’est pas forcé. Je ne veux rien projeter. Je suis comme ça, tout simplement. »

Team Nalie

Nalie Agustin est à ce point inspirante qu’elle a convaincu 75 personnes – amis, famille, amis d’amis – à joindre le TEAM NALIE pour la Course à la vie CIBC du 6 octobre prochain. Jusqu’à présent, ils ont récolté près de 10 000 $. « Mon objectif était de 2 500 $ au départ, et je pensais que c’était impossible à ramasser. Maintenant, j’aimerais bien 15 000 $. Pourquoi pas ? »

Blogue : www.Nalie.ca

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