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«Subtil, sensible, touchant»: «l'autre» Jean-François Mercier (ENTREVUE)

«Subtil, sensible, touchant» : «l'autre» Jean-François Mercier (ENTREVUE)
Facebook - Jean-François Mercier

Avec le titre de son nouveau spectacle, Subtil, sensible, touchant, Jean-François Mercier annonce ses couleurs. De «nouvelles» couleurs? Pas vraiment. Celui qu’on a d’abord connu sous le pseudonyme du «Gros cave» estime avoir toujours été subtil, sensible et touchant. Il l’avoue en riant, presque gêné d’ainsi contrecarrer l’image que plusieurs se créent de lui.

«Ce n’est pas pour ça que je suis reconnu, mais ce sont des traits de caractère que j’ai, explique-t-il. Depuis le début de ma carrière, mes numéros qui ont le mieux marché, ce sont ceux qui étaient moins drôles, plus songés, plus sensibles, qui faisaient appel à une certaine émotivité. J’ai proposé ce titre en boutade à mon équipe pendant une réunion, et mon metteur en scène, Guy Jodoin, a tout de suite cliqué dessus. Ça ne veut pas dire que, parce que tu es sensible et touchant, tu es nécessairement un bon gars. L’un n’empêche pas l’autre.»

L’humoriste ne ment pas quand il évoque ses textes plus réfléchis qui lui ont apporté le succès ; on n’a qu’à penser à cette tirade dans laquelle il martelait ne pas vouloir d’enfants et dont la vidéo est rapidement devenue virale, il y a quelques années. Dans Subtil, sensible, touchant, Jean-François promet d’autres moments du genre, en apparence crus, qui susciteront une forme de réflexion. Il a abondamment testé son matériel pendant sa période de rodage en salles et sait ce qui plait au public.

«Souvent, ce n’est pas le numéro où ça rit le plus fort dont je me fais parler le plus après. J’ai réussi à trouver un équilibre entre les gags plus organiques et réfléchis, parfois moins drôles, et le reste. Moi, je prends toujours position. J’aime défendre des positions marginales, même si ce ne sont pas nécessairement des opinions personnelles. Artistiquement, je trouve ça valable. J’aime amener un genre de fausse logique. Par exemple, j’ai un segment où je parle de l’infidélité et où je prends le parti d’expliquer que, si les hommes sont infidèles, c’est pour le bien des femmes. Et c’est un numéro assez choquant pour les femmes, parce qu’il est bien fait (rires). C’est une logique en apparence inattaquable…»

Des sujets légers, très terre à terre, comme la drague à l’épicerie, viennent ici et là alléger le propos. «Je parle aussi de la démocratie, note Jean-François. C’est un thème qui demande un peu plus d’efforts au spectateur, mais qui fonctionne très bien.»

La conquête des réticents?

Jean-François Mercier ne l’a pas eue facile, médiatiquement parlant, ces dernières années. Critiques acerbes de ses participations aux Bye Bye (à titre d’auteur ou de comédien), plaintes et commentaires très durs suite à ses animations de galas Juste pour rire, insultes sur les réseaux sociaux : alors que certains considéraient ces reproches justifiés, d’autres se sont demandé si ce n’était pas simplement devenu un «réflexe collectif» de casser du sucre sur son dos. Lui-même est de cet avis, mais il prend le tout avec philosophie.

«Honnêtement, oui, reconnaît-t-il quand on lui pose la question. Quand c’est toi qui le vis, tu perçois les affaires bien différemment que quand tu es observateur. Mais, je ne peux pas dire que ça m’a affecté tant que ça, parce que c’était souvent complètement injustifié, ou alors, c’était hors proportions. Pour le Bye Bye 2008, on me reprochait des textes que je n’avais pas écrits et que je n’avais pas joués. En 2012, un téléspectateur a formulé une plainte au CRTC parce que j’avais fait une blague sur le poids d’une femme dans un gala Juste pour rire, mais c’était TVA, qui diffusait le gala, qui était ciblé par la plainte. Ils sont responsables de leur contenu ; moi, sur scène, je n’ai jamais reçu de plainte. Et, l’an dernier, j’ai eu de mauvaises critiques pour mon gala Juste pour rire. Mais, dans les faits, il y a eu sept numéros qui ont eu des standing ovation… »

«À un moment donné, c’est dérangeant, tu te remets en question et tu te demandes : est-ce que c’est moi qui refuse la réalité? Mais, honnêtement, non. Effectivement, je pense qu’il y a eu un temps, et c’est peut-être encore le cas, où c’était de bon ton de me taper dessus. Il faut dire que je suis une victime facile ; je ne fais partie d’aucun groupe marginal. Je suis un homme blanc, hétérosexuel. Il n’y a aucun risque à me taper dessus! (rires)»

N’empêche. Espère-t-il, avec Subtil, sensible, touchant, convertir ceux qui se sont jusque-là montrés réticents à son style? «Dans l’équipe, autour de moi, je sens ce désir-là. Par contre, avant d’aller chercher ceux qui ne m’aiment pas, je vais commencer par faire plaisir à ceux qui m’aiment. Ils sont là, et ils sont assez nombreux. Je ne veux pas trahir les gens qui m’aiment pour aller chercher ceux qui sont réticents.»

«Moi, je soutiens que mon premier spectacle, Le show du gros cave, était très loin d’être cave, continue Jean-François. Si tu le regardes au second degré, je pense qu’il était très, très intelligent. Oui, il y avait des sacres et de la vulgarité, mais si certaines personnes ne s’étaient pas fermées seulement en s’arrêtant au titre, elles auraient pu l’apprécier. Plusieurs ont dit : «Si c’est pour être cave, je n’y vais pas!» Mais c’était juste un titre! Donc, ce sera le même genre de spectacle, mais avec un marketing différent.»

Prudent sur les réseaux sociaux

Autre aspect avec lequel Jean-François a appris à composer au fil du temps et des mauvaises expériences: les médias sociaux. S’il adore communiquer avec ses admirateurs et leur offrir régulièrement des blagues, le comique s’est imposé une distance en confiant à son agente le soin de lire les commentaires des internautes et d’en faire le tri.

«C’est moi qui écris mes affaires mais, si quelqu’un me dit que je suis gros, que je suis laid et que je pue, c’est elle qui le voit. À la longue, ça devient juste de l’énergie négative qui te vire à l’envers. Je reçois parfois des menaces pour des jeux de mots ; c’est disproportionné. Mais j’ai le luxe d’avoir quelqu’un qui prend ça à ma place et de pouvoir quand même avoir un contact avec les gens.»

Jean-François Mercier présente Subtil, sensible, touchant au Théâtre St-Denis, à Montréal, du 1er au 4 octobre, puis part en tournée au Québec. www.jeanfrancoismercier.com pour toutes les dates.

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