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Compressions à venir: la protectrice du citoyen craint les injustices

La protectrice du citoyen craint les injustices avec les compressions à venir
Radio-Canada

QUÉBEC - La protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, craint que les plus vulnérables de la société fassent les frais de la vague de compressions budgétaires qui déferlera bientôt sur le Québec.

Dans son rapport annuel 2013-2014, déposé jeudi à l'Assemblée nationale, la protectrice du citoyen rappelle au gouvernement Couillard que son objectif légitime d'assainir les finances publiques et d'éliminer le déficit en 2015-2016 devra être atteint dans le respect des plus démunis, et avec le souci constant d'éviter les injustices et les iniquités sociales.

«Le Protecteur du citoyen a à prendre en considération la réalité des finances publiques. Or, comment, dans un contexte de compressions budgétaires, faire en sorte que ne soient pas enfreints les droits des citoyens?», s'interroge Mme Saint-Germain, qui s'inquiète de l'impact de coupes à venir sur les services directs dispensés à la population.

Alors que Québec doit trouver 3,2 milliards $ dans l'appareil administratif pour boucler son budget, il convient «de se préoccuper des répercussions concrètes de toute compression visant des services directs à ces personnes et éviter de fragiliser davantage des conditions de vie souvent déjà précaires», écrit-elle en guise de préambule de son rapport, une brique de 156 pages.

«La rigueur budgétaire doit être mise en balance avec les exigences d'une véritable solidarité sociale», rappelle Mme Saint-Germain, qui met en garde le gouvernement contre la tentation d'adopter uniquement «un point de vue comptable» pour atteindre à tout prix l'équilibre budgétaire.

Elle dit aussi craindre que l'application de compressions dans l'appareil de l'État se traduise par un manque de souplesse administrative «et des exigences bureaucratiques inutiles» imposées aux citoyens. Or, il ne faut pas confondre rigueur administrative et rigidité, a-t-elle dit, en conférence de presse, réclamant qu'on fasse preuve de compassion, surtout lorsque se présentent des cas particuliers.

Comme à chaque année, la protectrice énumère dans son rapport toute une série de lacunes observées dans la prestation de services gouvernementaux, et pointe du doigt une fois de plus le réseau de la santé et des services sociaux, en particulier en ce qui a trait aux conditions d'hébergement déplorables parfois offertes aux personnes souffrant de problèmes de santé mentale, de déficience physique ou intellectuelle.

Par exemple, la protectrice déplore le fait que certaines personnes souffrant de santé mentale soient hébergées dans des ressources privées qui ne sont reliées à aucun service public, donc qui ne sont pas tenues d'obtenir une certification. Ces établissements échappent à tout contrôle gouvernemental et à toute intervention de la part de la protectrice, une situation qu'elle juge inadmissible. Elle demande donc au ministère de la Santé de s'assurer que ces ressources obtiennent une certification, pour fournir un milieu de vie salubre et sécuritaire à leurs résidants.

Pendant ce temps, des personnes jeunes lourdement handicapées se voient obligées de résider dans un centre hospitalier de soins de longue durée (CHSLD) plutôt destiné à offrir des services conçus pour les personnes âgées en perte d'autonomie.

Elle note par ailleurs le manque total d'encadrement du ministère quand il s'agit des soins payés par l'État mais offerts en clinique privée. Le ministère conclut des ententes de partenariat avec de telles cliniques, puis s'en lave les mains, au détriment des droits des usagers, dénonce-t-elle. De plus, dans certains cas, ces cliniques privées imposent des tarifs additionnels non prévus au départ.

Le secteur privé peut très bien venir en aide au réseau public en santé, mais «pas n'importe comment», plaide la protectrice.

Elle rappelle que les intervenants des Centres de santé et services sociaux (CSSS) ont une obligation de signalement lorsqu'ils constatent un problème. Cela n'a pas été fait dans le cas d'un enfant de cinq ans lourdement handicapé qui est mort des suites de négligence, malgré «la présence quasi quotidienne des intervenants du CSSS».

Au total, elle note aussi qu'année après année les délais requis pour obtenir des services gouvernementaux s'allongent.

L'opposition péquiste a réagi en exhortant le gouvernement à privilégier la santé mentale. «La priorité doit être donnée à une politique en santé mentale. Ces personnes vulnérables sont souvent inaptes à se défendre seules. Elles méritent d'être protégées», a estimé la porte-parole, Diane Lamarre.

Les piètres conditions d'hébergement réservées à certains usagers ont révolté son collègue Jean-François Lisée. «L'absence d'accompagnement offert aux personnes ayant une déficience intellectuelle ou physique est tout simplement aberrante. On oblige des jeunes et des adultes à se tourner vers les CHSLD, des milieux de vie tout à fait inadéquats pour eux», a-t-il dénoncé.

Le gouvernement n'a pas encore réagi publiquement au rapport.

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