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Débat autour de l'expulsion des non-Autochtones à Kahnawake

Kahnawake: débat autour de l'expulsion des non-Autochtones
SRC

Plus de 300 membres de la communauté de Kahnawake, en Montérégie, se sont réunis hier soir pour débattre de l'expulsion des « non-Autochtones ». La majorité d'entre eux a demandé l'expulsion du territoire de tous les couples mixtes formés d'un Autochtone et d'un non-Autochtone.

Un texte de Marie-Ève Maheu

« You marry out, you're out! (Si tu épouses quelqu'un de l'extérieur, tu t'en vas!) » Cette loi mohawk est en vigueur depuis 1981 dans la réserve de Kahnawake, et appliquée depuis encore plus longtemps de façon informelle. Mais aujourd'hui, la communauté autochtone semble déterminée à la faire respecter.

C'est la construction d'une maison au coeur de la réserve par un couple mixte, cet été, qui a mis le feu aux poudres. Des lettres ont alors été envoyées à tous les non-Autochtones pour leur demander de partir. Une cinquantaine de familles seraient touchées, selon le chef du conseil de bande, Michael Delisle, qui dit vouloir privilégier la discussion. Quelques-unes de ces familles auraient cependant déjà quitté le territoire.

« Des mesures pourraient être prises prochainement, mais l'hiver arrive. Nous comprenons ça. Nous ne sommes pas sans coeur, dit le grand chef. C'est un enjeu dans notre communauté depuis longtemps, donc on ne cherche pas une solution à court terme. On veut trouver une solution durable. »

Michael Delisle se défend d'appliquer des politiques racistes.

« Ce n'est pas que nous n'aimons pas les non-Autochtones. Notre territoire est très limité. Les non-Autochtones sont une menace pour notre communauté, pour notre identité, notre langue, notre culture. Nous voulons nous assurer que la réserve bénéficie seulement à la communauté mohawk de Kahnawake. C'est une question de survie. »

— Michael Delisle

Une loi discriminatoire?

Le ministère fédéral des Affaires autochtones qualifie la situation de « troublante ». « Cela dit, cette Première Nation agit selon ses propres lois régissant l'appartenance à la bande. Les membres et les non-membres peuvent contester cette décision devant les tribunaux », indique le bureau du ministre Bernard Valcourt dans un courriel envoyé à Radio-Canada.

Le professeur à l'Université d'Ottawa et spécialiste du droit autochtone Sébastien Grammond croit que de retirer ainsi son statut à un Autochtone tiendrait difficilement en cour. « On peut imaginer que c'est soit discriminatoire, soit que ça porte une atteinte à une liberté de faire un choix de vie fondamentale, soit celui du conjoint. »

Le code d'appartenance de Kahnawake est unique au pays. Il a déjà été contesté par un homme qui a été adopté, bébé, par des membres de la communauté, et à qui on refusait le statut d'Autochtone. Le tribunal canadien des droits de la personne lui avait donné raison.

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