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« Still Life » de Boundary: Prendre le temps

« Still Life » de Boundary: Prendre le temps
Philippe Sawicki

Après un premier album homonyme paru l’an passé, Boundary revient à la charge avec une douzaine de morceaux toujours aussi épurés et toujours d’aussi bonne qualité. Still Life propose un univers minimaliste et contemplatif qui invite encore davantage au temps d’arrêt. Le Huffington Post Québec a rencontré Ghislain Poirier, l’artiste montréalais derrière le projet.

Rappelons que le très polyvalent Poirier est un pilier de la scène électronique montréalaise. D’envergure internationale, son travail a été fort remarqué à partir des années 2000.

Avec Boundary, toutefois, c’est tout autre chose qu’il veut proposer.

« Musicalement et visuellement, Boundary c’est vraiment une entité complètement différente de ce que je fais sous le nom de Poirier. Même sur scène, l’approche n’est pas la même. Ça se veut beaucoup plus éthéré et minimaliste. Ce disque est encore plus ambiant et avant-garde que le premier album. Cette fois, je pense que j’enfonce le clou. C’est comme si j’avais vraiment trouvé ce qu’était pour moi Boundary (rires). »

La « musique électronique de chambre » sur Still Life est une suite logique du premier disque de Boundary, paru l’an dernier. On reconnaît aisément l’esthétique et l’univers dès le premier contact. On y exploite de nouveau les concepts d’espace, de territoire, de frontière. La musique urbaine hypnotise grosso modo de la même manière. De lentes progressions qui bercent et perdent l’auditeur. D’autant plus que les traces de classique et les mélodies provoquent encore plus de flottement.

Le tout est une sorte d’univers qui évoque les procédés des Britanniques Brian Eno et Aphex Twin ou encore de l’Américain Steve Reich. Cela dit, c’est certainement un peu moins sombre que le précédent encodé. Quant au visuel de présentation, il toujours en noir et blanc.

Boundary, la nuit

« J’ai travaillé sur l’album surtout la nuit, durant plusieurs mois, raconte Ghislain Poirier. Quand j’étais débarrassé de la frénésie du quotidien. Il fallait que mon esprit soit totalement libre. J’avais vraiment besoin de me concentrer pour trouver l’état d’esprit nécessaire. C’était très important que je puisse rentrer dans la bulle de Boundary. Bref, j’ai dû prendre le temps pour le faire et j’espère que les gens vont prendre le temps de l’écouter. »

« C’est une musique qui demande une certaine attention, poursuit-il. Je fais confiance au public. Ce projet va un peu à l’encontre des valeurs véhiculées en ce moment dans le milieu et dans la société en général, c’est-à-dire l’idée de tout consommer rapidement. »

On comprendra que la musique de Still Life ne convient pas à toutes les salles de spectacle ni à tous les publics. Et Ghislain Poirier en est bien conscient. C’est même ce qu’il recherche avec le projet de Boundary.

« En show, la musique est juste faite en formule live. Je veux que ça se passe dans des endroits où les qualités de son et d’écoute sont au maximum. Pour moi, ce projet appelle des événements spéciaux comme la prestation offerte au Musée d’art contemporain dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal. Il y avait un très grand écran qui diffusait différentes images. Boundary a aussi joué au Centre Phi et à la Société des arts technologiques (SAT). »

« Je cherche plus le contexte. Le prochain spectacle sera pour le festival Mutek à Mexico. Je ne peux pas faire de salle rock ou des bars avec Boundary. Autant que possible, je cherche des endroits particuliers. »

Il faut mentionner que sur les planches, Boundary consiste en une équipe de trois musiciens : Ghislain Poirier, le claviériste Daniel Thouin et le batteur Christian Olsen.

« Ces deux gars-là sont non seulement d’excellents musiciens, ils saisissent parfaitement la démarche derrière Boundary », de souligner Poirier.

Pour sa part, l’architecte du projet se force à travailler autrement ses machines qu’il utilise normalement. Que ce soit en studio ou encore sur scène, quand son mandat est plutôt d’envoyer des bombes de hip-hop, soca, dancehall, électro.

« J’ai voulu que ce disque soit reçu comme une petite beauté intérieure [...] Libre à chacun d’aller fouiller plus loin dans ce qui est caché dans chaque morceau... »

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Boundary

Still Life

Sortie le 9 septembre 20124

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