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Un groupe réclame une enquête sur l'exposition «Bodies Revealed»

Une enquête sur l'exposition «Bodies Revealed» réclamée
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TORONTO - La présumée utilisation, dans une exposition actuellement présentée en Ontario, de cadavres de prisonniers chinois exécutés mérite une enquête, selon un groupe de défense des droits humains.

Le groupe, Choose Humanity, croit que l'entreprise Premier Exhibitions enfreint la loi en présentant son exposition «Bodies Revealed» à Niagara Falls.

Le porte-parole du groupe, Joel Chipkar, souhaite savoir si les organisateurs de l'exposition ont obtenu une forme de consentement avant d'exposer les corps, sans quoi ils seraient dans l'illégalité au Canada.

L'exposition présente des corps entiers ou des membres qui sont passés par un processus appelé «plastination», permettant d'être préservés infiniment. Les corps sont placés dans différentes positions, avec ou sans leur peau. Des foetus sont aussi montrés dans le ventre d'une mère.

Ses défenseurs avancent que l'exposition est un outil éducatif fascinant permettant d'approfondir ses connaissances du corps humain.

Premier Exhibitions, une entreprise d'Atlanta, en Georgie, n'a pas répondu aux demandes d'entrevue à ce sujet. Une note publiée sur son site web confirme que les dépouilles sont celles de citoyens ou résidents chinois «originalement reçus» par la police chinoise.

«Le Bureau chinois de la police peut recevoir des corps de prisons chinoises. Premier ne peut vérifier de manière indépendante si les restes humains que vous verrez sont ceux de personnes ayant été incarcérées dans des prisons chinoises», indique la note.

«Premier se fie aux affirmations de ses partenaires chinois et ne peut vérifier de manière indépendante qu'ils n'appartenaient pas à des personnes ayant été exécutées alors qu'elles étaient incarcérées en Chine».

Pour Choose Humanity, cette décharge de responsabilité ne suffit pas.

M. Chipkar explique que le don d'organe est généralement un tabou en Chine, de sorte qu'il est improbable que des Chinois aient consenti à l'utilisation de leur corps.

Dans une plainte écrite envoyée au bureau du coroner en chef de l'Ontario, dont La Presse Canadienne a obtenu copie, l'avocat du groupe, Joel Etienne, demande la tenue d'une enquête sur les circonstances des décès.

Mais le coroner Dirk Huyer a indiqué vendredi qu'il n'avait pas l'autorité nécessaire, en vertu de la loi provinciale, pour accéder à cette demande, les décès étant survenus à l'extérieur de l'Ontario.

Plusieurs gouvernements à travers le monde ont interdit de telles expositions en raison de l'incertitude entourant la provenance des corps. La France et Hawaï l'ont fait en 2009, tandis qu'Israël a ordonné la fermeture d'une exposition du genre en 2012.

Une exposition semblable mise sur pied par la firme allemande Body Worlds a été présentée plusieurs fois au Canada au cours des neuf dernières années, notamment à Montréal, Toronto, Vancouver et Edmonton. L'entreprise assure cependant qu'elle a bénéficié de «la générosité de donneurs» qui ont accepté que leur corps soit utilisé à cette fin.

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