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Outremont et bikini : pas la première controverse

Outremont et bikini : pas la première controverse

L'affaire du haut de bikini obligatoire pour une petite fille de 3 ans n'est pas la première controverse concernant les maillots de bain à Outremont. En 1985, l'ex-Ville, devenue arrondissement, avait interdit les maillots dans les parcs, pour les adultes et les enfants. Même les médias américains s'étaient intéressés à l'affaire.

Les contrevenants qui ne respectaient pas le règlement municipal adopté en août 1985 risquaient 300 $ d'amende et deux mois d'emprisonnement. « C'était de l'abus de pouvoir », déplore encore aujourd'hui Richard Cummings, un citoyen d'Outremont qui avait pris la tête des contestataires à l'époque. « Une municipalité n'a pas le pouvoir de légiférer sur la tenue vestimentaire d'un citoyen », soutient-il.

Le 5 août 1985, le conseil municipal d'Outremont est l'objet de toutes les attentions à l'occasion du vote de ce règlement. Au total, 1100 citoyens ont voté une pétition contre la décision, alors que 400 ont signé en sa faveur. En dépit de cette large opposition, le maire Jérôme Choquette et les élus sont allés de l'avant avec l'interdiction.

Un citoyen de confession juive hassidique s'est notamment exprimé pour appuyer l'interdiction. Un autre résident d'Outremont avait alors pris la parole : « Moi, je suis juif, et je refuse que ce monsieur parle en mon nom ». Ce dernier n'était autre que Michel Vaïs, aujourd'hui connu comme le fondateur de la Fédération québécoise du naturisme. « Le règlement municipal ne définissait même pas ce qu'était un maillot de bain », se souvient-il, amusé.

« On est dans une société où le conservatisme a de plus en plus de poids. Le corps entier est considéré comme un péché »

— Michel Vaïs

En novembre 1985, la Ville d'Outremont a été déboutée par un jugement de la Cour supérieure du Québec. L'avocat qui pilotait le recours juridique était un jeune criminaliste qui commençait sa carrière : Jean-Claude Hébert.

Selon le Barreau du Québec, cette cause sur la liberté d'expression était l'une des premières à défier une action législative depuis l'entrée en vigueur de la Charte des droits et libertés. « La leçon, c'est qu'il n'y a pas de petit combat civique », conclu Robert Cummings.

Mercredi, une mère qui refusait de mettre un haut de bikini à sa fillette de 3 ans a été expulsée d'une pataugeoire d'Outremont. À quelques rues de là, en 2006, le YMCA avait installé des vitres givrées aux fenêtres qui donnaient sur sa salle d'entraînement.

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