Le trafic aérien a été interdit momentanément vendredi, puis de nouveau autorisé au-dessus du volcan Bardarbunga, près duquel a débuté dans la nuit une éruption ravivant le souvenir du chaos dans les aéroports européens en 2010.
Comme cette éruption ne projetait pas de cendre, ce scénario-catastrophe restait encore hypothétique vendredi. Il y a quatre ans avait été décrétée la plus grande fermeture d'espace aérien en Europe en temps de paix, avec plus de 100.000 vols annulés sur un mois et plus de huit millions de passagers bloqués.
L'institut météorologique islandais, chargé de la surveillance de l'activité volcanique, a élevé au niveau maximal, à "rouge", le niveau d'alerte pour l'aviation au-dessus du volcan dans la nuit. Puis il l'a rabaissé à "orange" à la mi-journée.
Pendant cet intervalle, tous les aéroports islandais sont restés ouverts, a souligné le gestionnaire de ces aéroports, Isavia. Le trafic aérien n'a pas été touché.
Le Bardarbunga, immense volcan situé sous le plus grand glacier du pays, qui s'élève à quelque 2.000 m, est considéré comme assez dangereux pour menacer, une fois en éruption, le trafic aérien dans le nord de l'Europe et l'Atlantique-Nord, comme l'Eyjafjallajökull en 2010.
"Une éruption volcanique a débuté (...) juste après minuit" (00H00 GMT), a indiqué la Protection civile dans un communiqué.
Elle l'a située non pas au niveau du cratère (enfoui sous la glace) du Bardarbunga lui-même, mais un peu plus au nord, au niveau de l'Holuhraun, un champ de lave dans le centre de l'île, très éloigné des habitations.
L'éruption est "accidentelle", une conséquence accessoire de l'activité au coeur du volcan, a estimé le géophysicien Magnus Tumi Gudmundsson, interrogé par la télévision publique Ruv.
"Aucune cendre volcanique n'a été détectée avec le système de radars pour le moment (...) La secousse sismique due à l'éruption est faible, ce qui indique une éruption effusive sans activité explosive significative", a-t-elle ajouté.
Une éruption effusive désigne une éruption avec une coulée de lave qui reste majoritairement à la surface du volcan. Elle peut se transformer en éruption explosive, qui projetterait des cendres, ou alors s'arrêter, dans un délai impossible à prédire.
La fissure qu'elle a créée "fait 900 mètres de long et est à 5 km du glacier" sous lequel se trouve le Bardarbunga, a indiqué sur Twitter la Protection civile.
Le volcan est entré en activité le 16 août, et les mouvements de magma ont provoqué depuis ce jour des centaines de séismes quotidiennement, dont le plus violent a atteint une magnitude de 5,7 mardi.
Le 24 août, le niveau d'alerte pour l'aviation avait déjà été élevé à "rouge" car les scientifiques soupçonnaient une éruption, puis abaissé le lendemain à "orange" car elle n'avait pas été confirmée.
Vendredi encore une fois, l'Islande a pris dans un premier temps les précautions maximales dans la nuit, avec un vaste périmètre d'interdiction des vols qui comprenait l'aéroport d'Akureyri, dans le nord du pays. Ce dernier a des dessertes régulières nationales et vers le Groenland, ainsi que quelques lignes charters vers des villes européennes.
Puis la zone interdite aux avions avait été restreinte à 10 milles nautiques (18,5 km) autour du lieu de l'éruption, en dessous de 5.000 pieds (un peu plus de 1.500 m) d'altitude. Enfin l'alerte rouge avait été levée.
Au sol, la région au nord du glacier Vatnajökull reste interdite à toute circulation depuis une évacuation le 20 août. Cet endroit très sauvage n'accueille que des huttes et des campings pour les chasseurs et randonneurs, si bien que l'activité du Bardarbunga n'a eu pour le moment qu'une incidence réduite sinon nulle sur la vie des habitants.
La route 1, qui fait le tour de l'île et qui est la plus empruntée en dehors de la capitale Reykjavik, reste ainsi entièrement ouverte depuis le début de l'activité volcanique.
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