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«Nation, huis clos avec Lucien Bouchard»: confessions d'un homme politique

«Nation, huis clos avec Lucien Bouchard»: confessions d'un homme politique
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Alors que Mario Beaulieu, chef du Bloc québécois, devait déjà gérer le tollé médiatique qui a suivi la démission du député Jean-François Fortin, le 11 août, Lucien Bouchard lui a compliqué la tâche encore davantage, la semaine dernière, en déclarant que le parti qu’il a lui-même dirigé lors de sa création, en 1991, ne devait être qu’un one shot et qu’il était voué à disparaître après le référendum de 1995, l’option du «oui» ayant bien sûr été la seule envisagée à l’époque par le clan souverainiste.

C’est ce soir que sera diffusé à Télé-Québec le documentaire Nation, huis clos avec Lucien Bouchard, dont le visionnement en présence des journalistes a été le théâtre de ces paroles controversées de l’ancien chef du Bloc québécois et du Parti québécois.

L’entretien-vérité de 90 minutes a été réalisé par Carl Leblanc dans une maison isolée dont les fenêtres étaient cachées par des rideaux noirs pour des raisons d’éclairage. Plus de 22 heures de discussions ont été enregistrées sur cinq jours. On s’aventure très peu dans la vie personnelle de l’homme politique, se concentrant surtout sur les aspects méconnus de sa carrière sous les projecteurs. N’empêche ; on y découvre un être incapable de parler de son père, «un artiste qui chantait», sans verser une larme, et un père fier de ses deux fils, qui n’hésite pas à acquiescer lorsque l’un d’eux le traite de loser, parce qu’il n’a pas réussi à accomplir son idéal de souveraineté. Un être déçu que les générations qui l’ont précédé, des gens «qui n’étaient pas des niaiseux ou des opprimés» n’aient pas eu le loisir de s’exprimer comme elles auraient dû.

Homme de contradictions

Sa première manifestation, son premier discours, l’indignation qu’a suscitée chez lui la Crise d’octobre, la signature de sa carte de membre du Parti québécois, en présence de Jacques Parizeau, en 1971, son amitié avec Brian Mulroney et la fin de celle-ci, son implication dans le dossier de l’accord du lac Meech et sa démission du gouvernement conservateur, la mise sur pied du Bloc québécois, le choc de son hospitalisation et de son amputation, en 1994, la campagne référendaire, son incertitude devant cette dernière, qu’il aurait préféré mener en deux temps («Je sais que j’avais raison», martèle-t-il encore aujourd’hui), son espoir de l’emporter le soir du 30 octobre 1995 («Moi aussi, je vais mettre ma main sur la Coupe Stanley», rêvait-il alors), sa réticence à succéder à Jacques Parizeau, jusqu’à sa démission, Nation met bien en relief le caractère bouillant de Lucien Bouchard, de même que ses contradictions. «Personne n’a compris que je ne voulais pas faire de politique! Toute ma vie, j’ai résisté à la politique», clame celui qui n’a jamais été assez «suffisamment, absolument fédéraliste pour les fédéralistes» et assez «suffisamment, absolument indépendantiste pour les indépendantistes», et qui soutient être un souverainiste «prudent et responsable».

S’il a quitté la politique, en 2001, c’est principalement parce qu’il ne voulait pas finir comme René Lévesque, qui était jadis attaqué de toutes parts et étranglé par toutes sortes d’intrigues au sein de son équipe. Il considère son passage à Ottawa comme «une erreur», même si le fait de changer de parti, pour lui, n’a rien d’extraordinaire ou de répréhensible. À ses deux garçons, il a voulu transmettre la tendresse, car «la vie est dure, il faut compenser avec de la tendresse. Pas de la complaisance, de la tendresse.»

Le document se termine avec la lecture de son discours de vainqueur, qu’il aurait déclamé le 30 octobre 1995 si ses troupes l’avaient emporté. Une partie du discours, à tout le moins, le reste demeurant sous embargo aux Archives nationales du Québec. Sera-t-il publié éventuellement?

«On va faire du striptease, une étape à la fois», s’est esclaffé Lucien Bouchard en point de presse.

Nation, huis clos avec Lucien Bouchard, ce lundi, 25 août, à 21h, à Télé-Québec.

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