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Haïdar al-Abadi, le nouveau Premier ministre irakien, avait requis l'aide des États-Unis en juin

Haïdar al-Abadi avait requis l'aide des États-Unis en juin
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IRAK - Le texte qui suit (traduit de l'anglais sans être modifié) provient d'un article du HuffPost britannique publié le 30 juin. L'auteur de cet article, notre confrère Mehdi Hasan, y retranscrit son interview exclusive avec le nouveau Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi, nommé lundi 11 août par le président Fouad Masoum pour succéder à Nouri al-Maliki et former un nouveau gouvernement.

Interrogé en tant que porte-parole du parti politique chiite Dawa (également celui de Nouri al-Maliki), Haïdar al-Abadi y appelait déjà les Etats-Unis à mener des frappes aériennes contre les djihadistes de l'Etat islamique, qui ont commencé leur offensive en Irak le 9 juin dernier.

A cette époque, l'administration américaine avait exclu de telles frappes, mais Barack Obama a fini par s'y résoudre face à l'ampleur de la crise, évoquant un risque de "génocide" contre les minorités chrétiennes, kurdes et yézidis. Haïdar al-Abadi, dont la nomination a été saluée par les Etats-Unis, s'alarmait de l'avancée des djihadistes de l'Etat islamique et se prononçait pour leur "expulsion" de la région.

Le Dr Haïdar al-Abadi, un membre du Parlement irakien et porte-parole du parti islamique Dawa, le parti politique du premier ministre Nouri al-Maliki, a averti les États-Unis que s'ils persistent à refuser d'effectuer des frappes aériennes contre l'organisation jihadiste de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), le gouvernement irakien pourrait se tourner vers l'Iran.

Lors d'une entrevue exclusive accordée au Huffington Post britannique, Al-Abadi a déclaré que son gouvernement se sentait suffisamment menacé par l'EIIL pour "prendre en considération toute offre d'assistance, même en provenance de l'Iran".

Selon toute vraisemblance, ce serait la première fois qu'un politicien irakien aussi haut placé aurait évoqué publiquement une action militaire iranienne massive en Irak, du moins si les États-Unis n'interviennent pas. "Nous attendons le soutien des Américains", a-t-il déclaré. "S'il y a des frappes aériennes américaines, nous n'aurons pas besoin des frappes aériennes iraniennes". Il a par ailleurs ajouté qu'une aide de l'armée de l'air turque pourrait également être envisagée.

Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a pour sa part déclaré que des frappes aériennes seraient "un acte totalement irresponsable", vu l'apparent schisme sectaire en Irak et l'échec des forces de sécurités irakiennes de contrôler les combattants de l'EIIL sur le terrain.

Selon Al-Abadi, qui est le président du Comité des finances du Parlement irakien et qui a été candidat au poste de premier ministre en 2006 et 2010, l'Irak peut "survivre grâce à une assistance minimale" et les forces irakiennes sont en mesure de "protéger Bagdad" contre les militants jihadistes, mais des frappes aériennes sont nécessaires pour "expulser l'EIIL de la région". Le secrétaire d'État John Kerry n'est pas partisan de frappes aériennes américaines contre l'EIIL en Irak

Le 29 juin, l'État islamique en Irak et au Levant a annoncé qu'elle avait établi un califat dans les zones sous son contrôle, comprises entre Alep, au nord de la Syrie, et la région de Diyala, dans l'est de l'Irak. Le dirigeant de l'EIIL, Abou Bakr al-Baghdadi, a été nommé calife et "commandeur des musulmans dans le monde".

Pour al-Abadi, la montée de l'EIIL est une véritable "catastrophe" pour le Moyen-Orient, et pour le monde occidental. Récemment, on a appris que de jeunes musulmans britanniques s'étaient rendus en Syrie et en Irak afin de combattre dans les rangs de l'EIIL, et on s'inquiète désormais du fait qu'ils pourraient revenir au Royaume-Uni et constituer une sérieuse menace à la sécurité nationale.

Al-Abadi croit d'ailleurs que la menace que représente l'EIIL pour le Royaume-Uni est "immense". En effet, met-il en garde, l'idéologie de l'État islamique en Irak et au Levant n'est pas simplement sectaire, mais repose sur la lutte "à tous ceux qui ne sont pas comme eux".

Même s'il admet volontiers que l'organisation n'est pas "basée en Irak" et qu'elle dépend en très grande partie de combattants en provenance de l'étranger, al-Abadi constate que "l'EIIL recrute désormais des jeunes combattants dans les villages [de la province de Ninawa]. Nous assistons à la naissance de toute une génération d'Irakiens au sein de l'EIIL".

Il dément par ailleurs que le gouvernement Maliki soit coupable de la marginalisation de la minorité sunnite irakienne, une allégation faite par de nombreux observateurs, dont l'ancienne secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton. "Peu importe le pays, est-ce que tous les citoyens, sans exception, appuient le gouvernement?".

Il admet néanmoins qu'il y a eu des "excès" de la part des forces de sécurité irakiennes, excès qui ont contribué à aliéner les populations sunnites du nord de l'Irak du gouvernement central de Bagdad. "Nous devons procéder à l'inventaire des doléances, certaines sont avérées, d'autres sont fausses."

Le départ du premier ministre Maliki parviendra-t-il à résoudre les problèmes politiques actuels et ceux en matière de sécurité en Irak?

Haïder Al-Abadi croit que le départ du premier ministre Maliki et la mise en place d'un soi-disant "gouvernement de salut national" ne sont pas, à eux seuls, la solution politique à la crise actuelle en matière de sécurité en Irak. "L'État islamique en Irak et au Levant suit son propre agenda, en Irak", a-t-il expliqué au HuffPost britannique. "Même si nous avions un premier ministre sunnite, ils s'opposeraient à celui-ci... Ils ont combattu [l'ancien premier ministre Iyad] Allaoui parce qu'il était laïque et malgré le fait qu'il n'était pas chiite."

Il a souligné le fait qu'"à Ninawa, ils [les militants de l'EIIL] ne tuent pas uniquement les chiites, mais également les sunnites qui refusent d'être inféodés". "Nous devons faire très attention de ne pas glisser dans un conflit sectaire", a-t-il mis en garde, ajoutant que "les chiites ne sont pas contre les sunnites, et les sunnites ne sont pas contre les chiites."

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