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Traitement contre l'alcoolisme: des chercheurs ont réussi à rendre des vers insensibles à l'alcool

Ce ver qui ne peut pas être saoul intéresse de près les chercheurs

Imaginez l'état dans lequel vous seriez si vous nagiez dans une piscine d'alcool. Les vers qui ont servi à cette étude, eux, ne verraient pas la différence. Grâce à une mutation génétique, des chercheurs ont réussi à les rendre insensibles à l'alcool. Cette découverte pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements contre l'alcoolisme.

Publiée le 15 juillet 2014 dans The Journal of Neuroscience, cette étude de chercheurs de l'Université du Texas montre comment une mutation d'une chaîne moléculaire a pu bloquer les effets néfastes de l'alcool chez des Caenorhabditis elegans, des vers qui ressemblent à ça:

Les chercheurs ont réussi à modifier l'une des cibles de l'alcool pour empêcher l'intoxication. Cette cible est une chaîne moléculaire, le canal potassium SLO-1, qui provoque les effets de l'alcool au cerveau. Elle joue également un rôle dans la régulation de l'activité des vaisseaux sanguins, des neurones, de l'urètre.

C'est en fonctionnant par tâtonnements qu'ils ont trouvé cette cible. "Nous avons testé des centaines de mutations afin déterminer empiriquement laquelle permettrait au canal de potassium de fonctionner normalement tout en empêchant l'alcool de l'activer", ont-ils précisé.

A force de tester des mutations de ce canal, ils ont réussi à trouver la bonne mutation, celle qui empêchait les vers d'être saouls sans bloquer ses autres fonctions.

"La façon dont nous l'avons modifiée [la chaîne moléculaire, NDLR] ne perturbe pas le fonctionnement normal de la cible, lui permettant de continuer à fonctionner normalement dans le cerveau du vers", souligne Jonathan Pierce-Shimomura, neuroscientifique de l'Université du Texas et co-auteur de l'étude.

Car au cas où vous vous posiez la question, le comportement des vers varie en effet en fonction de la quantité d'alcool ingurgitée. Mis dans des boîtes de Petri pleines d'alcool, ils frétillent et avancent bien plus lentement que lorsqu'ils sont "sobres".

D'une mutation génétique à un médicament

Avec cette découverte, les chercheurs espèrent développer des médicaments qui auraient le même effet chez les souris, et éventuellement (c'est l'objectif) sur les hommes.

"Nous avons trouvé un moyen pour que de futurs médicaments puissent cibler une molécule du cerveau humain, le canal potassium SLO-1, afin d'empêcher l'alcool de l'activer et de causer une intoxication", explique Pierce-Shimomura.

Si un médicament avait le même effet que la mutation, on pourrait aider des gens à surpasser leur addiction et les effets du manque. Evidemment, il faudra du temps aux chercheurs pour parvenir à produire ce médicament. Par ailleurs, l'alcool n'a pas une seule cible dans le cerveau mais plusieurs, comme le souligne The Verge, donc tous les symptômes de l'intoxication ne seraient probablement pas éliminés.

Mais pour Pierce-Shimomura, "l'alcoolisme est un énorme problème de société qui a besoin de plus d'efforts et de fonds. Presque tout le monde connaît quelqu'un qui est touché par l'abus d'alcool." Le jeu en vaut donc la chandelle.

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