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La Coupe du monde 2018 en Russie sera-t-elle l'antithèse de celle au Brésil?

La Coupe du monde 2018 en Russie, l'anti-Brésil?
AFP

Vladimir Poutine était à Rio le dimanche 13 juillet pour la finale de la Coupe du monde 2014. Le président russe a participé à la cérémonie de clôture de la compétition, au cours de laquelle la présidente brésilienne Dilma Rousseff a passé le relais de l'organisation de la prochaine Coupe en 2018 à son homologue russe.

La Coupe du monde 2018 en Russie pourrait être l'antithèse de celle qui s'achève au Brésil.

Pas de retard sur les infrastructures

«Les Russes foncent. C'est étonnant, mais ils vont plus vite que le train (...) La Russie est en avance de 6 à 8 mois sur le calendrier normal de l'organisation d'une Coupe du monde», se félicitait en début d'année Jérôme Valcke, le secrétaire général de la FIFA.

Si l'organisation du Mondial 2014 a été marquée par d'innombrables retards et l'abandon de nombreux projets d'infrastructures censés améliorer le quotidien des Brésiliens, la préparation russe devrait ressembler à un arrêt de Lev Yachine, seul gardien à avoir remporté le Ballon d'or (1963): méthodique et efficace.

La Russie a promis de dépenser des milliards pour construire des stades mais dispose déjà d'infrastructures de transport et d'accueil importantes, bien plus développées qu'au Brésil. Et si le budget a déjà été revu à la hausse, les organisateurs pourront s'appuyer sur l'expérience et les infrastructures héritées de l'organisation des Jeux olympiques de Sotchi.

Pour financer les stades, routes et autres infrastructures, les autorités russes devraient aussi aller chercher des fonds dans les poches des milliardaires et oligarques du pays, dont Roman Abramovitch, propriétaire du Chelsea FC. «Je n'exclus pas qu'il puisse prendre part à un de ces projets (...), il a beaucoup d'argent», avait déclaré Vladimir Poutine en 2010.

Par ailleurs, «des fonds stratégiques ont été mis de côté et pourront servir en cas de problème», indiquait un géopolitogue au Monde en 2010.

Pas de contestations visibles

Les manifestations massives contre la vie chère qui devaient perturber la Coupe du monde 2014 n'ont pas eu lieu. Elles n'ont en tout cas pas eu l'incidence qu'on leur promettait avant le début de la compétition: de petites manifestations ont rassemblé en moyenne 200 personnes tous les jours dans le pays.

Le 8 juin 2018, quand s'ouvrira la Coupe du monde russe, Vladimir Poutine en aura terminé avec le mandat présidentiel en cours; et s'il ne faut pas présager de ce que réserve l'avenir, il y a fort à parier qu'il se présentera (avec succès) pour un quatrième mandat. Dépeint comme un dictateur en Occident, il jouit parmi les Russes d'une cote de popularité exceptionnelle.

Populaire... et autoritaire, Vladimir Poutine a réduit à sa portion congrue l'opposition russe. La loi anti-manifestations promulguée en 2012 l'aidera encore davantage à assurer le déroulement de la Coupe du monde 2018 sans l'once d'un début de contestation sociale.

«Le coût important des Jeux olympiques de Sotchi n'a pas provoqué de mouvement similaire», comme cela a été le cas au Brésil, «la FIFA peut donc raisonnablement estimer qu'il n'y aura pas ou peu de contestation populaire», écrivait La Voix de la Russie en juin dernier.

Le choix de la Russie, c'est pour la FIFA «l’assurance d’un État fort, où ne viendront pas se mêler les querelles politiques», résumait en 2010 Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

Peu d'engouement

Malgré les conséquents investissements réalisés par les milliardaires dans les clubs du championnat russe, les stades du pays restent peu fréquentés. «L’affluence moyenne dans les stades demeure assez basse (13 000 spectateurs contre plus de 20 000 en France) et les droits télévisés restent trop maigres (20,5 M$ en moyenne par club, contre plus de 35 millions en Ligue 1), notait La Croix en juin dernier.

Dans un sondage publié par le New York Times avant le début de la Coupe du monde au Brésil, 60% des Russes interrogés se disaient «peu intéressés» par le football (contre 47% des Brésiliens) et 17% «pas intéressés» (12% des Brésiliens).

Le même sondage indiquait par ailleurs que les Russes ne voulaient surtout pas voir les États-Unis remporter la Coupe du monde brésilienne. Rivalité historique oblique. Mais plus étonnamment, c'est la Russie que les Russes plaçaient en seconde position des équipes qu'ils soutiendraient le moins...

Peut-être la faute à la corruption qui gangrène le pays et n'épargne pas le soccer (en 2013, le pays est classé 127e sur 177 pays selon l'indice de perception de la corruption de l'ONG Transparency International, à égalité avec le Pakistan, l'Azerbaïdjan ou le Nicaragua). «Le soccer russe est totalement sous contrôle d'une bureaucratie corrompue. Tous les défauts de l'État russe - escroquerie, incompétence, vénalité - sont aussi ceux du foot russe», écrivait sur son blogue en 2010 l'opposant libéral Boris Nemtsov, cité par Russie Info.

Les soupçons qui pèsent sur les attributions de la Coupe du monde 2018 à la Russie et de la Coupe du monde 2022 au Qatar (annoncées le même jour et votées par les mêmes membres de la FIFA), contribuent par ailleurs à entretenir le malaise.

Et quid des supporteurs étrangers? La Russie a des attraits touristiques d'exception, mais suffiront-ils à séduire suffisamment de supporteurs étrangers de faire le déplacement? Il n'est pas certain que la place rouge de Moscou attire autant d'étrangers que les plages de Rio... À plus forte raison encore si les appels au boycott de la compétition se poursuivent.

>Pas de rôle de favori pour le pays hôte

Les 23 joueurs russes sélectionnés pour la Coupe du monde 2014 au Brésil évoluaient tous dans le championnat russe. Signe que le championnat russe est attractif ou plutôt que les jeunes Russes ne sont pas assez bons pour évoluer dans les plus grands clubs européens?

La «Sbornaïa» a d'ailleurs été piteusement éliminée dès la phase de poule de la Coupe du monde au Brésil, dans un groupe pourtant à sa portée (Algérie, Belgique Corée du Sud).

Au Brésil, la pression qui entourait la Seleçao - donnée par tous parmi les grands favoris de la compétition - a permis d'entretenir l'enthousiasme des amateurs de soccer à travers le monde. Mais, comme pour l'Afrique du Sud en 2010, les supporteurs du pays hôte pourront se réjouir si leur sélection franchit la phase de poules de son Mondial...

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