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Des images d'un combattant canadien utilisées pour le recrutement djihadiste

Des images d'un combattant canadien utilisées pour le recrutement djihadiste
SRC

Le groupe djihadiste l'État islamique (EI), qui contrôle des pans du territoire syrien et irakien, a diffusé une vidéo mettant en vedette André Poulin, un combattant originaire de Timmins, en Ontario, mort au combat en Syrie à l'été 2013.

La vidéo, d'une durée de 11 minutes, est destinée au recrutement de djihadistes en Occident. André Poulin y parle de sa vie au Canada. On peut l'entendre dire « J'avais de l'argent. J'avais une bonne famille. [...] Je regardais le hockey. L'été, j'allais au chalet. »

Le Canadien parle de son pays d'origine comme étant une terre de non-croyants (dar al-kufr) et dit qu'il ne peut pas vivre dans un endroit où « l'on ne peut pas montrer obéissance totale à Allah ».

Il affirme aussi qu'il s'est marié lors de son arrivée en Syrie et que sa femme est enceinte. Il ajoute que ceux qui ne peuvent pas se battre pour la cause devraient contribuer financièrement au djihad.

Dans la bande vidéo, en plus d'André Poulin, on montre des images de Canadiens à la pêche, jouant au hockey ou circulant en motoneige. On y voit aussi des séquences de combat à l'aéroport d'Alep. Le narrateur mentionne alors qu'André Poulin a combattu à cet endroit et y a perdu la vie.

Le jeune homme dans la mi-vingtaine avait un casier judiciaire au Canada, notamment pour avoir proféré des menaces de mort.

André Poulin, connu sous le nom de combattant Abu Muslim, s'était converti à l'islam il y a quelques années. Il a beaucoup écrit sur le web au sujet de ses croyances, en utilisant la signature : « martyre, si Dieu le veut ».

Il a rejoint son unité de combattants étrangers, contrôlés par un Tchétchène, à la fin de 2012. En août dernier, il a participé à une attaque contre un aéroport contrôlé par le régime syrien avec d'autres groupes islamistes. Son corps a été retrouvé et enterré par d'autres djihadistes.

Au printemps dernier, André Poulin a parlé librement avec un cinéaste américain sur ce que sa famille pensait de ce qu'il faisait en Syrie. « D'un côté, ils sont heureux que j'aie trouvé ma voie et que je fasse mes choses, vous savez, aider les gens. En même temps, ils ne comprennent pas tout à fait pourquoi je suis ici. »

Efficace, comme méthode?

Les recrues terroristes provenant des pays occidentaux ont presque toutes réalisé ce genre de vidéo, qui vise à recruter d'autres occidentaux, indique Steven Emerson de l'Investigative Project on Terrorism.

Le nombre élevé de djihadistes d'origine occidentale impliqués dans le conflit en Syrie montre que ce genre de méthode de recrutement est efficace, selon M. Emerson.

Selon Michel Juneau-Katsuya, un ancien agent du renseignement canadien, ces vidéos visent des jeunes âgés d'une vingtaine d'années « qui se cherchent eux-mêmes, qui se cherchent une vision ou une mission ». Ils vont trouver ces vidéos « intéressantes, attirantes, orientées vers l'action et sexy, en quelque sorte ».

Les vidéos-testaments sont utilisées depuis les attentats du septembre 2001, mais la tendance est à la hausse depuis les cinq dernières années, ajoute M. Juneau-Katsuya.

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