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Fiables, les cotes de qualité de l'eau des plages publiques?

Les cotes de qualité de l'eau des plages publiques sont-elles vraiment fiables?
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La qualité de l'eau de baignade des plages publiques n'est pas assez fréquemment analysée par le ministère de l'Environnement, selon certaines municipalités, qui dénoncent le manque de fiabilité du programme gouvernemental.

Un texte de Julie Vaillancourt

À Sherbrooke, un incident survenu à l'été 2010 a bouleversé la façon dont on analyse désormais la qualité de l'eau de baignade des plages municipales.

Cet été-là, Aimée Carbonneau, une fillette de trois ans et demi, a frôlé la mort après s'être baignée à la plage publique Deauville, aux abords de la rivière Magog. Peu de temps après, elle a commencé à éprouver des malaises.

L'enfant a été transportée d'urgence à l'hôpital, où les médecins ont diagnostiqué une fulgurante infection à la bactérie E. coli. Entre-temps, les reins de l'enfant avaient presque cessé de fonctionner. On parle alors d'un syndrome hémolytique urémique.

Aimée Carbonneau s'en est finalement tirée miraculeusement, grâce à un traitement expérimental. Mais encore aujourd'hui, la fillette a des problèmes rénaux et pourrait être sous médication toute sa vie.

La baignade aurait dû être interdite

À l'époque, la qualité de l'eau de baignade était testée par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC), qui effectue ces analyses pour près de 250 municipalités.

Or, le jour où Aimée s'est baignée, le taux de coliformes fécaux était - dans certaines portions de l'eau - cinq fois plus élevé que la limite permise pour la baignade, qui est de 200 coliformes fécaux pour 100 ml.

Mais sa mère l'ignorait : la plage affichait cette journée-là une cote A qui datait d'une analyse effectuée deux semaines auparavant. C'est normal, puisqu'en vertu du programme gouvernemental Environnement-Plage, l'eau est échantillonnée seulement deux ou trois fois par été.

En réalité, ce jour-là, la cote de l'eau à la plage Deauville était D, mais les baigneurs l'ont su seulement le lendemain, puisque les résultats des tests d'échantillonnage prennent 24 heures avant d'être publiés. Une surprise pour Sandra Carbonneau.

Depuis l'an dernier, Sherbrooke ne se fie plus au programme gouvernemental et fait elle-même ses propres tests d'échantillonnage d'eau à une fréquence beaucoup plus élevée que le programme ministériel.

« On désire vraiment faire un échantillonnage beaucoup plus soutenu que celui qui est proposé pour l'ensemble des villes du Québec, mais aussi de rassurer les citoyens. Il y a vraiment une question de diligence raisonnable », explique Christine Flieson, chef de la division environnement pour la Ville de Sherbrooke.

D'autres villes emboîtent le pas

À Magog, où trois plages publiques bordent le lac Memphrémagog, on s'est également dissocié du programme gouvernemental. « On voulait des tests plus rigoureux », explique Marie-Line Guillemette, technicienne en environnement à la Ville, qui précise que l'eau est maintenant échantillonnée chaque semaine.

Sur l'île de Montréal, l'eau des plages publiques est également échantillonnée chaque semaine en vertu d'un programme particulier de suivi du milieu aquatique, qui est en vigueur depuis plusieurs années.

Dans les municipalités qui ont recours strictement au programme du ministère pour évaluer la qualité de l'eau de baignade, comme Cowansville, les baigneurs sont parfois surpris lorsqu'on leur apprend que l'eau de la plage municipale - qui affichait un B lors de notre passage le 2 juillet - avait été testée le 18 juin dernier.

Marie-Claude Quirion, une mère de famille venue se rafraîchir à la plage du Centre de la nature en compagnie de ses trois jeunes enfants, s'étonnait de la faible fréquence d'échantillonnage de l'eau.

« Je pensais que c'était fait une fois par semaine, peut-être plus souvent lors des canicules. J'aimerais que ça soit fait plus souvent pour les tout-petits parce qu'ils boivent l'eau, ils ont les yeux dans l'eau, le nez dans l'eau. Il a fait chaud les derniers jours, ça a dû être super fréquenté », dit-elle.

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