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B.B. King et Gary Clark Jr. au Festival de Jazz: le pionnier du blues peut se retirer tranquille (PHOTOS)

B.B. King peut se retirer tranquille (PHOTOS)
David Kirouac

Soirée forte en symboles pour le 35e Festival international de jazz de Montréal, samedi : « le roi du blues » B.B. King tentait une fois de plus à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts de convaincre les gens qu’il pouvait encore faire vibrer ses amateurs. L’homme de 88 ans, qui a reçu un nouveau prix nommé en son nom, a surtout permis à plusieurs Montréalais de réaliser que Gary Clark Jr., étoile montante du genre musical, pouvait prendre la relève du « King » sans complexe d’infériorité.

Jamais la formule simpliste « tout est dans tout » n’aura été aussi vérifiée. B.B. King – qui de toute évidence boucle lentement la boucle d’une époustouflante carrière – a reçu des mains du directeur artistique et cofondateur du FIJM, André Ménard, une récompense (créée spécialement en l’honneur de son incommensurable travail dans l’univers du blues) qui pourra vraisemblablement être remise un jour à Gary Clark Jr., le talentueux guitariste qui ouvrait la soirée. C’est comme le concept des poupées russes, mais en formule américaine ! Deux générations de blues pour un concert qu'on ne reverra probablement pas en ville.

L’héritier

Le jeune Texan (lauréat d'un Grammy en 2014 pour meilleure performance R’n’B pour Please Come Home) a prouvé une fois de plus qu’il avait bien appris les leçons de ses maîtres en offrant une magnifique prestation lors de ce programme double proposé à la salle Wilfrid-Pelletier.

Sans tambour ni trompette, Gary Clark Jr. est arrivé très décontracté sur la grande scène. Il faut dire que ses deux dernières années, le jeune prodige en a vu d’autres avec cette panoplie de spectacles donnés un peu partout, même devant le président américain Barack Obama, à la Maison-Blanche, en février 2012.

Le jeune homme de 30 ans n’a d’ailleurs rien perdu de son talent. Il manie toujours son instrument tel un « guitar hero ». Et le mot n’est pas exagéré quand on se retrouve devant autant de prouesses musicales. Surtout quand elles sont incorporées dans une architecture musicale cohérente et mélodique.

En fait, cet Américain noir semble carrément marcher dans les traces des Jimmie Vaughan, Jimi Hendrix ou encore B.B. King, lui-même. La maîtrise de son art est étonnante.

Crédit: Denis Alix / Festival international de jazz de Montréal

Clark Jr. a d’ailleurs surpris plusieurs spectateurs à la Place des Arts qui ont applaudi généreusement après chacune des compositions. Dans cette salle remplie de personnes d’abord venues pour entendre (une dernière fois peut-être) le King, rendu à 88 ans, le chanteur a certainement trouvé plusieurs nouveaux admirateurs, qui viendront gonfler davantage les rangs de ses fervents admirateurs, qui grandissent sans cesse en nombre.

Gary Clark Jr, malgré son attitude ultra détendue, est un véritable performer au doigté de magicien. Il a le groove dans le sang en plus d’avoir une voix prenante de rock, blues et soul. Comme si ce n’était pas assez, il a une belle gueule et une présence assez charismatique. Vêtements stylisés (dont le chapeau branché légèrement incliné) en prime.

Peu importe la pièce musicale (mentionnons Blak and Blu, Ain’t Messin ‘Around, When My Train Pulls In, Please Come Home, If Trouble Was Money, Don’t Owe You A Thang, Things Are Changin’ ou encore la bombe rock Bright Lights envoyée en finale) qu’il a jouée durant les 75 minutes qui lui étaient grosso modo allouées, Gary Clark Jr. a fait de l’excellent travail.

Ce blues dynamique qui porte dans sa guitare des sédiments de rock, de psychédélique, voire de hip-hop, est déjà reconnu comme du travail de génie.

Quant à B.B. King, son spectacle a eu lieu après l’entracte. Ses huit musiciens noirs hautement expérimentés (quatre cuivres, guitare électrique, basse, clavier, batterie) ont d’abord offert deux jams très propres, mais efficaces, saupoudrés de courts solos. Ces performances rodées au quart de tour servaient en fait d’apéritifs.

So long

Ensuite, André Ménard est apparu sur scène pour remettre le fameux prix à B.B. King (qui le suivait de près), qui s’est dit très heureux de recevoir cet honneur. Une belle attention d’autant plus méritée que le musicien était de la première édition du Festival international de jazz de Montréal il y a 35 ans.

Après un « merci beaucoup » et les formules d’usage, B.B. King s’est avancé lentement vers le milieu de la scène, où une chaise l’attendait. Sur son chemin, il a gentiment salué ses musiciens : tantôt une tape sur l’épaule, tantôt un salut de la main.

Le temps que la légende vivante du blues ait présenté tous ses musiciens (il a habitué ses amateurs à de longs dialogues au fil des ans, parfois un-peu-beaucoup-trop-longs d’ailleurs) et envoyé enfin quelques notes, nous étions partis pour assister au concert de St. Vincent, une autre jeune artiste américaine bourrée de talent.

Au fond, tout a été dit sur le célèbre B.B. King, intronisé au Rock and Roll Hall of Fame et au Blues Hall of Fame. Des millions de gens l’ont adulé pendant si longtemps. Des mers d’admirateurs ont assisté à ses concerts au cours des décennies passées. Plusieurs ont aussi dit et écrit qu’il était temps pour le bluesman de The Thrill is Gone de prendre une retraite bien méritée.

So long le King!

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