LAC-MÉGANTIC, Qc - L'abbé Steve Lemay a passé l'année à écouter et réconforter ses ouailles, si bien qu'après avoir célébré la messe de minuit, samedi, il cédera sa place à l'archevêque de Sherbrooke, Mgr Luc Cyr, pour la cérémonie commémorative de dimanche.
«Je lui ai expliqué (à Mgr Cyr) que j'avais besoin d'être du côté de ceux qui reçoivent quelque chose. Je ressentais le besoin personnel d'être avec les miens, parce que je m'identifie beaucoup à eux, je suis attaché aux gens que je sers ici», a exposé le curé de Lac-Mégantic en conférence de presse, vendredi.
L'abbé Lemay avait prononcé l'homélie lors de la messe commémorative du 27 juillet dernier, quelques semaines à peine après que le train fantôme eut fauché 47 vies, dans la nuit du 6 juillet.
Mais cette fois, il éprouvait le besoin de se laisser inspirer par les paroles d'autrui, puisqu'il lui est arrivé «de manquer de mots» et d'avoir «la patience usée» au cours des derniers mois.
L'année a été excessivement éprouvante dans la petite municipalité de 6000 âmes, et pas seulement pour les proches et les familles des victimes.
Le curé âgé de 36 ans, qui est au service de la population de Lac-Mégantic depuis maintenant six ans, a lui aussi vécu des moments douloureux, «comme le reste de la population».
C'est la raison pour laquelle il a choisi de coprésider la messe plutôt que de la célébrer dimanche à l'église Sainte-Agnès.
Le lieu de culte et sa statue du Christ, debout devant les boules de flammes qui ont embrasé le ciel de la ville, sont en quelque sorte devenus des icônes de la détermination de la communauté, a fait remarquer l'abbé Lemay.
«De par sa situation, l'église est un symbole fort de résilience; elle s'est tenue debout devant la tragédie et elle est pour nous un exemple de ce que la population a voulu vivre à travers cette épreuve, soit se tenir debout devant les difficultés», a-t-il illustré.
Et si la cérémonie qui s'y tiendra dimanche est qualifiée de «commémorative», elle ne l'est pas pour autant, ont par ailleurs spécifié l'abbé Lemay et Mgr Cyr.
Car l'«immense défi» consiste à «commémorer des événements qui n'appartiennent pas complètement au passé» étant donné que les Méganticois ont encore «les deux pieds dans la tragédie» et dans les conséquences de celle-ci, selon le curé.
Il reste qu'une partie de la population a besoin de se réunir pour «prendre une pause», une «halte de paix», a affirmé Mgr Cyr, qui a soutenu ne pas avoir hésité à accéder à la demande de son jeune collègue.
L'archevêque a indiqué qu'il avait demandé à toutes les paroisses du diocèse de Sherbrooke d'inviter leurs fidèles à respecter une minute de silence lors de leur messe dominicale, en guise de solidarité avec la population méganticoise.
«La population de Lac-Mégantic n'est pas isolée, a-t-il assuré. Nous sommes là et nous y serons encore pour longtemps.»
La messe de minuit sera suivie d'une marche nocturne, dont le coup d'envoi sera donné à 1 h 16, soit l'heure vers laquelle le funeste déraillement est survenu.
Quant à la célébration de dimanche, à laquelle assisteront plusieurs dignitaires — et l'abbé Lemay —, elle débutera à 11 h et sera diffusée en direct sur les ondes de RDI.
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