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Festival de Jazz: Daniel Lanois l'explorateur aguerri (PHOTOS)

Festival de Jazz: Daniel Lanois l'explorateur aguerri (PHOTOS)
David Kirouac

Daniel Lanois accompagné de deux magnifiques chanteuses nées dans deux temps différents, la belle affaire. Ajoutons à ce splendide trio d’interprètes l’incroyable batteur Brian Blade, fidèle compagnon, et le jeune bassiste Jim Wilson, aussi un acolyte, et on obtient dans cet assemblage une source quasi inépuisable de talent. À la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, jeudi soir, ces cinq artistes ont d’ailleurs offert toute une performance.

C’est en véritable explorateur que le Canadien Daniel Lanois (né à Montréal, il est déménagé en Ontario à 9 ans) se présente sur la scène, chapeau de cowboy blanc sophistiqué et habits de cuir de rockeur décontracté. Rien de bien étonnant à se sentir témoin d’une séance unique. Il aime toujours à farfouiller dans ce grand univers de sons folk-rock qui le caractérise. Mais en cette rencontre de Festival de Jazz, l’idée de pousser les limites, de jouer dans la marge, prend doublement son sens.

Douce rage

Au tout début de la soirée, l’homme de 62 ans explique qu’il tient à présenter quelques courts métrages (artistiques et assez expérimentaux) sur lesquels il a couché du nouveau matériel instrumental, qui se retrouvera sur son prochain album intitulé The End, à sortir en octobre. Assis devant sa steel guitar, Lanois donne le ton. Il balance de l’atmosphérique. Les cordes vibrent et se plaignent en synchro avec les images.

Cinq minutes plus tard, Blade le rejoint pour frapper doucement sur les caisses de sa batterie avec ses baguettes à timbale. Après de délicieux passages, Lanois s’avance finalement au micro.

Ne faisant qu’un avec sa guitare électrique, qu’il a empoignée juste auparavant, Lanois envoie les premières paroles de Fire, de l’album Shine. Son instrument gronde, rage, distorsionne. Comme si de rien n’était, Blade, Wilson et Lanois livrent une belle mélodie au milieu de tout ce noise, surtout créée par la guitare électrique. Tels des prospecteurs, les gars partent à l’aventure pour dénicher quelques trésors insoupçonnés.

Aucune surprise lorsque que le chanteur, dans ce silence revenu, explique la responsabilité de briser les normes musicales afin d’explorer de nouvelles avenues, comme l’ont déjà fait certains musiciens de jazz en réaction au travail plus conventionnel.

Trixie

C’est ici qu’il présente la superbe Trixie Whitley, qui vient rejoindre le trio de musiciens pour partager quelques pièces (Nomad, Surely, Last Time) du disque Black Dub (soul, blues, rock) qu’elle a produit avec Daniel Lanois en 2010. Cette jeune femme possède une voix sublime en plus de présenter une belle aisance sur scène (elle sera sur la scène du Club Soda, vendredi, pour présenter son projet solo). Le groove s’empare des arrangements. Tout coule.

Par la suite, Lanois offre quelques chansons franglaises à saveur louisianaise: les immortelles Marie Claire (qui reçoit une charge d’énergie assez sale) et Jolie Louise (quasi à cappella avec quelques touches à la guitare) viennent réchauffer le cœur des nostalgiques. La version folk-country de Under a Stormy Sky ajoute au sympathique. Tout respire Lafayette.

Emmylou

Après un autre nuage de bruits de génie, l’invitée Emmylou Harris arrive enfin au devant de la scène, guitare acoustique au cou, pour livrer quelques pièces issues de son incontournable album Wrecking Ball, réalisé par Lanois… en 1995! Inutile de dire que la chanteuse américaine de country rock porte quelques traces du passé, bien qu’elle ait toujours cette brillante chevelure blonde qui tire vers le blanchi.

Elle ensorcelle avec sa voix dès le premier morceau May This Be Love (de Jimi Hendrix). Bienheureux et fort silencieux, les spectateurs resteront ainsi à écouter Orphan Girl, Sweet Old World ou encore Blackhawk.

C’est comme une messe.

En finale, les cinq complices interprètent ensemble The Maker (du très respecté album Acadie), sans oublier de s’amuser de nouveau dans un jam génial. L’audience jubile.

Bien que nous entendront trois autres chansons au rappel, dont Wrecking Ball, on avait déjà le cœur bien rempli.

Nous avons déjà hâte au prochain voyage.

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Alejandra Ribera

Festival de Jazz 2014 - 26 juin 2014

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