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De retour en prison, qu'est-ce qui attend les fugitifs d'Orsainville? (VIDÉO)

Des conditions plus strictes pour les évadés d'Orsainville (VIDÉO)
Agence QMI

Les trois hommes qui se sont évadés du Centre de détention de Québec, Serge Pomerleau, Denis Lefebvre et Yves Denis sont de retour en prison. Qu'est-ce qui les attend maintenant, et où en est l'enquête sur leur évasion? Quatre questions, quatre réponses.

Un texte de Lili Boisvert

1. Pourquoi les trois évadés ont-ils été renvoyés à Orsainville, l'endroit d'où ils se sont évadés?

C'est pour des raisons surtout techniques, explique Stéphane Berthomet, spécialiste en Affaires policières. C'est que les trois hommes doivent subir leur procès pour trafic de stupéfiants à Québec. Leur procès est d'ailleurs déjà en cours puisqu'il a continué de se poursuivre en leur absence. Si on avait gardé les prisonniers à Montréal, où ils ont été arrêtés, il aurait fallu leur faire faire des allers-retours à tous les jours entre les deux villes.

De plus, il n'y a pas d'autres centres de détention près du palais de justice de Québec qui pourrait les accueillir.

M. Berthomet reconnaît que cette situation est étrange. « Ils se sont évadés de là. On ne sait pas dans quelles conditions ils se sont évadés, mais on les y remet, note-t-il. On les remet dans un système qu'on sait qui a été dysfonctionnel ».

Pour expliquer les risques que représente le fait de renvoyer les évadés à Orsainville, M. Berthomet évoque le scénario suivant : « prenons pour hypothèse qu'une personne, en interne, ait collaboré avec eux pour leur évasion… Ils vont retrouver cette personne-là. Ils pourront alors faire passer de l'information, peut-être, par cette personne-là. »

2. Qu'est-ce qui va changer dans les conditions de détentions des trois fugitifs?

Au procès, lundi, le juge Louis Dionne a indiqué qu'il n'était désormais plus permis à Serge Pomerleau (l'un des accusés) d'avoir accès à un ordinateur portable pour mieux préparer sa défense.

Les sorties en groupes dans les cours intérieures de la prison sont aussi révoquées pour les trois hommes.

« C'est certain qu'à partir d'aujourd'hui, ils ne doivent plus avoir de contacts et on doit tout faire pour s'assurer qu'il y ait le moins de liens entre eux d'ici la fin du procès », dit Stéphane Berthomet.

Mais c'est très difficile à appliquer, observe-t-il, « parce qu'une prison, c'est une petite ville en soi. Même si les gens ne sont pas dans les mêmes ailes ou dans les mêmes bâtiments, ils peuvent faire passer des messages par des gens ».

L'avocat criminaliste Jean-Pierre Rancourt, lui, croit qu'il est possible d'éviter les contacts entre les trois hommes, même s'ils sont dans la même prison, en s'assurant qu'ils restent dans leur cellule toute la journée, que la sécurité lorsqu'ils doivent sortir pour prendre leur douche, par exemple, soit renforcée, et qu'ils n'aient pas de contacts avec d'autres détenus.

3. Est-ce que le fait qu'ils se soient évadés aura un impact sur leurs procès?

Les trois individus ont été accusés lundi matin de bris de prison et d'évasion. Dans le cas du bris de prison, l'emprisonnement maximal est de 10 ans et pour évasion, il est de 2 ans. Comparativement aux autres accusations de meurtre et de trafic de stupéfiants dont ils font déjà l'objet, ces nouvelles accusations ne sont pas très importantes, note Me Rancourt.

En outre, l'évasion ne sera pas abordée dans le procès actuel pour trafic de stupéfiants et un autre procès, distinct, devra être tenu.

L'évasion ne représente pas un facteur aggravant pour le procès en cours, dit le criminaliste Conrad Lord. « C'est évidemment une entorse à une défense. La présomption d'innocence sera certainement affectée, dit M. Lord.

« C'est certain que quand les accusés vont se représenter devant les membres du jury, ces gens-là vont avoir en tête qu'ils se sont évadés », estime le criminaliste, ajoutant néanmoins que « ce fait-là ne doit pas être le fait marquant du procès ».

4. Et les complices?

Les enquêteurs de la Sûreté du Québec tentent présentement de reconstruire le fil exact des événements depuis le moment de l'évasion, le 7 juin, jusqu'à l'arrestation d'hier.

Des complices pourraient être arrêtés dans les prochains jours, explique Michel Brunet, porte-parole de la Sûreté du Québec. « Il est clair qu'on a un pilote d'hélicoptère quelque part; on a quelqu'un qui a loué cet appartement-là [dans le Vieux-Port de Montréal]; on a probablement quelqu'un, aussi, qui apportait de la nourriture », dit-il. « Maintenant, il faut retrouver la trace de gens-là ».

M. Brunet ajoute cependant qu'il est possible qu'une seule et même personne ait fait toutes ces choses, ou qu'il s'agisse bien de trois individus distincts. « Il y a peut-être aussi d'autres complices qu'on va découvrir avec l'enquête ».

Les policiers doivent également retrouver l'hélicoptère à bord duquel se sont envolés les trois fugitifs. On sait également que le véhicule saisi hier à l'appartement n'est pas celui que les policiers recherchaient au départ. Ils pourraient donc avoir changé de véhicule. On pense par ailleurs que les hommes n'étaient pas à Montréal tout le temps de leur évasion. Le chemin qu'ils ont suivi reste encore à préciser.

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