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Pétrole et gaz de schiste : plus dommageables qu'on le croyait?

La pollution liée au pétrole et au gaz de schiste est de plus en plus inquiétante, selon l'AQLPA
Radio-Canada

Les données sur la pollution liée à l'extraction par fracturation hydraulique du gaz de schiste et du pétrole sont de plus en plus inquiétantes, révèle un nouveau rapport de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).

Un texte de Normand Grondin

On y révèle notamment que les émanations de méthane - un gaz à effet de serre - sont de 100 à 1000 fois plus élevées que les estimations précédentes de l'Agence gouvernementale de protection environnementale des États-Unis (EPA).

« Quand on fait de la fracturation hydraulique, on sort du pétrole et du gaz. Aux États-Unis, en 2012, on parle de 56 % des puits forés qui donnaient à la fois du pétrole et du gaz de schiste, et ce gaz est à 90 % composé de méthane », explique Sophie-Anne Legendre, analyste et coauteure du rapport.

Alain Brunel, directeur climat-énergie de l'AQLPA, ajoute que depuis un an beaucoup de nouvelles données scientifiques concernant cette forme d'énergie sont produites. Par exemple, les nouvelles valeurs du potentiel de réchauffement du méthane établies par les experts du climat, qui ont été révisées par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), sont passées de 25 fois (chiffre de référence scientifique précédent) à 36 fois celui du CO2 sur un horizon de 100 ans, et de 75 fois à 87 fois sur un horizon de 20 ans.

« Au Québec, on utilise toujours une valeur de potentiel de réchauffement du méthane qui date de 1995 et qui n'a jamais été mise à jour. Par conséquent, dit M. Brunel, on sous-estime également la contribution réelle de l'exploitation éventuelle du pétrole de schiste ou du gaz de schiste aux émissions québécoises de gaz à effet de serre. »

Il est également question de rentabilité de l'exploitation du gaz et du pétrole de schiste. « Pour qu'une exploitation soit rentable, précise Sophie-Anne Legendre, on comprend maintenant qu'on doit avoir des volumes très importants. » À titre d'exemple, les 9000 puits en exploitation au Dakota du Nord ne suffisent pas à assurer la rentabilité des opérations. Pour y arriver, il faudrait en exploiter entre 30 000 et 40 000. « Déjà, dans l'état actuel des choses, les 9000 puits produisent 27 tonnes de déchets de forage par jour à gérer, donc ce n'est pas viable. »

« La fièvre de l'or noir frappe à peu près tout le monde », croit le président de l'AQLPA, André Bélisle. « Mais si on remet ça dans un contexte de réchauffement planétaire, on a le choix entre chauffer le poêle davantage, donc d'augmenter les dommages et de verrouiller l'économie du Québec pour des décennies dans un scénario de combustibles fossiles, ou de prendre résolument la voie verte et de réduire les impacts des dommages actuels. »

L'AQLPA, qui suit le dossier du gaz de schiste depuis 2009, participera mercredi aux séances du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) sur le gaz et le pétrole de schiste. Le BAPE doit remettre son rapport sur cette question en novembre 2014. D'ici là, le moratoire est maintenu sur l'exploitation et l'exploration du gaz de schiste au Québec.

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