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« Fontarabie » aux Francofolies : pénombre printanière (PHOTOS)

« Fontarabie » aux Francos : pénombre printanière (PHOTOS)
David Kirouac

Le chanteur de Malajube Julien Mineau était au Théâtre Maisonneuve de la Place des arts, dimanche soir, afin de présenter les morceaux de son nouveau projet solo intitulé Fontarabie. Le trentenaire a mis le paquet pour ce premier concert présenté dans le cadre des FrancoFolies de Montréal. Une belle folie pour l’organisation du festival et un beau trip pour Mineau et sa bande.

Bien que la musique rock de son groupe (en hiatus) se soit transformée pour prendre une forme beaucoup plus atmosphérique et orchestrale, l’essence de Mineau teinte partout le grand tableau. En fait, c’est comme un opéra rock dans un film de Tim Burton. On croirait que monsieur Jack s’est monté un show pour brasser la cage des Francos.

Pays perdu

Dès la levée de rideau, on est absorbé par l’introduction de l’instrumentale Morula (dans l’ordre, l’album sera joué dans son intégralité). L’orchestration intrigante et ténébreuse attrape comme un bon polar bien noir. Au centre de la scène, Julien Mineau tient sa guitare électrique, qu’il ne délaissera pas de la soirée.

Autour de lui, une quinzaine de musiciens disposés en demi-lune sont affairés à leur instrument. Parmi eux, Benoît Rocheleau (vibraphone), Julie Fontaine (flûte), Ryan Battistuzzi (guitare), Patrick Sayers (batterie), Renaud Gratton (trombone), Thomas Augustin (célesta), Guillaume Bourque (clarinette), sa compagne Virginie Parr (synthétiseur), Frédéric Lambert (violon alto, il s’occupait aussi du Quatuor Molinari et du reste de l’orchestre), pour ne nommer que ceux-ci.

La voix éthérée que l’on retrouve sur l’album habite bien entendu la prestation sur scène. Elle a ce joli timbre aigu si particulier que l’on a toujours associé à Julien Mineau. Parfois, on souhaiterait que le chanteur ait davantage de coffre, afin que sa voix puisse voyager mieux dans la salle. Ou qu’elle arrive à s’extirper de cette touffue orchestration. Mais bon, rien de dramatique. Les paroles, que l’on a parfois de la difficulté à saisir, deviennent quasiment accessoires tellement les arrangements prennent pratiquement toute la place.

Ni tout à fait sombre, ni tout à fait romantique, on a l’impression d’assister à une belle et étrange cérémonie tenue dans une cathédrale hantée d’un pays perdu. Édifice agrémenté par le superbe travail de Mathieu Roy à l’éclairage.

Malgré le ciel gris et les ombres inquiétantes que l’on sent presque envahir le théâtre Maisonneuve, on peut dire que l’assemblée est accueillante. Ces ambiances glauques bercent le corps. Plus encore, elles font planer.

Musique lugubre et tourmentée, certes, mais inspirante. À la limite du cool apocalyptique (à ce chapitre, nous avons adoré la Chanson sans nom, offerte au rappel, avec son post-rock digne d’une télésérie d’Hannibal ou encore d’un Psycho II). Bref, une proposition scénique fort originale qui se démarque des autres spectacles proposés dans la programmation des FrancoFolies.

Expérimentation

Rappelons que ce concert unique émerge du projet Fontarabie, projet solo de Julien Mineau. Un album paru à la mi-avril qui résultait d’un processus créatif très expérimental. La liberté totale étant le leitmotiv. Mineau puis ses collaborateurs ont utilisé une panoplie d’instruments à cordes, cuivres et bois pour produire quatorze morceaux aux ambiances luxuriantes. Sur scène, on a fait que magnifier l’esprit du disque.

Dans ce monde fabulé par les peurs et les angoisses, le musicien-chanteur s’est fait gravement plaisir. Et du même coup, il a semblé ravir le millier et plus de personnes (public assez jeune) venues plonger dans son mystérieux monde de génie torturé.

Audacieux et prenant.

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Francofolies 2014 - 15 juin 2014

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