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Journée mondiale de l'océan: comment protéger les océans grâce au surf

5 moyens de protéger l'océan grâce au surf
Quincy Dein via Getty Images

En ce 8 juin, Journée mondiale de l'océan, les regards se tournent vers ces étendues d'eau qui sont les poumons de notre planète. Peut-être surtout ceux des surfeurs. Car qui mieux qu'eux incarne une certaine harmonie avec l'océan? Dépendants de la houle, du vent, des fonds marins, amoureux de l'eau et des plages, qu'elles soient de sable fin ou de galets, les surfeurs ont un rapport privilégié avec les océans.

Et parce que leur sport, souvent une passion, dépend de leur environnement, ils sont connus pour leur militantisme en faveur de la défense des côtes, des fonds marins, des plages. Bien sûr, c'est toujours plus compliqué que ça. Parfois, les surfeurs font face à des dilemmes, à commencer par le choix de leur matériel, qui est bien loin d'être éco-friendly. Mais de façon générale, parce qu'ils sont les premiers à se jeter à l'eau, ils sont sensibles à la défense et à la protection du milieu dans lequel ils évoluent.

Voici quelques raisons pour lesquelles le surf va de pair avec une protection des océans.

1. Apprendre à surfer ET à se soucier des océans

Commençons par le commencement. Lorsqu'on prend des cours de surf, il y a de très fortes chances - pour ne pas dire que c'est certain - qu'on soit sensibilisé au respect de l'environnement, et plus particulièrement des océans, avant même d'apprendre à se lever sur sa planche.

Il suffit de jeter un œil aux différentes chartes des écoles de surf pour en être assuré. Dans son projet pédagogique, l'école Biarritz Surf Training propose parmi ses objectifs de "découvrir l’environnement naturel océanique" et de "sensibiliser à la protection de l’environnement".

Pour l'Ecole de surf d'Anglet, "On ne peut pas prétendre faire découvrir le surf sans lui associer les dimensions esthétiques, écologiques, sociales propres à la culture surf, ainsi que les notions de liberté, d’autonomie, de respect de l’autre et de l’environnement."

Plus généralement, toutes les écoles qui font partie de la Fédération Française de Surf doivent respecter un "comportement d'éco-citoyen responsable", qui est valable avant, pendant, et après les sessions de surf. Le respect de l'environnement se veut dans l'ADN même de la fédération.

2. Agir pour la planète et contre des projets aberrants

Si tout se passe bien et que vous devenez accro au surf, vous allez peut-être vous engager pour certaines causes, car la dernière chose dont vous aurez envie, c'est de voir votre spot préféré massacré par la pollution ou par des projets qui n'ont rien d'écolo.

Il existe tout un tas d'associations ou d'organisations à but non lucratif dans le milieu du surf. En France, la plus connue d'entre elles est très certainement la Surfrider Foundation. Elle a été créée en Europe en 1990 par un groupe de surfeurs parmi lesquels le grand Tom Curren, triple champion du monde de surf. Ses combats sont les suivants:

  • La qualité des eaux de baignade/zones d’activités nautiques et la santé des usagers
  • Les macro-déchets sur les plages et en mer (déchets issus de l’activité humaine, flottant en surface ou immergés, transportés par les courants marins ou par les
  • fleuves jusqu’au littoral)

  • Les pollutions générées par le transport maritime (priorité contre les hydrocarbures: dégazages, marées noires…)
  • L’artificialisation du littoral européen et le changement climatique
  • Le patrimoine littoral

Avec leurs Initiatives océanes et notamment les fameux nettoyages des plages (souvenez-vous des marées noires), ils ont ramassé, entre 2009 et 2011, plus de 100.000 mètres cube de déchets. En 2012, ils avaient par exemple organisé un nettoyage de plage en Charente-Maritime:

Parmi les luttes des surfeurs revient souvent celle de la protection des barrières de corail. Et parfois, même les marques s'y mettent. En 2011 par exemple, Rip Curl, en partenariat avec WWF, a investi dans un projet d'installation de mouillages écologiques, destinés à protéger les fonds marins sur les spots de surf, en Nouvelle-Calédonie.

3. Nos actions sont meilleures lorsqu'on expérimente les problèmes

"Si plus de gens surfaient et adoptaient un mode de vie pro-environnement, tous les problèmes environnementaux seraient réglés. Est-ce que j'exagère? Je ne crois pas." C'est la conclusion d'un article publié sur le site The Inertia, de Takeshi Takama, qui a écrit une thèse sur l'environnement à l'université d'Oxford, travaille pour le Stockholm Environment Institute et qui, accessoirement, surfe.

Dans cet article, il veut montrer à quel point il est crucial "d'expérimenter les enjeux environnementaux" pour agir.

"Si vous êtes un surfeur, vous vivez au rythme de l'océan et du temps. Cela vous rend sensible aux changements de l'environnement et passionné par tous ces enjeux [...], explique-t-il. C'est essentiel de ressentir et d'expérimenter les enjeux environnementaux et d'agir en fonction dans la vraie vie. En ce sens, le surf nous fournit de très riches expériences."

Il se souvient par exemple de cette saison 2008 en Indonésie, censée être sèche, mais où il a plu bien plus que d'habitude, et caractérisée par une augmentation de la température de l'eau en surface. En surfant tous les jours à Bali, il a pu directement expérimenter ce changement de température, ainsi que toutes ces averses étranges. Il trouve cela important, en tant que chercheur, non seulement de savoir, mais aussi de connaître les problèmes.

"Pourquoi aimons-nous surfer?, se demande-t-il. La houle vient de l'océan et soulève un mur d'eau ou un tunnel au moment même où il le dissipe, et nous aimons le rider. Cependant, si l'eau de mer est sale, et la plage pleine de déchets, nous ne nous sentons pas aussi rafraîchis, et nous n'apprécions plus autant être dans l'eau."

4. Prendre ses responsabilités

C'est d'autant plus important pour les surfeurs que le surf n'est pas toujours une pratique éco-friendly.

  • rouler pendant des heures pour trouver la vague parfaite n'est pas exactement sans impact écologique
  • les planches sont souvent fabriquées avec des matériaux nocifs (résine, fibre de verre...)
  • et les combinaisons, chaussons, gants et cagoules sont des produits dérivés du pétrole et ne sont pas recyclables
  • la wax (la cire que l'on met sur sa planche pour y adhérer) est constituée de produits issus de la pétrochimie, et de paraffine obtenue grâce à du pétrole brut
  • la crème solaire est indispensable pour la peau, mais moins pour les fonds marins (le corail), qui se retrouvent dégradés par le produit

Heureusement, il existe des alternatives:

  • certaines marques produisent des planches éco-friendly: NOTOX, Ecomoana...
  • des combinaisons sont dans le juste milieu: 40% de néoprène et 60% de Yulex, un caoutchouc fabriqué avec des plantes
  • la wax peut être composée d'ingrédients naturels, comme en témoigne la production française GreenFix
  • La wax aussi pourrait devenir un produit entièrement vert et écolo.
  • la crème solaire EOVA est 100% naturelle et souvent présentée lors de compétitions de surf

Si ces évolutions concernent des faits qui sont bien souvent indépendants des surfeurs, on ne peut que constater à quel point il est important pour eux de faire preuve de responsabilité.

5. Le surf au patrimoine de l'Unesco?

Et enfin, last but not least, il existe des réserves mondiales de surf. En février 2011, deux spots - Santa Cruz en Californie du Nord et Ericeira au Portugal (voir photo ci-dessous) - sont entrées dans la catégorie des endroits du monde qui seront protégés quoi qu'il arrive, rejoignant la plage de Malibu, qui était la première. Ces décisions sont prises par l'organisation Save the Waves.

Les spots sont choisis selon quatre critères, explique le site SurfSession: "la qualité des vagues, l’importance de la culture surf sur la zone, les caractéristiques environnementales et le soutien communautaire". La préservation de leurs vagues est une question qui alimente de nombreuses discussions dans le monde du surf.

A tel point qu'une idée un peu folle amorcée en 2010 pourrait bien voir le jour: ajouter le surf au patrimoine de l'Unesco. Car oui, même ce qui est immatériel peut entrer au patrimoine. C'est le cas, notamment, de rites et de pratiques culturelles ou religieuses. Le souhait de Surfrider Foundation est en effet de ne pas dissocier le littoral des vagues qui y déferlent, et de reconnaître toute la pratique du surf. Ce serait plus simple que d'inscrire tous les sites dans le Patrimoine Naturel Mondial.

Au-delà du Patrimoine Mondial Marin qui existe déjà, pour ce patrimoine de surf, l'existence d'une vague exceptionnelle pourrait suffire. Les vagues déferlant aux quatre coins du monde, une telle initiative et ses impacts sur la protection de l'environnement, et des océans en particulier, ne peut que faire rêver.

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