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Tuerie du musée juif de Bruxelles : Mehdi Nemmouche, un Français soupçonné d'être le tireur, arrêté à Marseille

Un Français arrêté pour la tuerie du musée juif de Bruxelles
AFP

Un homme soupçonné d'avoir tué quatre personnes au Musée juif de Bruxelles le 24 mai a été arrêté vendredi 30 mai à Marseille, a appris dimanche l'AFP de sources proches de l'enquête et judiciaire. Il portait une Kalachnikov et un revolver du type de ceux utilisés dans la capitale belge.

Mehdi Nemmouche, Français de 29 ans originaire de Roubaix (Nord) mais qui se dit sans domicile fixe, est soupçonné, selon une source proche de l'enquête, d'avoir été en Syrie en 2013 auprès de jihadistes. Il était fiché d'ailleurs par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a dit cette source.

Des soupçons confirmés un peu plus tard dans la journée après la conférence de presse donnée par le procureur de la République de Paris François Molins. Ce dernier a affirmé que le suspect a passé "plus d'une année en Syrie" avant de "brouiller les pistes". Le procureur a précisé que Mehdi Nemmouche s'était radicalisé lors de ses séjours successifs en prison.

L'homme, condamné à sept reprises et incarcéré cinq fois, notamment à Lille et à Toulon, "s'était illustré par son prosélytisme extrémiste et l'appel à la prière collective en promenade", a précisé François Molins.

Les enquêteurs ont par ailleurs retrouvé dans l'appareil photo de Mehdi Nemmouche une courte vidéo évoquant l'attentat et montrant les armes censées avoir été utilisées, a annoncé François Molins. L'homme avait également dans ses bagages un "drap" portant une inscription en arabe au nom de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), groupe jihadiste actif notamment en Syrie.

Parallèlement à cette conférence de presse, en Belgique, le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw a annoncé que deux personnes ont été interpellées dimanche en Belgique dans le cadre de la même enquête. "Une intervention a été menée dimanche matin dans la région de Courtrai et deux personnes sont actuellement entendues par la police", a indiqué le magistrat.

"Ces personne ne sont pas arrêtées", a-t-il insisté. "Nous voulons voir si ces personnes sont impliquées ou pas", a expliqué le magistrat.

Une photo de Mehdi Nemmouche a été diffusée dimanche dans la matinée :

Le suspect a été arrêté à la gare routière Saint-Charles à Marseille par les douaniers, alors qu'il se trouvait dans un autocar en provenance d'Amsterdam via Bruxelles.

Remis vendredi aux agents de la DGSI, il a été placé en garde à vue notamment pour assassinat et tentative d'assassinat en lien avec une entreprise terroriste. Sa garde à vue a commencé vendredi à la mi-journée et peut durer 96 heures (jusqu'à mardi), voire 144 heures (jeudi), si les enquêteurs invoquent une menace terroriste imminente.

Mais depuis le début de sa garde à vue vendredi à la mi-journée, Mehdi Nemmouche "ne dit rien", "il a globalement gardé le silence", a confié une source proche de l'enquête

Un contrôle fortuit

François Hollande a affirmé dimanche que le suspect avait été arrêté "dès qu'il a mis le premier pied en France", soulignant l'efficacité des forces de l'ordre. "Celui qui a été arrêté, et nous verrons la suite donnée à l'enquête, a été arrêté dès qu'il a mis le premier pied en France, en l'occurrence à Marseille", a déclaré à la presse le président de la République.

C'est pourtant à l'occasion d'un contrôle fortuit que l'homme aurait été interpellé, indiquent France Info et FTVI dimanche matin.

"Nous les combattrons, nous les combattrons, nous les combattrons", a dit le chef de l'Etat, en marge d'un déplacement à Trévières dans le Calvados, au sujet des jihadistes qui rentrent en Europe après avoir combattu en Syrie. "Tout le gouvernement est mobilisé pour suivre les jihadistes et éviter qu'ils puissent nuire", "notamment lorsqu'ils reviennent en France ou en Europe", a-t-il affirmé, "c'est une lutte de tous les instants".

Écoutez François Hollande :

Une caméra portative de type GoPro

Selon des sources proches de l'enquête, Mehdi Nemmouche était en possession dans ses bagages d'un fusil d'assaut Kalachnikov et d'un revolver avec des munitions. "Des armes du type de celles utilisées le 24 mai a Bruxelles", a dit une de ces sources. Il avait aussi une caméra portative de type GoPro. Parmi ses vêtements, il y avait une casquette semblable à celle que portait le tireur du Musée juif d'après les images diffusées par la police belge.

Les expertises scientifiques sur ses armes et sa caméra commencent à fournir des éléments "probants", a par ailleurs confié une source proche de l'enquête. "La police technique et scientifique de la police judiciaire commence à obtenir des résultats, même s'ils ne seront officiels qu'en début de semaine", a affirmé cette source à l'AFP. Selon elle, "les premiers résultats sur les armes ainsi que les premières exploitations du matériel informatique et des images vidéo en sa possession semblent donner des résultats très probants", a-t-elle expliqué.

Il est en revanche trop tôt pour savoir si le fusil d'assaut Kalachnikov et le revolver retrouvés en possession de Mehdi Nemmouche, un Français de 29 ans, lors de son arrestation vendredi à Marseille sont bien ceux utilisés pour tuer quatre personnes le 24 mai dans la capitale belge, a précisé une autre source.

Les armes lourdes, la caméra, le mode opératoire... Impossible de ne pas penser à Mohamed Merah, qui avait ainsi filmé en mars 2012 à Toulouse et Montauban les meurtres, au nom du jihad, de trois parachutistes puis trois enfants et un enseignant juifs. Le Congrès juif européen avait immédiatement fait un parallèle entre l'affaire Merah et la fusillade de Bruxelles, qualifiée d'attaque antisémite par de nombreux responsables internationaux.

La tuerie du Musée juif de Bruxelles a fait quatre morts, un couple d'Israéliens, une bénévole française et un employé belge, abattus en plein après-midi par un tueur. La justice belge a retenu dès lundi la piste terroriste. Après cette fusillade qui a suscité une grande émotion au-delà de la Belgique, les autorités belges ont lancé un appel à la population. Elles ont diffusé des extraits de vidéosurveillance montrant un homme s'approcher du musée, y entrer, tirer à plusieurs reprises avec une Kalachnikov, le tout en moins de deux minutes.

Sa famille "très choquée"

La famille de Mehdi Nemmouche s'est dite dimanche "très choquée", après avoir appris la nouvelle "par la télévision". "On est très choqués. On n'est pas bien et on ne s'y attendait pas", a déclaré à la presse une tante de Mehdi Nemmouche, devant la maison d'un quartier résidentiel de Tourcoing (Nord), où l'homme de 29 ans a vécu quelque temps.

"On l'a appris ce matin aux infos", a-t-elle ajouté, décrivant son neveu, placé peu après sa naissance avant d'être hébergé par sa grand-mère à l'âge de 17 ans, comme "quelqu'un de gentil, d'intelligent, scolarisé, qui avait fait une année d'université", mais aussi "très discret" et qui "ne se confiait pas facilement".

La famille n'a "plus eu de contact avec lui" à partir du milieu des années 2000, alors qu'il était en détention. "Apparemment, il était dans une prison dans le sud. Nous, on ne savait plus rien. Il ne voulait pas donner de ses nouvelles, il ne voulait pas nous causer de problèmes", a expliqué un autre membre de sa famille, qui a requis l'anonymat.

A sa sortie de prison, fin 2012, la famille a "eu la surprise de le revoir. Il est venu faire un petit bonjour, pour nous rassurer, puis on ne l'a plus jamais revu", a témoigné sa tante. "Il ne fréquentait pas la mosquée, il ne parlait pas de religion (...). C'est forcément en prison" qu'il a pu se radicaliser, a-t-elle assuré.

Le jeune homme était tombé à l'adolescence "dans la petite délinquance", mais son arrestation dans le cadre de l'enquête sur la tuerie du musée juif de Bruxelles, un "acte horrible, odieux", constitue "un fossé", a estimé l'un des membres de sa famille.

(suite de l'article sous le diaporama)

Tuerie du musée juif de Bruxelles

Tuerie du musée juif de Bruxelles

Le "profil jihadiste" de Mehdi Nemmouche, tel que décrit par deux sources proches du dossier, risque de relancer la polémique sur la surveillance des Français qui partent combattre en Syrie. Paris a présenté en avril un plan pour endiguer ce phénomène qui inquiète les services de renseignement justement en raison des risques de passage à l'acte des jihadistes de retour en Europe.

Selon une source proche du dossier, quelque 780 personnes vivant en France sont en route vers la Syrie, ont rallié ce pays en guerre ou en sont revenues. La Belgique se bat aussi contre les filières jihadistes, estimant à environ 200 ses ressortissants partis en Syrie pour combattre, souvent aux côtés des Français.

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