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Lac-Mégantic : des résidents de la zone rouge craignent l'expropriation

Lac-Mégantic : des résidents craignent de ne plus revenir chez eux
Patrick Dehaene/SRC

Avec la divulgation hier par Radio-Canada du plan de reconstruction de la zone rouge, centre de la tragédie du 6 juillet dernier à Lac-Mégantic, des résidents et des propriétaires de ce secteur craignent de ne plus jamais pouvoir retourner chez eux ou de subir des pertes énormes. Il s'agit de propriétaires dont les immeubles ne sont pas contaminés. Selon nos informations, seulement quelques-uns des bâtiments sur 39 dans ce secteur sont contaminés.

Un texte de Denis-Martin Chabot

Ces jours-ci, Hélène Rodrigue se contente d'observer sa maison à travers une clôture. Rachetée il y a cinq ans, la maison familiale qu'elle a rénovée au coût de 60 000 $ est située en plein dans la zone rouge, le centre de la tragédie du 6 juillet. Elle en parle avec émotion.

« On a été élevés là. C'est une maison pleine de souvenirs. On était une famille heureuse et unie, on était bien dans cette maison-là. »

— Hélène Rodrigue, résidente sinistrée

Les évaluations environnementales démontrent que sa maison n'est pas contaminée par le pétrole qui s'est déversé. Elle peut donc rêver y retourner vivre, d'ici l'an prochain. On lui a dit que ça pourrait arriver en décembre de cette année ou en janvier 2015. Mais elle a entendu parler de juin 2015, pratiquement deux ans après la tragédie.

Or, en mars, elle a reçu une lettre signée par la mairesse Colette Roy-Laroche l'invitant à rencontrer un représentant indépendant en vue du rachat de sa maison. Elle apprend alors que sa maison a été évaluée en son absence à un prix qu'elle estime inacceptable.

« J'ai reçu une lettre de Mme Roy-Laroche qui me disait que j'allais être convoquée à un rendez-vous pour le rachat de ma maison, à ma grande surprise, car jamais je n'ai parlé de vendre, encore moins de faire racheter ma demeure », dit-elle.

Line Champagne est copropriétaire de l'édifice qui abritait la succursale de la Société des alcools du Québec (SAQ) depuis 10 ans. La SAQ vient de la larguer pour s'installer dans l'édifice qui abritera l'épicerie Métro, dont la construction a été annoncée en grande pompe il y a deux semaines.

« Cela représente ma retraite, c'est là-dessus que je me fiais pour prendre une retraite avec le loyer pour vivre. Pour le reste, [je le léguerais] en héritage à mes enfants, car c'est ce qu'on a réussi à ramasser. »

Mme Champagne dit qu'elle a également été approchée pour vendre sa propriété pour 445 000 $, soit moins que son évaluation foncière de 515 000 $ et de l'évaluation de septembre 2013 de 669 000 $.

Les deux femmes se sentent sous pression pour vendre.

« Quand j'ai rencontré le ministre de l'Environnement en décembre, il m'a dit que la rue Principale serait décontaminée et que de la terre propre serait ajoutée pour rebâtir. Alors j'ai dit à Mme la mairesse, Colette Roy-Laroche, pourquoi rebâtir, si moi je dois partir? Elle m'a dit résidentiel, ça veut dire bien des choses, pas nécessairement des maisons. Alors je ne sais pas ce qu'ils veulent faire. »

— Line Champagne, résidente sinistrée

Rejointe à Gatineau, où elle participait aux assises de l'Union des municipalités du Québec, la mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche, dit que rien n'est écarté pour le moment, car aucune décision n'a été prise quant à la reconstruction de la zone rouge. Elle promet que les citoyens seront consultés avant qu'un plan de développement soit entériné.

« Est-ce qu'il restera quelques blocs d'appartements, ici et là sur un grand territoire incendié ou démoli? Bien, il faudra voir. Je pense qu'il est trop tôt encore... »

— Colette Roy Laroche, mairesse de Lac-Mégantic

Or, Hélène Rodrigue est claire : elle ne partira pas. Mais elle n'aura peut-être pas le choix, Lac-Mégantic pourrait se prévaloir de la Loi sur l'expropriation.

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